MIA Seconde : la solution IA déployée en France pour les élèves de Seconde

La fin de l’année 2023 a vu Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation nationale, annoncer que MIA Seconde, le système développé par l’entreprise EvidenceB allait être disponible pour tous les élèves de seconde, en français et en maths.

Alors que nous avions déjà pu nous entretenir avec Thierry de Vulpillières, le fondateur d’EvidenceB en avril 2023, l’annonce du gouvernement nous a encouragé à lui poser de nouvelles questions pour mieux comprendre MIA Seconde et toutes ses implications…

Gabriel Attal a annoncé l’arrivée de MIA Seconde, une IA que vous avez conçue sous la forme d’une application pour accompagner les élèves en français et en maths. Pouvez-vous nous en parler ?

L’annonce du ministre a été faite en réaction aux tests PISA, qui ont mis en évidence un niveau qui ne cesse de baisser. En maths tout particulièrement. La DEPP a aussi effectué un test de positionnement auprès des élèves qui entraient en seconde, en maths et en français. Ces tests ont permis de remarquer qu’un gros quart des élèves était déjà en difficulté. Fort de ces résultats, au printemps 2022, le ministère de l’Éducation nationale a lancé un marché pour la remédiation en seconde. Le tout dans le but de trouver une ressource innovante qui puisse essayer d’aider les élèves qui décrochent ou qui ont des lacunes en début de seconde. Tous les éditeurs ont répondu et EvidenceB est arrivé dans les phases finales.

Nous avons travaillé pendant un an à partir de septembre 2022. Nous avons développé MIA Seconde avec Docapost, un opérateur de services numériques au service de la jeunesse et de l’inclusion. Nous pouvons nous appuyer sur 14 labos de recherches (qui sont en majorité spécialisés dans les sciences cognitives) car chez EvidenceB, nous faisons du transfert de recherche. La solution MIA Seconde regroupe 7 algorithmes. À côté de ce cœur de réacteur, 3 start-ups conçoivent aussi des modules comme Magic Eduk.

MIA Seconde regroupe 5 modes de travail

• IA : il s’agit du cœur.
• Atelier : propositions d’ateliers avec des scénarios conçus par les associations d’enseignants. L’AFEF conçoit des ateliers de français, Animath se charge des maths… Il y a aussi des scénarios d’ateliers qui n’impliquent pas d’écran.
• Duo : l’élève peut travailler en binôme avec un mentor grâce à un mode IA.
• MIA Tube : ce sont plus de 300 tutoriels vidéos qui permettent notamment de rafraîchir si besoin un point précis d’un cours.
• COMPIL : il s’agit d’une playlist pour l’enseignant qui peut alors débrancher l’IA pour établir un parcours pour un élève ou un groupe. C’est un peu un menu à la carte.

MIA Seconde possède plusieurs points d’entrée

• GAR : Gestionnaire Accès Ressources, soit l’identité numérique sécurisée de chaque élève.
• L’élève arrive dans son ENT où il peut télécharger MIA Seconde sur smartphone ou tablette.
• L’élève peut ensuite rentrer les résultats de son test, pour signaler ses points forts et ses points faibles. Un point d’entrée est créé dans les modules. Il y a aussi à l’entrée de chaque module un test de profilage et un test adaptatif, en 10 ou 15 questions. On essaye de comprendre au mieux où en est l’élève par rapport à cette notion. Cela détermine un point d’entrée pour commencer au bon niveau. Il y a 20 000 exercices. L’IA recherche là où l’élève a une maîtrise pour partir de ce point là et éventuellement rattraper tout ce qu’il n’a pas maîtrisé dans les programmes collège ou même primaire.
• On entre enfin dans la partie de travail. Un tableau de bord est disponible pour l’élève et pour l’enseignant. Chacun a le sien. L’élève peut voir son travail et l’enseignant peut voir toute la classe. Il peut faire des groupes d’élèves et bénéficier, dans ce cas de figure également, d’un tableau de progression.

Ici, l’IA ne doit pas décider à la place de l’humain. Elle montre les datas mais l’enseignant prend la décision. L’enseignant qui a, à sa disposition, une palette très large dont MIA Seconde fait partie. C’est lui qui arbitre et tire des conséquences. C’est un outil d’aide à la décision et non un outil de remplacement de la décision.

Dans le tableau de bord enseignant, il est possible d’ouvrir la boîte noire. Au départ, le tableau est synthétique, mais le professeur peut savoir tout ce qu’a fait un élève, avec tous les exercices réalisés. Il est possible de voir sur quels exercices l’élève a rencontré une difficulté et la réponse fausse qu’a fait l’élève est indiquée. On peut zoomer à l’infini sur ce qu’ont fait les élèves.

Je crois savoir que l’arrivée de MIA Seconde se fera en 2 temps, dès le février 2024 pour 200 000 élèves de seconde puis pour tout le monde en septembre. Les autres niveaux sont-ils concernés ?

MIA Seconde est une ressource destinée aux élèves de seconde.

Pouvez-vous nous parler de la façon dont vous avez conçu cette application et les exercices adaptatifs de français et de maths ?

Les modules ont été faits par 14 labos de recherche. Ces labos spécialisés travaillent tous avec des enseignants pour réaliser les modules. Les associations enseignantes ont conçu les ateliers. Il y a 24 modules avec derrière chacun d’entre-eux des chercheurs et des enseignants qui ont créé le type d’interaction numérique, ou encore qui ont réglé les algorithmes. Ils mettent toujours l’élève en tension pour proposer des exercices qui ne sont pas trop faciles mais pas trop difficiles non plus. L’élève est challengé sans arrêt, et sa progression se fait en tâtonnant en permanence. Si on voit qu’il bloque, l’algorithme va chercher jusqu’à trouver une zone d’activité où l’élève est en confiance, pour le faire progresser et empêcher le découragement ou le décrochage.

Pensez-vous que la France souffre tout particulièrement d’un problème d’apprentissage des jeunes à l’école ?

Le problème est mondial. Tous les pays ont leur lot de décrocheurs. Le besoin de remédiation n’est pas propre à la France. Chez nous, d’après les dernières enquêtes, la difficulté s’est aggravée par le paradoxe républicain : votre naissance ne détermine pas votre succès. Hors, l’ascenseur social est en panne. L’enjeu est fort par rapport à cela. Le ministère de l’Éducation nationale a choisi MIA Seconde car il y a ce transfert de recherche qui peut aider tout le monde. Nous sommes dans la méthodologie pour ceux qui décrochent et dans une totale neutralité culturelle.

Sur cette question de décrochage selon les milieux sociaux, vous êtes dans l’application qui vous prend par la main exercice par exercice. Nous sommes ainsi persuadés que cet outil peut aider les élèves, quelles que soient leurs origines ou le milieu dans lequel ils vivent.

En cela, MIA Seconde est une réponse au choc des savoirs. Il s’agit d’un système égalitaire et d’une solution très puissante, mais pas consommatrice en énergie. En d’autres termes, MIA Seconde est en mesure de fonctionner sur n’importe quel smartphone ou tablette. Nul besoin de posséder le dernier appareil hors de prix.

Quel avenir pour EvidenceB ? Ce partenariat entre l’Éducation nationale et EvidenceB va-t-il évoluer vers la mise en place d’autres applications ?

Le ministère de l’Éducation nationale a depuis 3 ou 4 ans démarché sur l’IA. Nous avions déjà remporté un marché avec Adaptiv’Math. Par la suite, Gabriel Attal a annoncé qu’il y aurait 6 nouvelles solutions propulsées par l’IA pour les cycles 3 et 4. Nous voulons aussi continuer à déployer nos solutions pour le primaire et le collège. Le gouvernement français a lancé de gros marchés pour le français, les maths et les langues vivantes.

On continue à s’assurer que nos solutions fonctionnent pour garantir que la promesse initiale est tenue et éventuellement apporter des améliorations.

EvidenceB fait du transfert de recherche pour comprendre comment le cerveau apprend. L’aspect très international est capital pour Evidence B. En cela, nous venons de remporter une compétition aux États-Unis pour déployer Adaptiv’Math dans le school district de New York. Nous sommes aussi implantés à Singapour. Nous avons vendu des modules en Italie mais aussi en Finlande. Les perspectives internationales sont aujourd’hui très importantes.

Crédit photo : EvidenceB