18 ans, qu’est-ce que ça change ?
Vous avez quinze, seize ou dix-sept ans. Vous bouillez d’impatience dans l’attente de votre majorité, ce jour béni où vous pourrez enfin envoyer bouler tous ceux que vous avez sur le dos. Vous savez, ces parents, profs, etc. qui ne font rien que vous répéter ce que vous savez déjà…
Certes. Mais la chose mérite quand même qu’on s’y attarde deux ou trois minutes : finalement, être majeur, ça change quoi ?
Vivre au Lycée a fait un petit sondage auprès de 25 ados de 15 à 17 ans. Résultat ? Pour une grande partie d’entre eux, avoir 18 ans, c’est synonyme de la liberté » (10 sondés). Mais c’est aussi le permis de conduire (6), la considération des adultes (5), le droit de vote (3), un appart’ à soi (2), davantage de sous (1), moins de sous (1), passer son bac (1), les impôts et les factures (1) voire… rester exactement le même, en plus vieux (1).
Vos parents ont-ils encore des obligations ?
Quoiqu’il en soit, avoir 18 ans c’est légalement être un adulte. La preuve : un jeune majeur n’est plus soumis à l’autorité parentale. Il devient libre de ses choix et civilement responsable de ses actes. Il peut passer son permis de conduire, gérer tout seul son compte en banque et aller fièrement mettre son bulletin de vote dans l’urne. Se marier, même, si ça lui chante, et aller au casino. Pour ces deux dernières activités, un minimum de réflexion préalable est tout de même recommandé.
En revanche, sachez que les parents ont des obligations légales envers leurs enfants même après 18 ans. Ça porte même un nom : l’obligation d’entretien et d’éducation. Lorsque celle-ci n’est pas arrivée à son terme, c’est-à-dire si la formation intellectuelle et professionnelle de l’enfant n’est pas encore accomplie (bref, s'il veut faire des études), les parents ont l’obligation d’y subvenir.
En outre, l’obligation alimentaire peut aussi être maintenue après la majorité si l’enfant majeur n’est pas en mesure, par ses seuls moyens, d’assurer sa propre subsistance.
Dans les faits, cela peut donner lieu, hélas, à des contentieux juridiques entre parents et enfants. Mais cela reste rare, car d’une part les parents sont généralement assez bienveillants avec leurs enfants, mais aussi, parce que les enfants, même majeurs, qui ne sont plus soutenus par leurs parents, ne sont pas préparés à les assigner devant un tribunal.
Maman n’est pas le lavomatic…
Quoiqu’il en soit, le jeune majeur est-il, en une seule nuit, devenu une « grande personne » (ça fait vieux, hein, cette expression ?) ? Soyons honnêtes. L’adulte vraiment adulte est vraiment indépendant s’il est autonome. Et donc si :
- il ne vit plus chez papa-maman
- il s’occupe tout seul de son linge
- il gagne sa croûte
Or aujourd’hui, il est quand même assez rare qu’à dix-huit ans on dispose d’un travail stable et rémunérateur, d’un logement indépendant et qu’on soit en train de fonder une famille. La durée de la scolarité s’étant globalement rallongée, l’indépendance, la vraie, n’arrive assez souvent que vers vingt ans, voire bien au-delà pour qui veut faire des études un peu poussées.
Pourquoi s’en plaindre ? Après tout, mieux vaut rester un peu plus longtemps dans le nid familial pour bien se préparer : voler de ses propres ailes, ce n’est pas une mince affaire. La chose, d’ailleurs, en panique plus d’un.
Les garçons, un peu « attardés » ?
Car certains, terrifiés à l’idée de se prendre un peu en main, jouent quelquefois les bébés attardés. Assistés permanents, ils appellent leur mère quinze fois par jour depuis leur portable et seraient incapables de dire où sont rangées leurs chaussettes (les propres, parce que les sales, elles traînent sous leur lit). Doit-on reconnaître que ce sont plus souvent des garçons que des filles 😉 ?
Cette attitude présente un risque : celui de rester pendant des années un « adulescent » immature, qui claquera tous ses euros en jeux vidéo et gadgets régressifs sans jamais réussir à s’engager dans quoi que ce soit de constructif dans sa vie privée ou professionnelle…
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
On entend parfois des grognons scander que devenir adulte, c’est dire adieu à l’insouciance, avaler une bonne dose de lucidité, pointer au chômage et renoncer à ses rêves. Ces tenants de la « sinistrose » auraient-ils juré de vous casser le moral ? Quelle horreur ! Heureusement, dans la vraie vie, le tableau n’est pas aussi noir que ces gens (rien que des vieux jaloux, le plus souvent) veulent bien le dire. Bref, dix-huit ans, ça peut être l’occasion de faire un petit point avec soi-même. Et de se projeter en tant qu’adulte responsable de ses actes.
Même si vos ambitions sont grandes, une fois qu’elles sont identifiées, il s’agit de chercher honnêtement les moyens les plus adaptés pour les atteindre. Ensuite ? Foncer.
Majeur avant sa majorité, c’est possible
Ça s’appelle être « émancipé ». Le droit considère qu’un individu est incapable de prendre des engagements avant 18 ans, sa majorité. Sauf si un juge décide, à la demande de vos parents ou du conseil de famille (si vos parents sont décédés) de vous émanciper, dès 16 ans révolus. C’est-à-dire de mettre fin à cette incapacité, dans votre intérêt. Avant 1974, on était mineur, en France, jusqu’à 21 ans.