Marie Curie, la pionnière de la radioactivité
Femme de science immensément célèbre, deux fois récompensée par un prix Nobel, Marie Curie a joué un rôle crucial dans l’histoire de la physique et de la chimie.
Figure incontournable, Marie Curie a dédié toute son existence à l’étude de la radioactivité. Vivre au Lycée vous conte aujourd’hui son histoire…
Des débuts plus que studieux
Maria Salomea Sklodowska vient au monde à Varsovie en Pologne, le 7 novembre 1867. Fille d’un professeur de mathématiques et d’une institutrice, elle se réfugie entièrement dans les études quand le typhus emporte sa sœur Zofia et que sa mère meurt de la tuberculose. Très douée, elle obtient des résultats parfaits dans toutes les matières. Quand elle reçoit son diplôme d’études secondaires en 1883, celui-ci s’accompagne d’une médaille d’or qui récompense son excellence.
Bloquée par l’interdiction imposée aux femmes de faire des études supérieures, la jeune fille suit sa sœur à Paris, où elle loge chez cette dernière et son mari, rue d’Allemagne. Inscrite à la faculté des sciences de Paris, elle est l’une des 27 femmes qu’accueille alors l’établissement. En 1892, elle prend son indépendance et trouve une chambre rue Flatters, dans le Quartier latin. C’est alors qu’elle suit les cours de physiciens célèbres comme Edmond Bouty et d’illustres mathématiciens comme Paul Appell.
Première de sa promotion à la licence de physique en 1893, elle se voit remettre une bourse pour poursuivre ses études en mathématiques. C’est quand elle obtient sa licence en maths, en arrivant seconde, qu’elle envisage un retour en Pologne. Nous sommes en 1894. L’année où Maria fait la connaissance d’un certain Pierre Curie.
Marie et Pierre Curie
Marie est présentée à Pierre Curie, le chef des travaux de physique à l’École municipale de physique et de chimie industrielles. Rapidement, Marie et Pierre se rapprochent et c’est après un bref passage en Pologne que Marie accepte de revenir en France pour se marier avec Curie, le 26 juillet 1895.
Elle donne naissance à sa première fille le 12 septembre 1897.
À la recherche d’un sujet pour sa thèse de doctorat, Marie Curie s’intéresse aux rayons de Becquerel. Elle étudie sans tarder les rayonnements de l’uranium. Elle ne tarde pas à devenir la première scientifique à faire le rapprochement entre les rayonnements de l’uranium, que l’on pensait spécifiques à cette matière, et ceux du thorium. Grâce à une installation de Pierre Curie et de son frère Jacques Curie, Marie peut étudier plusieurs éléments riches en uranium.
Impressionné par les découvertes de son épouse, Pierre Curie, qui travaillait alors sur la piézoélectricité, décide de la rejoindre dans ses travaux sur la radioactivité. À partir d’une importante quantité de pechblende, ils parviennent à découvrir deux nouveaux éléments. Marie Curie annonce la découverte du Polonium, nommé ainsi par l’Académie des Sciences en hommage au pays de Marie. En décembre 1898, c’est le radium qu’elle ajoute au tableau périodique. En juin 1903, sa thèse de doctorat intitulée Recherches sur les substances radioactives obtient la mention « très honorable ».
Marie Curie et le Prix Nobel
C’est le 10 décembre 1903 que Marie Curie reçoit son premier prix Nobel de physique, en collaboration avec son mari et Henri Becquerel. Elle devient la première femme à recevoir un tel honneur. La même année, elle devient également la première femme à recevoir la médaille Davy. Le 6 décembre naît sa seconde fille.
Marie Curie est alors nommée professeure titulaire d’une nouvelle chaire de physique à la faculté des sciences de Paris. Le 19 avril 1906, Pierre Curie meurt après avoir été renversé par une voiture. Dévastée, Marie Curie se réfugie à nouveau dans le travail et devient directrice d’un laboratoire universitaire. Elle œuvre alors pour une meilleure reconnaissance et intégration des femmes. Le 1er mai, elle intègre la Sorbonne et devient la première femme à y enseigner.
En parallèle, Marie Curie continue ses recherches et parvient notamment à isoler un gramme de radium sous la forme de métal. En novembre 1911, elle est la première femme invitée à participer au prestigieux Congrès Solvay aux côtés d’Albert Einstein et Max Planck. Encore une fois, Marie est la seule femme.
Le 8 novembre 1911, elle est à nouveau récompensée par un prix Nobel, en chimie cette fois-ci, pour la découverte de nouveaux éléments, à savoir le radium et le polonium.
Marie Curie pendant la guerre
Quand la guerre éclate en Europe, Marie Curie participe à la conception de nombreuses unités de chirurgie mobiles que l’on surnomme vite « les Petites Curie ». Équipées du matériel nécessaire pour effectuer des radios, ces unités permettent de soigner et d’opérer de nombreux blessés sur le front. Elle travaille aussi en collaboration avec de nombreux hôpitaux militaires pour lesquels elle conçoit des postes fixes de radiologie.
Très engagée, elle passe son permis de conduire pour pouvoir librement se rendre sur le front afin d’apporter son assistance. Irène, sa fille de 19 ans, l’accompagne. Irène qui devient après la guerre son assistante à l’Institut du radium. C’est aussi à cette époque qu’elle collabore avec Einstein au sein de la Commission internationale de coopération intellectuelle.
Fin de vie
Les travaux de Marie Curie l’ont amenée à s’exposer très fréquemment à des éléments radioactifs. Pendant la guerre, alors qu’elle effectuait des radios, son organisme a subi les assauts des rayons X à fortes doses. Au début des années 1920, elle commence à se sentir faible et identifie très vite le radium comme le responsable de son état de santé. Elle tient néanmoins à conserver ses fonctions à l’institut et travaille alors sur des solutions à base de radium pour lutter contre le cancer.
Malheureusement, elle est atteinte d’une leucémie radio-induite qui la pousse à être admise au sanatorium de Sancellemoz à Passy en Haute-Savoie, en juin 1934. C’est dans la chambre 424 qu’elle rend son dernier souffle à l’âge de 66 ans.
L’héritage de Marie Curie
Marie Curie repose au Panthéon à Paris, aux côtés de son mari, depuis le 20 avril 1995. Elle est restée la seule femme à recevoir cet honneur posthume jusqu’en 2014. À noter que pour éviter que l’irradiation résiduelle de son corps (qui a été momifié) ne sorte de son cercueil, celui-ci a été renforcé d’une couche de plomb et de deux épaisseurs de bois. Une mesure parfaitement inutile car, comme l’ont démontré les mesures prises sur la dépouille de Marie Curie, les radiations étaient infimes et sont aujourd’hui inexistantes.
Autrice de nombreuses publications, celle qui a refusé la Légion d’Honneur suite à ses actions pendant la Première Guerre mondiale a eu droit à plusieurs statues, à Varsovie, à Lublin et à Police en Pologne. Un astéroïde découvert en 1939 a été nommé en son honneur, tout comme l’élément atomique curium, découvert en 1944.
En France, 360 écoles portent son nom. C’est le douzième personnage le plus représenté. Elle a aussi figuré sur le billet de 500 francs aux côtés de son mari, sur un billet de la monnaie polonaise ainsi que sur plusieurs pièces. Son portrait figure aussi sur des timbres et plusieurs rues et autres stations de métro portent son nom en France, mais aussi au Liban, en Allemagne ou encore en Belgique.
Au cinéma, Marie Curie a été interprétée par de nombreuses actrices dont, dernièrement Rosamund Pike dans le film Radioactive, réalisé par Marjane Satrapi.
Crédit photo : Henri Manuel-Wikimedia