Agir pour l’environnement en service civique, c’est possible
Annoncé par le Gouvernement en janvier dernier, le tout nouveau service civique écologique a été ouvert aux inscriptions depuis le 27 août dernier. Quelles missions, quels objectifs pour ce nouveau type d’engagement ? On vous explique…
En confirmant sa création en avril dernier sur Public Sénat, la chaîne de télévision du Sénat français, l’ancien ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, avait indiqué que ce nouveau service civique serait un « moyen de répondre à une forme d’éco-anxiété » des jeunes. L’éco-anxiété, kézaco ? Ce terme assez nouveau désigne l’inquiétude, voire l’angoisse que l’on peut avoir face aux périls environnementaux qui touchent ou guettent la planète. Et cette angoisse touche en particulier les jeunes générations (lire l’encadré). Pourquoi pas, alors, permettre à cette partie de la population de « passer à l’action », mais autrement que via des actions éco-terroristes telles qu’elles qu’on peut en voir aujourd’hui : « Quand on voit des jeunes qui considèrent que la façon d’agir, c’est d’aller jeter de la purée dans des musées, je préfère qu’on leur donne les moyens de regarder comment, de façon concrète, s’engager au service de l’écologie », avait en effet déclaré l’ancien ministre.
Ce nouveau service civique écologique, initié aussi avec l’ADEME (Agence de la transition écologique) et Unis-Cité, l’association pionnière du service civique en France, est aujourd’hui bien réel : les inscriptions pour postuler à des missions sont ouvertes sur le site qui est dédié au service civique depuis le 27 août dernier.
Quelles missions ?
La mission peut se faire pour une association, une collectivité (mairie, agglomération, etc.) ou autre opérateur public, ou une entreprise publique de la transition écologique. Au vu des premières offres déjà publiées, les missions sont plutôt larges, allant de la mise en place d’actions de communication et de sensibilisation jusqu’à la participation à la mise en place des chantiers participatifs et la gestion et le suivi de sites de compostage.
On y trouve par exemple une mission pour aller, pendant 8 mois, dans les cantines des écoles municipales de la Rochelle sensibiliser les enfants à la lutte contre le gaspillage alimentaire et leur donner envie de découvrir les aliments. Le jeune en service civique devra aussi mettre en place des actions pour diminuer le gaspillage alimentaire avec les acteurs de l’école (cuisiniers, animateurs, ATSEM, enseignants, parents d’élèves), de l’élaboration des menus jusqu’à la consommation dans l’assiette, mais aussi accompagner la mise en place d’un projet de gestion des biodéchets et de développement du compostage.
L’association « Au Tiers Lieu », dans l’Oise, attend de son côté un jeune qui sera amené à organiser des ateliers de réparation et de réemploi d’objets mais aussi des ateliers de réalisation d’objets qui contribueront à la préservation de l’environnement, de la biodiversité, des ressources fossiles : nichoirs à oiseaux ou objets low-tech, c’est-à-dire des outils ou ustensiles fonctionnant sans électricité ni pétrole ou avec de l’énergie renouvelable (un panneau solaire low tech, un four à bois, une serre en bouteille plastique, etc.). La mission inclut également le déploiement du tri des biodéchets et l’aide à la gestion du site de compostage de l’association ainsi qu’une communication sur ces actions sur les réseaux sociaux.
Autres exemples de missions possibles, contribuer à développer des actions en faveur de la biodiversité et sensibiliser le public à agir en ce sens pour la Ligue pour la protection des oiseaux d’Auvergne Rhône-Alpes, ou encore promouvoir le solaire photovoltaïque avec l’association HESPUL, en intervenant en milieu scolaire ou périscolaire sur l’énergie dans le bâtiment ou sur les énergies renouvelables et avec le grand public en faisant visiter des sites éoliens ou photovoltaïques, en tenant des stands d’informations lors d’événements locaux…
Pour qui ?
L’ancien ministre disait espérait porter à 50 000, d’ici à 2027, le nombre de volontaires auprès d’associations ou d’entreprises publiques liées à la protection de l’environnement, alors qu’actuellement, via des services civiques non fléchés spécifiquement sur cette thématique, on recense environ 10 fois moins de missions en lien avec l’environnement. Il espérait aussi, derrière, la création d’emplois « verts ».
Pour rappel, les services civiques sont ouverts aux jeunes de 16 à 25 ans (et pourraient même être étendus à 27 ans après une proposition faite par le Sénat au printemps dernier). L’indemnisation mensuelle s’élève à 620 € et les durées des missions vont de six à douze mois.
Camille Pons
Crédit photo : Viktor Hesse-Unsplash
Trouver son service civique écologique
Vous pouvez, grâce au moteur de recherche qui propose aussi un filtre par thèmes, trouver votre mission écologique sur le site gouvernemental dédié au service civique. La rubrique regroupant les services civiques proposés sur la thématique de l’environnement compte actuellement près de 1600 offres.
Les jeunes, des éco-anxieux
Selon le rapport annuel du Conseil économique social et environnemental (CESE) « État de la France », paru en octobre 2023, ce sont pas moins de 8 Français sur 10 qui se disent inquiets face au changement climatique. Et pour un tiers d’entre eux, l’environnement est leur troisième préoccupation personnelle et l’éco-anxiété citée comme le troisième frein au sentiment de bien-être, quasiment au même niveau que le manque de temps et d’argent (respectivement 32 % et 35 %). Les jeunes sont particulièrement touchés par cette éco-anxiété comme le montrait déjà une étude publiée en 2021 dans la revue The Lancet Planetary Health. Sur les 10 000 jeunes de 16 à 25 ans qui avaient été interrogés dans dix pays, près de 70 % avaient déclaré être « très inquiets » ou « extrêmement inquiets » du changement climatique. Cette éco-anxiété affectait également la vie quotidienne pour 35 % d’entre eux. Des observations confirmées par une autre étude menée la même année pour le collège de France, auprès de Français âgés de 18 à 35 ans. Dans cette enquête (« Les jeunes et la science »), le réchauffement climatique était la préoccupation sociétale la plus citée par ces jeunes, qui avaient aussi fait part de leurs sentiments de colère, de tristesse et d’impuissance face à ce sujet, et d’angoisse pouvant aller jusqu’à l’éco-anxiété.