Usages de substances psychoactives : une consommation en baisse chez les lycéens
Bonne nouvelle, les jeunes fument moins, boivent moins, et consomment moins de cannabis même si l’âge de l’expérimentation, c’est-à-dire la première fois qu’on y touche, reste précoce. Des indicateurs « globalement encourageants », selon une récente enquête menée sur les usages de substances psychoactives des collégiens et lycéens et rendue publique en janvier 2024.
« L’adolescence reste une période charnière pour l’expérimentation (des substances psychoactives qui regroupent à la fois les drogues licites comme le tabac, l’alcool, les opiacés…, et non licites comme le cannabis, la cocaïne, l’ecstasy…, ndlr), avec des usages qui progressent au cours de la période scolaire et notamment à l’occasion du passage du collège au lycée. » Si les auteurs de la deuxième édition de l’Enquête nationale en collège et en lycée chez les adolescents sur la santé et les substances (EnCLASS), établissent ce constat en mettant en avant, par exemple, l’augmentation du tabagisme quotidien avec l’âge (il est multiplié par 2,5 entre la 3e et la 2nde), ils soulignent néanmoins que les niveaux de consommation chez les élèves et leur évolution sur une décennie « ont globalement diminué ».
Ainsi, au lycée, se confirme en 2022 (date de collecte des données) la baisse des consommations de tabac, d’alcool ou de cannabis, amorcée depuis 2011, mais aussi un recul sensible des expérimentations des autres drogues illicites, à l’exception de quelques rares substances comme l’héroïne, le GHB ou les champignons hallucinogènes, dont les niveaux sont restés stables.
Cette enquête a été menée auprès de 9 566 collégiens et lycéens, via des questionnaires anonymes, avec le soutien de la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) du ministère de l’Éducation nationale, de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et de l’École des hautes études en santé publique (EHESP).
L’alcool : substance psychoactive la plus couramment expérimentée et consommée par les adolescents
C’est l’alcool qui reste le produit le plus diffusé au lycée. D’ailleurs, l’alcool reste la substance psychoactive la plus couramment expérimentée et consommée par les adolescents dès le collège. Et elle augmente continuellement au cours de la scolarité jusqu’à concerner près des trois quarts des élèves de terminale (73,9 %).
Pour autant, l’enquête observe « une diminution sensible des niveaux de consommation d’alcool » au lycée entre 2018 et 2022. Que ce soit en termes d’expérimentation, c’est-à-dire la première fois qu’on y goûte, ou de consommation dans le mois : cela concerne respectivement près de 17 % et de 13 % de lycéens en moins qu’en 2018. La baisse de la consommation quotidienne d’alcool est encore plus marquée puisque celle-ci a été divisée par trois durant cette période, passant de 16,7 % à 5,3 %. Et cet usage quotidien d’alcool ne concerne que 1,3 % des lycéens.
Cette baisse s’observe depuis plus d’une décennie. En 2011, le pourcentage de lycéens qui avaient expérimenté la consommation d’alcool et en avaient consommé dans le mois était supérieur de 25 points à ceux de 2022 : plus de neuf lycéens sur dix avaient déjà expérimenté l’alcool et trois quarts en avaient consommé dans le mois il y a 12 ans.
On « tise » moins et on se prend également moins de « taules » au lycée aussi. L’expérimentation de l’ivresse a en effet également baissé, même si c’est quand même un tiers des lycéens (36,8 %) qui déclarent en 2022 avoir déjà connu au moins un épisode d’ivresse dans leur vie, contre près d’un sur deux quatre ans plus tôt.
Consommation du tabac et des drogues également en baisse
De même, les niveaux de consommation de tabac ont fortement diminué depuis 2011. L’initiation au tabac et sa consommation mensuelle ont été réduites de moitié. Et le tabagisme quotidien a été divisé par cinq, passant de 30,8 % de lycéens fumeurs quotidiens en 2011 à 6,2 % en 2022.
En revanche, l’usage de la cigarette électronique augmente continuellement depuis 2015, puisqu’il concerne un quart des lycéens en 2022 contre un lycéen sur dix en 2015.
Du côté des drogues, la tendance est également à la baisse. L’expérimentation du cannabis qui concernait un tiers des lycéens en 2018 concerne en 2022 moins d’un quart d’entre eux (22,5 %). Et la « fumette » régulière (fumer est le mode de consommation le plus fréquent même si ce n’est pas le seul) a été divisée par deux (2,9 % contre 6,2 %).
Cette évolution à la baisse de la consommation de cannabis est observée également de manière continue depuis 2011. En 2011, près de la moitié des élèves (48,6 %) l’avaient déjà expérimenté, alors qu’ils sont moins d’un quart (22,5 %) en 2022.
1 sur 5 fumeurs de cannabis présente un risque d’« usage problématique » ou de dépendance
Pour autant, la part des jeunes fumeurs de cannabis présentant « un risque élevé d’usage problématique ou de dépendance au cannabis » n’est pas négligeable puisque, selon l’enquête, en 2022 un élève sur cinq avait été identifié comme présentant ce risque. Cependant, ce risque ne concerne plus que 3,6 % de l’ensemble des lycéens contre 6,1 % en 2018.
L’enquête observe aussi un recul sensible des expérimentations des autres drogues illicites, à l’exception de quelques rares substances comme l’héroïne, le GHB ou les champignons hallucinogènes, qui maintiennent des niveaux stables. Toutes ces expérimentations autres que le cannabis se maintiennent à des niveaux très faibles, compris entre 0,8 % pour l’héroïne et 2,2 % pour la cocaïne. En 2022, 6,6 % des lycéens ont déjà expérimenté au moins l’une d’entre elles, une proportion moins importante qu’en 2018 (8,1 %).
Encourageant, mais…
Si ces résultats sont « globalement encourageants », les auteurs soulignent « des points d’attention ». Notamment concernant la consommation de boissons alcoolisées car elles restent « largement partagées par les adolescents ». Ceux-ci observent aussi un niveau relativement élevé des « épisodes d’alcoolisation ponctuelle importante » – c’est-à-dire des épisodes durant lesquels les jeunes ont bu cinq verres ou plus de boissons contenant de l’alcool en une seule occasion au cours des 30 derniers jours -, parmi les élèves de 3e et 4e, donc juste avant l’entrée au lycée. Notons aussi que les alcoolisations importantes au moins 10 fois au cours des 30 derniers jours, sont restés stables et que l’âge de l’initiation à l’alcool est de plus en plus précoce. Ainsi, en classe de 6e, ce ne sont pas moins de 26,9 % des élèves qui déclarent avoir déjà consommé de l’alcool, cette expérimentation ayant pu avoir lieu dès l’école primaire.
Enfin, l’enquête souligne en conclusion que si la baisse des usages de cannabis « est également à mettre au bilan des tendances positives de ces résultats 2022 » et si la consommation régulière de cannabis reste marginale, elle connaît néanmoins une légère progression durant le lycée, pour atteindre 3,9 % en terminale.
Crédit photo : Christopher Lemercier