Fréquentation en hausse des sites pornographiques par les mineurs
Ils sont de plus en plus de mineurs à fréquenter les sites pornographiques, un tiers d’entre eux étant exposé au moins une fois par mois à ces contenus et plus de la moitié des garçons y passant en moyenne 1 heure par mois. La dernière étude de l’Arcom révèle des habitudes un peu préoccupantes chez les moins de 18 ans.
Plus de 2,3 millions de mineurs consultent chaque mois des vidéos sur les sites pornographiques. Ce chiffre a été publié le 25 mai par l’Arcom, qui avait commandé une étude à Médiamétrie sur la fréquentation des sites pornographiques par les plus jeunes. Et les autres données de l’étude (qui a porté sur une liste de sites et applications à destination des adultes comportant principalement des sites à caractère pornographique et sur un échantillon de 25 000 personnes) sont plutôt préoccupantes.
Pas question de se poser en moralisateurs, mais on peut légitimement s’étonner, alors la loi de 2020 impose un contrôle d’âge des internautes, qu’en 2022, 30 % des internautes mineurs aient été exposés au moins une fois par mois à des contenus pornographiques et qu’ils étaient quasiment aussi nombreux que les majeurs (37 %). Au quotidien, ils étaient 500 000 mineurs à consulter des sites pornographiques, soit 8 % d’entre eux. Selon cette même étude, les mineurs représenteraient ainsi 12 % de l’audience des sites « adultes », proportion qui peut même être plus élevée sur les sites les plus « visités ». Et plus de la moitié des garçons (déjà proportionnellement 2,5 fois plus nombreux que les filles à consulter des sites à caractère pornographique) se rendent sur un site pornographique pour y passer en moyenne 1 heure par mois.
« Confusion entre sexualité et violence »
Le HCE (Haut Conseil à l’Égalité) s’est alarmé de cette situation en relevant dans cette étude que, « plus grave encore : la part des mineurs fréquentant ces sites a considérablement augmenté en 5 ans, passant de 19 % en 2017 à 28 % en 2022 ». pour le HCE, ce pourcentage de plus en plus élevé « n’est pas sans conséquences. Non seulement, cela alimente la misogynie et la confusion entre sexualité et violence ; mais chez les plus jeunes, la confrontation à ces séquences extrêmement violentes est particulièrement traumatique, qualifiable de véritable « viol psychique » », citant là les termes employés par une clinicienne, Maria Hernandez, qui avait été auditionnée par le Sénat sur ce sujet pour l’élaboration d’un rapport, analysant ces pratiques afin de pouvoir trouver des moyens d’agir sur celles-ci, rapport publié en septembre 2022.
Le HCE rappelle également que sur les sites pornographiques, à portée de téléphone (le mobile est d’ailleurs le terminal le plus utilisé, quel que soit l’âge et, pour les 3/4 des mineurs, le terminal exclusif), « prolifèrent des millions de vidéos misogynes, racistes, pédocriminelles, qui montrent des actes de violences physiques et sexuelles non simulées contre les femmes et les filles ». Sites sur lesquels les mots clés les plus recherchés sont notamment « teen », « school girl », « daddy », « fantasme familial », « défoncer », « étranglement » ou encore « torture ».
L’Arcom, qui est chargée de faire respecter l’interdiction de l’accès des mineurs aux sites pornographiques, a déjà mis en demeure dix sites pornographiques de mettre en œuvre des mesures concrètes afin d’empêcher l’accès des mineurs à leurs contenus.