Slash – Bon Jovi – Billie Eilish
Slash – Orgy of The Damned
Slash ne s’est jamais vraiment reposé sur ses lauriers. Déjà dans les glorieuses années 1990, alors qu’il faisait partie des Guns N’ Roses, le guitariste avait, avec le Snake Pit, prouvé qu’il pouvait aussi évoluer en solo, ou en tout cas en dehors de son groupe. Aujourd’hui, Slash revient aux fondamentaux, à savoir le blues pur et dur, toujours très bien entouré. Sur le même mode que son précédent opus solo, avec au moins un invité prestigieux par morceau, le gratteux au haut de forme déroule une set-list impressionnante de titres blues plus ou moins connus et plus ou moins anciens. En résulte un disque respectueux des codes, plein de feeling et d’émotion, avec de pures parties de guitare, remarquablement exécutées par Slash lui-même. Fort de la présence de Brian Johnson d’AC/DC, de Steven Tyler d’Aerosmith, de Demi Lovato, d’Iggy Pop, de Chris Stapleton, de Billy F. Gibbons de ZZ Top ou encore de Beth Hart et de Gary Clark Jr., Slash paye son tribut aux artistes qui, enfant, lui ont donné envie d’apprendre la guitare. Enregistré en à peine une semaine, pendant une pause de la tournée des Guns N’ Roses, Orgy of The Damned est ainsi fortement recommandable. Non seulement pour profiter de la verve intacte d’un virtuose ici particulièrement inspiré et véloce mais aussi pour (re)découvrir des morceaux franchement indispensables du répertoire blues américain.
Bon Jovi – Forever
Et de 16 pour le groupe phare du New Jersey, toujours emmené par le sémillant Jon Bon Jovi, qui désormais, est presque plus célèbre auprès des jeunes pour être le beau-père de Millie Bobby Brown. Pourtant, à une époque, Bon Jovi était un géant de ce que l’on a longtemps appelé le rock des stades. Authentique machine à tubes, Bon Jovi a, en son temps, contribué à définir le rock and roll des années 1980. Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Si Bon Jovi n’a jamais de mal à fédérer le public durant ses concerts, c’est plus compliqué du côté des albums. Une bonne raison pour accueillir la seizième livraison du combo avec un certain enthousiasme. Premier album enregistré depuis l’opération des cordes vocales subie par Jon Bon Jovi, Forever a, il faut bien le reconnaître, une certaine classe. Marqué par des morceaux très bien produits et très bien écrits, aux refrains redoutables, le disque ne comporte certes pas de hits du calibre de Livin’ in a Prayer mais lorgne du côté des Beatles pour un résultat qui se tient. Mieux encore ! Parfois, Bon Jovi retrouve de sa superbe et monte dans les tours, non sans encourager une certaine émotion. Le maître d’?uvre quant à lui, certes un peu diminué au niveau des cordes vocales, ne monte plus trop dans les aigus mais sa voix est là. Et ce qu’il a perdu en force, il sait largement le compenser en sensibilité.
Billie Eilish – Hit Me Hard and Soft
Billie Eilish s’est démarquée dès le début de sa carrière. Pas vraiment fidèle aux codes de la pop acidulée, plutôt rock and roll dans l’esprit, garante d’une fusion inspirée et d’une audace certaine, la jeune américaine a tracé sa propre route au fil de tubes qui ont eux-mêmes prouvé qu’on pouvait encore aujourd’hui tabler sur une certaine originalité sans s’aliéner le public. Avec son troisième effort studio, Billie Eilish enfonce donc le clou et livre une collection de titres immédiatement accrocheurs entre pop, folk, électro vaporeuse et fulgurances au doux parfum vintage. Preuve par 10 que Billie Eilish ne s’interdit rien, Hit Me Hard and Soft illustre l’étendue du talent d’une jeune artiste en pleine construction d’un univers fascinant. Alors que ses influences, parmi lesquelles les incontournables Beatles, lui ont inspiré des compositions pleines de cœur, la star prend certains risques et avance toujours la tête haute, impressionnante de maîtrise quand il s’agit de moduler sa voix au fil de titres complexes mais évidents. Une réussite assurément.