Rencontre avec la chanteuse lyrique Camille Balssa
Le chant lyrique est une discipline artistique passionnante mais néanmoins toujours relativement peu mise en avant. Un art dont nous parle aujourd’hui Camille Balssa, une chanteuse talentueuse et passionnée.
Native du Calvados, Camille Balssa s’est rapidement installée dans le Tarn avec sa famille, où elle a manifesté très tôt une passion pour la musique et le chant en particulier. Une artiste entière, membre du groupe Les Soutien Gorges, qui a accepté de poser le micro quelques instants pour répondre à nos questions…
Comment es-tu devenue chanteuse lyrique ? Peux-tu nous parler de tes débuts ?
Je chante depuis toute petite. Je me rappelle que je voulais déjà être chanteuse à la maternelle. En grandissant, j’ai commencé la musique au conservatoire : chant dans une chorale, piano, atelier jazz… Vers 17 ans, on m’a conseillé de prendre des cours de chant lyrique en me disant que j’avais du potentiel. Je suivais déjà le cursus musique au lycée (option lourde), plus le conservatoire.
Tu joues également du piano. Penses-tu que le fait de savoir jouer d’un instrument aide dans l’apprentissage du chant et plus particulièrement du chant lyrique ?
Oui, il faut jouer d’un instrument quand on chante. C’est tellement plus formateur. Être instrumentaliste enrichit énormément et complète le chant. C’est une autre vision de la musique qui apparaît car le piano est polyphonique. Il est également l’objet entre soi et l’autre. Le chant, lui, est en nous. Nous sommes notre propre instrument.
Le chant lyrique semble très exigeant d’un point de vue physique. Comment procèdes-tu pour à la fois entretenir ta voix et progresser ?
Bien sûr, le spectacle, l’art lyrique en particulier, est un art complet. Il doit comprendre la musique, l’art dramatique, la danse, le sens du graphisme aussi, dans la posture et les costumes. Il faut être comédien pour pouvoir interpréter son personnage. On a envie que ça donne juste (sans mauvais jeu de mot).
C’est le point de vue d’un néophyte, mais j’ai l’impression que les chanteuses et chanteurs lyriques doivent aussi posséder des aptitudes à la comédie, pour pleinement interpréter leurs textes, tout particulièrement sur scène, où vous focalisez pleinement l’attention. Qu’en penses-tu ?
Chaque fois que l’on interprète un personnage, il y a une part de nous-même qui entre en compte. Chaque chanteur, chaque comédien, chaque danseur va emmener une part de lui-même lors de la prise de rôle.
Il y a de la technique vocale et scénique, il y a la mise en scène, puis il y a l’interprétation et cela suppose d’y laisser une part de nous-même.
Tu as interprété plusieurs œuvres classiques comme Carmen ou Roméo et Juliette. Est-ce que ces partitions laissent tout de même une part à une interprétation plus personnelle ? Tu fais actuellement partie de l’ensemble vocal Les Soutien Gorges, qui mixe le chant lyrique, le théâtre et la comédie. Le spectacle que vous jouez actuellement, La Flûte enchantée… enfin presque s’affranchit d’ailleurs de pas mal de limites pour naviguer entre les styles dans une ambiance résolument anti-conformiste. Peux-tu nous en parler ?
Déjà, l’ensemble les Soutien Gorges, c’est la réunion de quatre amies qui ont eu envie de proposer une autre vision de l’opéra, de lui donner de l’accessibilité sans jamais dénaturer l’œuvre première.
Nous sommes un groupe anti-conformiste oui, de par notre humour très absurde, de par nos positions et nos postures scéniques. Nous sommes également multi-tâches (administration, communication, etc…)
La Flûte enchanté… enfin presque est un spectacle ultra créatif, dans un état d’esprit loufoque, complètement loufoque, qui implique la participation du public, et qui respecte (j’insiste), l’œuvre de Mozart.
Il faut voir le spectacle ! C’est une immersion totale. Ça chante, ça danse avec technique et gaîté, ça joue avec une très grande énergie. Il nous emporte loin dans un autre monde.
En tant qu’artiste lyrique, te nourris-tu aussi d’influences autres et éventuellement inattendues, dans d’autres styles musicaux par exemple ?
Oui, j’ai des goûts musicaux très éclectiques. J’aime la musique et de ce fait, tous les styles. Par contre, je suis très sensible à la qualité de la musique. J’aime énormément le hip-hop et le R’n’B, le jazz, Georges Brassens, mais également la musique traditionnelle turque ou encore Jean-Sébastien Bach. Ce ne sont que des exemples, car il y en a d’autres, mais ils démontrent l’étendue de mes influences, qui se retrouvent dans mes prestations.
Je crois aussi savoir que tu donnes des cours de chant. Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui aimerait se lancer dans le chant lyrique ?
Le chant lyrique est un art extraordinaire, qui apprend beaucoup sur soi-même. Vouloir chanter, c’est une chose fantastique. Le faire, c’est encore mieux. Chaque personne possède une voix. Après, c’est aussi un savoir-faire. Il faut de la rigueur, de la patience, de la passion également. Vouloir en faire son métier, c’est aussi avoir un mental et des épaules solides.
Quels sont les artistes que tu apprécies le plus et qui éventuellement t’ont donné envie de chanter à ton tour ?
Whitney Houston, Stevie Wonder, Lauryn Hill, Joan Baez, Angela Gheorghiu, Luciano Pavarotti, Barbara Hendricks, Billie Holiday, Les Guns N’ Roses…
Peux-tu nous parler de tes projets ?
Avec les Soutien Gorges, nous poursuivons notre aventure, d’abord en guinguette, le 22 juin à Gigiland à Toulouse (13 place Esquirol), puis à Bérat, à la Ménardière, le 28 juillet pour La Flûte enchantée… enfin presque.
J’ai également un groupe avec ma sœur Réjane Balssa, et mon amie pianiste Eve Panisset, les Spring’s Cats. Nous reprenons de la musique soul américaine. Nous serons sur l’une des scènes d’Albi dans le Tarn, pour la Fête de la musique, le 21 juin à 19h.
Je serai également soliste, en partenariat avec le chœur Jeud d’Y de Jean Coste. Nous interpréterons le Gloria et le Magnificat de Vivaldi à l’église de Castanet-Tolosan, près de Toulouse, le 9 juin à 17h.
Je suis également membre de l’Échappée Madrigale, un ensemble de cinq chanteurs. Nous interprétons des madrigaux de Monteverdi (XVIe siècle) a capella. Nous sommes un samedi par mois à la chapelle Saint-Michel à Toulouse pour un concert/répétition. Prochaine date le 1er juin à 11h.
Je fais aussi des remplacements dans le groupe de jazz Aqui Lou Jazz.
Et enfin, quelques petites questions rapides…
Peux-tu citer :
- Un album de musique : The Miseducation avec Lauryn Hill – Lauryn Hill
- Une chanson : I Wanna Dance With Somebody – Whitney Houston
- Un film : Danse avec les loups, de Kevin Costner
- Une série : Friends
- Un roman : Germinal, d’Émile Zola
- Un concert auquel tu as assisté : c’était un opéra. Madame Butterfly, à Toulouse, avec ma mère. Un moment particulier de notre vie. C’était il y a 12 ans.
Crédit photo : Camille Balssa