Devenir enseignant : une formation et un concours revus pour 2025
Un concours désormais à bac+3 et non plus à bac+5, des licences plus « spécifiques » à suivre en amont, des masters revus dans leurs contenus avec un statut de stagiaire rémunéré de manière croissante de la première à la deuxième année : c’est ce qui attend les prétendants au métier d’enseignant au primaire, au collège et en lycée professionnel dès 2025.
En déplacement dans une école parisienne le 5 avril dernier, le président de la République a confirmé des informations qui avaient fuité fin mars concernant la nouvelle formation des enseignants qui entrera en vigueur dès 2025. Informations détaillées depuis par Nicole Belloubet, la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.
Le cœur de cette réforme ? Revenir à un recrutement beaucoup plus précoce des professeurs sur le modèle des anciennes écoles normales dès la rentrée 2025, en proposant des licences pluridisciplinaires axées 100 % enseignement pour les futurs professeurs des écoles (les prétendants aux postes d’enseignant en collèges et lycées pouvant continuer, de leur côté, à candidater au concours avec une licence disciplinaire), et ramener le passage du concours à bac +3 pour tous (au lieu de bac +5). Concours qui sera suivi de deux années de formation très professionnalisantes en alternance dans les classes.
Bref, tout change (y compris le nom des lieux de formation !) et cela concernera, pour l’instant, autant les professeurs des écoles que les enseignants du secondaire, du collège et des lycées professionnels.
Le niveau du concours abaissé à bac+3 et non plus bac+5
Le concours sera en effet accessible dès le niveau bac+3, et non plus à partir du bac+5 comme c’est le cas actuellement. La première session sera organisée au printemps 2025. Ce concours sera, selon le ministère de l’Éducation nationale, simplifié et recentré sur les savoirs, mais aussi les savoir-être, et donnera donc davantage de place aux pratiques professionnelles.
Avec quelles licences pourrez-vous candidater aux concours du premier et second degrés ?
Ceux qui désirent devenir professeurs des écoles devront suivre une licence spécifique, la Licence préparatoire au professorat des écoles (LPPE), dédiée à la préparation au métier de professeur des écoles. Il en sera créée dans au moins une université par académie et elle ne sera plus pilotée par une université mais une École normale supérieure du professorat co-portée par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. L’objectif de ces licences spécifiques ? Revenir aux « savoirs fondamentaux » (on étudiera prioritairement les mathématiques, le français, l’histoire, la géographie…), a indiqué Emmanuel Macron, alors que l’accès aux concours précédemment faisait venir des candidats qui avaient « navigu[é] (…) pendant cinq ans dans des filières diverses ».
La licence sera également davantage professionnalisante. Les étudiants de L1 et L2 passeront des tests nationaux qui les dispenseront d’une partie des épreuves du concours à venir à l’issue de la L3.
Pour ceux qui veulent devenir enseignants en collège et lycée, les concours seront accessibles en revanche à partir d’une licence disciplinaire (licence d’anglais, d’histoire-géographie, etc.). Les étudiants suivant ces autres filières pourront suivre des modules de préparation au métier enseignant et de préprofessionnalisation qui seront proposés par les universités dès la rentrée 2024.
Ces modules concerneront aussi les futurs bacheliers de cette année qui veulent devenir professeurs des écoles mais qui n’auront pas pu s’inscrire sur Parcoursup dans ces LPPE qui n’existent pas encore à ce jour. Sachez néanmoins que près des 80 % des lauréats au futur concours seront issus de ces LPPE.
Les étudiants qui seront en M1 l’an prochain passeront le même concours que les titulaires d’une licence et seront admis en M2.
Les futures licences préparatoires au professorat des écoles dans le détailLes contenus des cours des LPPE devront être les mêmes partout en France : > Des savoirs fondamentaux (français, mathématiques, sciences, LV, Histoire- Géographie, Arts, EPS) : ils représenteront 60 % des enseignements en L1, 50 % en L2, 40 % en L3. > Une formation en didactique et pédagogie : 25 % des enseignements en L1, 30 % en L2, 40 % en L3), avec des contenus évolutifs de la 1re à la 3e année (de la pédagogie générale à des cours portant sur le développement de l’enfant, les sciences cognitives et les mécanismes d’apprentissage en L3). > Les étudiants passent des tests en fin de L1 et de L2, ce qui leur permettra s’ils les réussissent, d’être dispensés des épreuves d’admissibilité. Les épreuves d’admission comporteront un exposé disciplinaire (maths ou français) et une « appréciation » de leur motivation, mais aussi de leur « capacité à transmettre et incarner les valeurs de la République ». |
Le contenu de la formation en master modifié également
Après le concours, tous les lauréats intégreront « l’École normale du XXIe siècle ». Ce sont les « Écoles normales supérieures du professorat » (ENSP) qui remplaceront les actuels INSPE (Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation). Les étudiants seront en formation et en périodes de stage durant les deux années, stages durant lesquels ils travailleront en binôme avec des enseignants expérimentés :
> sous un statut d’élève stagiaire en master 1, année durant laquelle ils feront des « stages d’observation et pratique accompagnée » à raison de 1,5 jour par semaine (soit un gros tiers du temps) ;
> sous un statut de fonctionnaire stagiaire en master 2, année durant laquelle ils réaliseront des stages de « mise en responsabilité », à raison de 2,5 jours par semaine (soit à mi-temps).
Pour être titularisé, il faudra bien évidemment avoir obtenu ce master et un « avis » positif concernant les stages de première et deuxième années.
900 euros de rémunération pour les stagiaires de master 1 et 1 800 en master 2
Ces futurs enseignants seront rémunérés pendant les deux années de formation en master.
Contrairement à ce qui avait « fuité » au départ, la rémunération ne sera pas de 1 400 euros net par mois en M1 mais, selon les informations donnés le 7 avril dernier sur France Inter par Nicole Belloubet, de 900 euros la première année et de 1 800 euros la seconde année.
Par ailleurs, il est probable, selon les annonces qui ont été faites, que ces élèves stagiaires seront redevables d’un certain nombre d’années d’exercice au service public même si le ministère n’a pas encore précisé le nombre d’années qui seront dues.
Vers un nouveau système d’affectation ?
Sur la question de l’affectation des enseignants, Nicole Belloubet a confié le 14 avril dernier lors d’une interview accordée à la Dépêche du Midi qu’elle réfléchissait à des systèmes qui pourraient permettre aux candidats de passer le concours dans les régions où ils souhaitent exercer.
Mais aucune décision n’a été prise pour l’instant concernant cette possible évolution du système de mutation. Cela pourrait néanmoins redonner de l’attractivité à ce métier (donc à cette formation), le système actuel pouvant mener à des nominations à l’autre bout de son lieu d’habitation d’origine et constituant, du coup, souvent un frein au recrutement.
Crédit photo : ThisisEngineering RAEng