Benjamin Brillaud & Nota Bene : Le youtubeur qui fait cartonner l’Histoire
Benjamin Brillaud a lancé sa chaîne YouTube Nota Bene il y a 5 ans, après avoir perdu son job. Et aujourd’hui, il est LE youtubeur histoire préféré des jeunes (et des moins jeunes) et vient de franchir le million d’abonnés ! Et il a aussi sorti un livre, et une BD consacrés à l’histoire… Et il anime des festivals… Et, et, et… la suite dans cette interview exclusive !
Mon cher Benjamin, bien le bonjour. Alors, le million d’abonnés vient d'être franchi ! Quel effet ça fait ?
C’est absolument incroyable quand on y pense. Jamais je n’aurais pensé il y a 5 ans avoir un tel succès avec des vidéos traitant d’Histoire, c’est surréaliste ! Mais ça met aussi pas mal la pression sur le résultat que l’on propose aux internautes !
Pouvez-vous présenter en quelques mots votre parcours scolaire ?
Je suis issu d’un BAC STI Electronique, à la suite de quoi j’ai voulu m’ouvrir un peu l’esprit et je suis allé en fac d’Histoire. Je n’y suis resté que peu de temps car les choses de la vie font que j’ai rencontré un réalisateur qui m’a fait rentrer dans le monde de l’audiovisuel. J’ai alors débuté un BTS Audiovisuel option image en alternance avant de travailler dans une société de production pendant 6 ans. J’ai lancé Nota Bene en 2014 lorsque j’ai perdu mon emploi.
« En étudiant l’Histoire, on étudie nos comportements, nos mœurs… nos vies finalement ! »
Qu’est-ce qui vous a donné le goût de l’Histoire avec un grand H ?
C’est avant tout une curiosité qui m’a poussé vers l’Histoire. Pour être honnête, je n’étais pas vraiment fan d’Histoire quand j’étais plus jeune. C’est seulement par la suite que j’ai commencé à y trouver un intérêt. Quand j’ai lancé Nota Bene, j’avais envie de renouer avec cette discipline que je n’avais fais qu’effleurer à la fac, mais je n’y connaissais pas grand-chose. J’avais surtout des capacités de synthèse dues à mon métier qui m’ont permis de mener à bien les émissions. Et c’est en mettant le doigt dans l’engrenage que la passion s’est renforcée jour après jour.
Que pourriez-vous dire à des ados, pas forcément emballés par les cours d’Histoire, pour leur donner envie de s’y intéresser ?
Le principal problème de l’Histoire quand on est ado, c’est qu’on n’en voit pas l’intérêt. Moi-même, je voyais ça comme de la poésie « chiante ». Des dates à apprendre ? Quel but ? Ce qui est intéressant dans l’Histoire, c’est de voir qu’elle est le reflet des évolutions de notre société. En étudiant l’Histoire, on étudie nos comportements, notre politique, notre économie, nos mœurs, nos vies finalement ! On comprend au fur et à mesure comment fonctionne une société, et ça nous donne des billes pour mieux comprendre la nôtre, au-delà des histoires qui sont incroyables et très divertissantes !
Au collège et au lycée, quel genre d’élève étiez-vous : plutôt turbulent sympa, paresseux, curieux… ?
J’ai toujours été très curieux mais un peu flemmard, il faut bien le dire. Je faisais le minimum et je passais beaucoup de temps en manifestation. Mais ça a forgé aussi ce que je suis devenu aujourd’hui, pour sûr ! J’étais meilleur dans les matières techniques et pas vraiment dans le littéraire, comme quoi, on ne sait jamais de quoi demain sera fait !
Vous avez réalisé des dizaines et des dizaines de vidéos. Ça doit représenter un travail considérable de recherches ?
C’est un travail énorme. Au début je faisais tout tout seul, mais rapidement j’ai eu besoin d’aide pour assurer l’émission. Aujourd’hui, on est quatre à temps plein sur la production de l’émission et y’en a pas un de trop ! Après, le temps de recherche est variable en fonction des épisodes. Parfois, ça peut prendre deux jours et d’autres… deux semaines !
« Il est important de confronter les points de vue »
Vous avez aussi dû apprendre beaucoup sur la fiabilité des sources… Un petit conseil pour nos lecteurs sur ce point ?
Il faut toujours faire attention à qui écrit ce qu’on est en train de lire. Quel est son parcours, est-ce qu’il est spécialiste du sujet, est-ce qu’il a un intérêt dans l’affaire ? Et surtout, il est important de pouvoir lire plusieurs auteurs et de confronter les points de vue. Il y a en histoire ce qu’on appelle des consensus, c’est-à-dire des sujets sur lesquels les spécialistes sont d’accord en majorité. Mais il y en a d’autres où c’est beaucoup plus compliqué d’y voir clair, car justement les sources ne sont pas fiables. Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître qu’on ne sait pas tout simplement, ou alors préciser que l’on se base sur telle ou telle version de l’Histoire.
Vous vous êtes faits beaucoup de relations parmi les historiens et les profs d’histoire. Est-ce que vous leur donnez des tuyaux pour les aider à rendre leurs cours plus attractifs pour les collégiens et les lycéens ?
Oula non, je ne me permettrais pas ! Nous n’avons d’ailleurs pas le même métier et je serai bien incapable de donner des cours d’Histoire ! En revanche, nos approches sont complémentaires, et je sais que certains profs se servent de mon travail pour aller titiller la curiosité de certains étudiants !
Vous faites plein de choses en plus de votre chaîne. Vous avez par exemple réalisé une série de 10 épisodes sur l’histoire et le jeu vidéo, History’s Creed. Comment vous est venue cette idée ? Et, pour nos lecteurs qui ne la connaissent pas encore, de quoi y parlez-vous ?
Pour être honnête, c’est ARTE qui est venu me chercher et m’a laissé carte blanche pour cette série documentaire. Moi qui suis un gros gamer, je n’ai pas bien mis longtemps à trouver le sujet ! Le but, c’était de croiser l’Histoire et le jeu vidéo, car si j’avais déjà vu des choses sur l’Histoire du jeu vidéo, je n’avais rien vu sur les relations entre l’Histoire et le jeu vidéo. On y revient donc sur l’utilisation des clichés historiques dans les jeux, sur la production d’un jeu « historique » comme Assassin’s Creed, sur le fait que certains jeux utilisent l’Histoire pour délivrer un message politique ou encore sur le fait qu’un jeu ne peut pas vraiment remplacer un cours d’histoire.
Vous avez aussi, il y a quelques années, animé une association, La Vidéothèque d’Alexandrie. Vous êtes par ailleurs à l’origine du festival Les historiques, dont le succès va croissant chaque année. Vous avez aussi plusieurs publications à votre actif : Les Pires batailles de l’Histoire, et la bande dessinée Petites histoires, Grands destins !, publiée cette année. Vous êtes énormément impliqué dans la vulgarisation historique au-delà de YouTube…
Plus la chaîne progressait et gagnait en audience et plus je rencontrais d’historiens et d’amateurs qui partageaient avec moi leurs expériences. Ça a été très riche en enseignement et surtout ça m’a permis d’y voir plus clair sur la notion même de ce qu’est l’Histoire. J’ai pris conscience de beaucoup de choses et j’ai eu envie de m’impliquer, à mon humble mesure, dans le partage de ces expériences.
Quelles est la vidéo dont vous êtes le plus fier, ou disons le plus satisfait ?
C’est compliqué de répondre à cette question parce qu’à chaque fois que je revois une vidéo datant de plus de trois mois, je n’en suis pas satisfait ! Cependant, j’aime beaucoup ma vidéo tuto sur la généalogie, ou encore mes reportages Première et Seconde Guerre mondiale, qui mêlent prises de vues réelles et images d’archives.
Et quelques autres, trois ou quatre, que vous conseilleriez pour vous découvrir, à l’intention de ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Les pires jobs de l’Histoire, la véritable histoire du tombeau des lucioles, la guerre d’Espagne, l’histoire derrière Star Wars, les 25 erreurs dans Braveheart. [liens ci-après]
« Il faut une sacrée dose de chance pour réussir sur YouTube »
A votre avis, y-a-t-il encore de la place aujourd’hui sur YouTube pour des thématiques qui n’auraient pas encore été explorées ?
Oui, la plupart du temps quand quelqu’un aborde une nouvelle thématique on (les vidéastes) se regarde tous en se disant : « Hey mais c’est génial ! Pourquoi on n’y a pas pensé avant ? »
Quels conseils donneriez-vous à des ados qui voudraient se lancer sérieusement dans la vidéo en ligne ?
Tout d’abord, il ne faut pas envisager ça comme un plan de carrière. Concentrez vous d’abord sur vos études. Si vous avez vraiment envie de faire des films, faites des études en audiovisuel ! Mais YouTube ne doit pas être une finalité, pour la simple et bonne raison que le travail ne suffit pas. Il faut une sacrée dose de chance pour réussir sur YouTube et globalement, c’est une plateforme qui est assez injuste sur ce qui marche ou pas. En revanche, vous pouvez très bien vous lancer avec l’idée de réussir et en vous en donnant les moyens. Soignez bien votre son et votre image, préparez bien vos scripts, faites-les vérifier si possible par des gens qui font la même chose que vous, si vous faites de la vulgarisation (si vous faites de la fiction ou de la comédie, c’est plus personnel, peut être…). Dans tous les cas, entourez-vous, car c’est important d’avoir du soutien quand on sort sa première vidéo, autant pour les retours positifs – faut savoir rester sur terre – que sur les retours négatifs – ça ne manquera pas d’arriver et on ne peut pas plaire à tout le monde !
Y-a-t-il une lecture qui vous a particulièrement marqué pendant vos années collège ou lycée ?
Le collège pour moi c’était forcément Harry Potter ! Pour le lycée, j’étais déjà plus attiré par la science-fiction et par les livres d’Isaac Asimov ou de Stefan Wul.
Et pour finir, avez-vous une citation fétiche ?
« Qui ne tente rien, n’a rien ! »
Propos recueillis par Fabien Cluzel
A regarder !
A lire !
Dans l'esprit qui a fait le succès de Nota Bene, Benjamin Brillaud s'attaque aux quinze pires batailles de l'histoire mondiale, de l'Antiquité à nos jours. Genre ? Les Perses qui débarquent à Marathon où ils sont écrasés par une armée athénienne largement inférieure en nombre. Ou encore, durant la Seconde Guerre mondiale, ces neuf chasseurs alpins français qui ont résisté héroïquement à plusieurs milliers de soldats italiens. Malgré sa puissance, son avance technologique ou encore ses effectifs en surnombre par rapport à l'ennemi, une armée n'est jamais à l'abri d'une défaite majeure quand la loi de Murphy, dite de " l'emmerdement maximum ", décide de s'en mêler…
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