Parcoursup : pourquoi dire oui à un parcours « oui-si » ?
À partir du jeudi 1er juin, les lycéens de terminale vont recevoir les propositions d’admission dans le cadre de la procédure Parcoursup. Outre « oui », « non » et « en attente », le « oui-si » compte parmi les propositions que vous pourrez recevoir. Ce que ça signifie ? Que vous êtes accepté dans la licence demandée, mais à condition de suivre un dispositif pédagogique adapté ou de faire la licence en un peu plus de temps que les autres. Parfois encore mal perçus, ces parcours aménagés peuvent pourtant se révéler vraiment profitables.
Selon le dernier bilan de la procédure d’admission 2022 de Parcoursup, rendu public par les ministères de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur le 29 septembre 2022, l’an passé, ils étaient encore peu nombreux à accepter une proposition « oui-si », puisqu’ils étaient près de 27 000 étudiants, un chiffre qui s’apparente à ceux des années précédentes (29 900 candidats en 2019…).
Le parcours « oui-si » était l’une des mesures phares de la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants), mise en œuvre dès la rentrée 2018. L’objectif ? Favoriser la réussite des étudiants dont les profils ne « collent » pas totalement aux attendus en leur offrant l’un ou l’autre de ces aménagements : soit l’ajout de modules méthodologiques et disciplinaires (pour des remises à niveau ou approfondissements), soit l’allongement des études (par exemple, une première année réalisée en deux ans) pour dégager du temps également pour du renforcement de compétences, connaissances et méthodes.
Un dispositif qui a un impact sur la réussite
La proposition n’est pas toujours bien vécue car les lycéens ont l’impression d’être montrés du doigt comme des mauvais élèves (d’ailleurs beaucoup d’universités ont rebaptisé le dispositif afin de ne pas les stigmatiser, comme l’université de Bordeaux qui parle de « parcours réussite » ou « parcours adapté » ou celle de Nantes qui parle de « parcours accompagné »). Retenez pourtant que si les universités ont mis en place ces parcours, c’est parce qu’elles estiment au contraire que, malgré des compétences jugées fragiles dans un ou plusieurs domaines pour réussir la première année, le profil de ces élèves est intéressant.
Vivre au Lycée vous a trouvé 4 bonnes raisons de ne pas rejeter la proposition d’emblée car cela peut être vous permettre de débuter vos études en douceur.
Raison 1 : des cours de méthodologie, de remise à niveau, en petits groupes avec un encadrement renforcé
Certes, ces parcours ne sont pas proposés dans toutes les filières – même si depuis 2018, le nombre d’universités proposant ces cursus aménagés est passé de 46 à 62 et que l’ensemble des académies, à part Mayotte, comptent des nouveaux bacheliers en aménagement – et les dispositifs sont également très variables. Mais, et c’est une première bonne raison de ne pas refuser, dans tous ces dispositifs vous aurez droit à des cours de méthodologie, d’organisation du travail, de prises de notes, de renforcement dans certaines matières et à un encadrement spécifique (tutorat étudiant, dédoublement d’enseignants sur des TP…).
De même, parce qu’ils sont peu nombreux, les étudiants bénéficient de cours en petits groupes, ce qui permet de poser des questions plus facilement, d’avoir des enseignants plus à l’écoute et qui s’adaptent. L’adaptation concerne également les cours donnés à suivre au départ.
Le parcours « oui-si » en STAPS à l’université Paris-Saclay fonctionne avec toutes ces modalités, auxquelles s’ajoutent des ateliers de développement personnel et un accompagnement individualisé par un enseignant (jusqu’à 3 entretiens sur l’année universitaire). Suivi individualisé que proposent aussi l’ Université Sorbonne Paris Nord dans son parcours adapté de psychologie (4 h 30 dans l’année) pour envisager du soutien et/ou une aide à la réorientation ou du tutorat en cours d’année, ou encore l’université Bretagne Sud (UBS), dans ses dispositifs dits « renforcés », où les tuteurs enseignants rencontrent les étudiants deux à trois fois par an pour faire le point sur leur adaptation à l’université, leurs méthodes de travail, leurs apprentissages, leur projet de formation…
À la faculté de droit et science politique de l’université de Bordeaux, on a tablé sur une préparation de l’étudiant au tout début du semestre : en plus de modalités similaires à celles évoquées ci-dessus (pré-TD de méthodologie les deux premières semaines de cours, avant le début des travaux dirigés, et dispositif de coaching personnalisé tout au long du semestre), les étudiants doivent participer à l’école d’été « Start’U » la semaine précédant la rentrée.
L’université Paul-Valéry à Montpellier se distingue de son côté par un fort accompagnement puisque c’est jusqu’à 8 h supplémentaires par semaine qui sont organisés pour ces candidats, avec des TP, des cours de méthodologie et des sorties culturelles. À l’instar de ces sorties culturelles, d’autres universités proposent aussi des actions originales en sus pour favoriser l’intégration, le lien social, diminuer le stress… À l’UBS, dans la licence en 4 ans, on propose des ateliers de construction du projet professionnel ou encore d’ouverture culturelle et de gestion du stress, gestion du stress abordée également dans les parcours dits oui+ de l’université de Nîmes.
Raison 2 : plus de temps pour valider la licence
Certains dispositifs impliquent de suivre la licence en 4 ans au lieu de 3. Certes, un allongement d’études, mais qui laisse le temps de s’approprier les bonnes méthodes de travail. Dans certaines formations, les étudiants ont 2 ans pour valider leur première année, comme c’est le cas à l’université Bretagne Sud, qui a introduit également des ateliers de construction du projet professionnel ou encore d’ouverture culturelle.
Autre cas de figure, celui proposé par la faculté des Sciences économiques, sociales et juridiques de l’université de Haute-Alsace, à Mulhouse, où les étudiants doivent valider les 2 premières années en 3 ans. À Nantes, dans les parcours TREMP-Li-N en sciences, on doit suivre pendant un an une remise à niveau pour acquérir les connaissances d’un bachelier S (qui peut même intégrer un stage d’une semaine) avant d’attaquer les cours de L1 (même si l’on est inscrit en licence en bénéficiant des mêmes droits étudiants que les autres, dont les bourses).
Raison 3 : de meilleurs taux de réussite
En avril 2021, un précédent bilan établi par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur avait mis en exergue le fait qu’environ 30 % des nouveaux bacheliers inscrits avec un aménagement pédagogique passaient en L2. Ce qui représentait plus d’un étudiant sur cinq inscrit en parcours aménagé.
Certes, la réussite reste encore en-deçà de celle des étudiants inscrits en première année « classique », mais ces cursus aménagés profitent à ceux qui partaient auparavant très désavantagés, donc remplissent la mission qu’ont leur a fixée. Ainsi, 3 % des titulaires d’un bac pro passent en 2e année après un cursus « oui-si », alors que, sans parcours adapté, le taux de réussite de ces bacheliers tombe à 1 %. Chez les étudiants titulaires d’un bac technologique, l’année « oui-si » permet à 13 % d’entre eux de franchir ce cap de la première année alors qu’ils ne sont que 4 % à le réussir chez les inscrits en cursus classique.
Certains dispositifs locaux semblent particulièrement efficaces. À l’université Bretagne-Sud, où 30 % des étudiants de licence bénéficient d’un dispositif d’aide à la réussite, le taux de passage en L2 a nettement progressé puisqu’il est passé de 33 % à 40 %. Le taux d’abandon en L1 de ces étudiants « oui-si » est passé de 21 % en 2018-2019 à 7,6 % en 2021. Et les réorientations ont également diminué : elles concernaient 21 % des étudiants en 2018-2019 et seulement 6 % en 2020-2021.
À l’université de Strasbourg (Unistra), à la faculté des langues, on constate aussi « une évolution positive », où 35 % des inscrits au dispositif « oui-si » réussissent leur première année grâce à cette expérience.
Raison 4 : des étudiants satisfaits
Après 4 ans de mise en place et d’ajustements, les universités commencent à avoir du recul sur ces dispositifs. Surtout, elles ont pu sonder les étudiants qui en ont profité. Une enquête menée à l’université de Strasbourg avait déjà montré en 2019 que 48 % des étudiants étaient assez satisfaits, satisfaits ou très satisfaits du dispositif et pensaient qu’il était adapté à leurs besoins. Et, alors que depuis 2020 le dispositif est basé aujourd’hui sur le volontariat, les étudiants sont 75 % à vouloir le suivre au premier semestre, signe que les étudiants ont compris l’intérêt de ces parcours pour eux.
Dans cette même université, Nathan, aujourd’hui diplômé d’une licence de sociologie et qui avait bénéficié du dispositif dès la première année de sa mise en place, témoigne dans Le quotidien de l’université de Strasbourg, « avec le recul » avoir vraiment eu « une bonne expérience, utile à [s]a formation ».
Des étudiants ayant bénéficié de ce type de parcours à l’université de Nîmes, portent un regard également positif sur ces derniers. Pour Pauline, qui en a bénéficié en licence psychologie, il les aide à la fois « à comprendre ce qu’on attend [d’eux] » mais aussi « pour tout ce qui est organisation et travail personnel ». Romain, qui suit une licence sciences de la vie, reconnaît de son côté que les méthodes de travail qui ont été apprises dans ce cadre lui ont « permis d’aller de l’avant et de prendre confiance pour la suite des études ».
Prenez alors le temps de réfléchir face à ce type de proposition, surtout si c’est une formation qui vous branche. En n’oubliant pas que le jeudi 13 juillet sera le dernier jour pour accepter une proposition d’admission dans le cadre de la phase principale.