K7 audio : les raisons d’un come back
Elle était petite et on en trouvait de toutes les couleurs. Pour l’écouter en entier, il fallait la retourner à mi-parcours et la rembobiner quand on avait terminé. La K7 audio a fait le bonheur des mélomanes dans les années 80 et 90 jusqu’au jour où le CD l’a rendue obsolète, en même temps que le vinyle. Pourtant aujourd’hui, à l’ère du streaming, après le fulgurant come-back du vinyle, la K7 opère elle aussi son grand retour. Pourquoi ? Comment ? Vivre au Lycée a remonté la filière… C’est en 1989 que la K7 a atteint son apogée. Des millions s’en écoulaient tous les jours dans le monde. On écoutait des K7 dans les walkmans, qu’on pouvait transporter partout, à la maison et dans les voitures. Bon marché, la K7 permettait également, avant Internet, d’enregistrer ses chansons préférées à la radio et tant pis si l’animateur parlait sur l’intro et coupait souvent le morceau avant la fin. Oui, en 1989, la K7, c’était le top ! Puis lentement mais sûrement, le CD a pris sa place. Y compris dans les voitures où les nouveaux autoradios ont finalement intégré un système permettant aux disques de ne plus sauter quand on passait sur un nid de poule. Petit à petit, si les K7 étaient toujours bien pratiques pour s’échanger de la musique sous le manteau dans la cour, les artistes se sont mis à la snober et à ne plus sortir leurs albums sous ce format. Le CD a tout mangé et la K7 est tombée dans l’oubli… Retour en 2020 Mars 2020. La France entame son premier confinement, suivie par de très nombreux pays. Le Covid-19 fait des ravages dans le monde et met au passage l’industrie du divertissement à genou. Le cinéma, le théâtre mais aussi la musique. Les concerts sont tous annulés, les salles ferment leurs portes et tout le monde reste à la maison. Dans l’ombre, la K7 audio se prépare à prendre sa revanche… Si Internet nous a bien rendu service pendant la crise sanitaire, il semblerait qu’une partie de la population mondiale a commencé à éprouver au bout de quelques semaines un sentiment de détachement et d’aliénation vis-à-vis de l’outil numérique. Le désir de revenir à des formats tangibles s’est donc fait ressentir. Et quoi de plus tangible qu’une K7 audio ? Un petit bout de plastique, robuste et pratique qui a subitement comblé un manque. La nostalgie de celles et ceux qui avaient connu la K7 à son époque de gloire a aussi bien sûr joué. Tout le monde aime la K7 Il faut aussi préciser que pendant que beaucoup d’artistes, connus et moins connus, pestaient contre les géants du streaming afin de condamner leur politique très peu rémunératrice, d’autres prenaient les devants. Des combos punk notamment qui se sont depuis longtemps mis à proposer des K7 en lieu et place des CD. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’enregistrer une K7 est moins cher et plus facile. Et en plus, on peut vendre les K7 et engranger de l’argent. Ce qui est beaucoup plus compliqué sur une plate-forme comme Spotify, où chaque écoute est rémunérée 0,001 $ (pour l’auteur de la chanson). Un chiffre qui chute encore plus bas si l’auditeur n’est pas abonné au service premium. Ainsi, même en vendant ses cassettes 5 € pièce à la fin de chaque concert, un petit groupe est toujours assuré de pouvoir engranger un peu d’argent. Et, même les stars se (re)mettent à la K7. En 2020, galvanisées par cette « nouvelle » mode, Dua Lipa et Lady Gaga, pour ne citer qu’elles, ont sorti de la musique sous ce format autrefois jugé ringard. À la recherche de la K7 perdue Malgré tout, si la K7 reste en effet attachante, le regain d’intérêt dont elle fait l’objet reste pour le moins mystérieux. Le CD, lui, n’a pas du tout profité de la crise sanitaire… Pourtant, le son est bien meilleur sur un CD. Car le son, il convient d’en parler deux minutes. Quand le vinyle est revenu en force, personne n’a trouvé cela illogique. Après tout, c’est bien connu, le son du vinyle a quelque chose de vraiment particulier. Le son d’une K7 lui, n’a rien de remarquable. Même quand elle est neuve et que la bande n’est pas abîmée, une K7 ne propose pas une expérience sonore dingue. Il en va de même du packaging qui ne permet pas de rendre justice au travail des graphistes (ne serait-ce qu’à cause du format rectangulaire du boîtier). Mais cela ne semble pas avoir d’importance auprès de ceux qui se refont une collection. La K7 a bel et bien réussi à se payer une place au soleil. Et si tout avait (re)commencé en 2014 avec Les Gardiens de la Galaxie ? Vous savez, ce film Marvel où le héros ne sort jamais sans son walkman ? Et si la VHS était la prochaine sur la liste ? On prend les paris ? Prêts à rembobiner ? Gilles Rolland