Parcoursup : 5 bonnes raisons d’accepter un parcours « oui, si »
Depuis le 2 juin, les lycéens de terminale reçoivent les propositions d'admission dans le cadre de la procédure Parcoursup. Parmi celles possibles, le « oui, si ». Ce que ça signifie ? Que les candidats sont acceptés dans la licence demandée, mais à condition de suivre un dispositif pédagogique adapté, voire de faire la licence en un peu plus de temps que les autres. Mais ces parcours aménagés peuvent se révéler vraiment profitables.
Le parcours « oui, si » était l'une des mesures phares de la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants), mise en œuvre dès la rentrée 2018. Une proposition pas toujours bien vécue car les lycéens pouvaient avoir l'impression d'être montrés du doigt comme des mauvais élèves.
Pourtant, les universités estiment au contraire que, malgré des compétences jugées fragiles dans un ou plusieurs domaines pour réussir la première année, le profil de ces élèves est intéressant. Voici 5 bonnes raisons de ne pas rejeter la proposition d'emblée.
1 - Des cours de méthodologie, de l'encadrement et du tutorat
Certes, ces parcours ne sont pas proposés dans toutes les filières et les dispositifs sont très variables, proposant approfondissements disciplinaires ou remises à niveau, mêlant parfois présentiel et enseignement à distance, et s'étalant sur des durées variables.
Mais, et c'est une première bonne raison de ne pas refuser, dans tous ces dispositifs vous aurez droit à des cours de méthodologie et à un encadrement spécifique (tutorat, dédoublement d'enseignants sur des TP...).
De même, parce qu'ils sont peu nombreux, les étudiants bénéficient de cours en petits groupes, ce qui permet de poser des questions plus facilement, d'avoir des enseignants plus à l'écoute et qui s'adaptent.
2 - Plus de temps pour valider la licence
Certains dispositifs impliquent de suivre la licence en 4 ans au lieu de 3. Certes, un allongement d'études, mais qui laisse le temps de s'approprier les bonnes méthodes de travail. Dans certaines formations, les étudiants ont 2 ans pour valider leur première année, comme c'est le cas au sein de la filière STAPS à l'université de Nantes.
L'université de Grenoble Alpes propose de son côté 3 types de parcours « oui, si » : une L1 « renforcée » en 3 ans, donc comme les autres étudiants en suivant tous les enseignements de première année, mais en bénéficiant de séances de soutien avec un enseignant, de tutorat avec un étudiant tuteur et aussi d'un suivi individuel et personnalisé avec un enseignant référent ; une L1 « étalée » sur 4 ans, la première année se suivant sur 2 années universitaires ; et enfin un parcours de licence qui commence d'abord par une année « préparatoire » qui ne comprend pas les enseignements de la L1 mais seulement des enseignement de remédiation méthodologiques et disciplinaires pour acquérir les connaissances de base des disciplines fondamentales de la licence visée. Les deux dernières formules étant agrémentées des mêmes soutiens que ceux de la L1 « renforcée ».
3 - Des bons taux de réussite dans certaines filières
Là aussi, beaucoup de disparités et peu d'années de recul (lisez à ce sujet l'encadré en fin d'article). Ce à quoi peut s'ajouter une évaluation pas nécessairement exhaustive des bénéfices de ces dispositifs, qui ont pu rencontrer des difficultés de mise en œuvre avec la crise sanitaire. Mais certains semblent efficaces. À l'université Paul Sabatier à Toulouse, ceux qui suivent les dispositifs aménagés en licences sciences-ingénierie s'en sortent plutôt bien. À la fin de l'année 2018-2019, ceux qui avaient bénéficié en première année d'heures de soutien dans les matières centrales et avaient participé à toutes les épreuves, affichaient un taux de réussite de 50 %, ce qui est plutôt pas mal au regard des 60 % qui échouent en France en première année de licence.
Et ceux qui s'étaient inscrits dans la licence en 4 ans (avec une première année notamment consacrée à des cours de renforcement en mathématiques et physique) affichaient d'excellents taux de réussite, puisque 81 % avaient validé leur année.
Au département de Lettres modernes de l'université de Cergy-Pontoise, un tiers des étudiants qui ont bénéficié de cours supplémentaires de soutien, de méthodologie et de langues, était admis en fin d'année et un autre tiers était au rattrapage.
L'université de Grenoble-Alpes, qui propose aussi une « école d'été » en donnant la possibilité de suivre une semaine de mise à niveau au moment de la rentrée, affirme de son côté que les résultats de la première promotion d'étudiants qui ont bénéficié de ce dispositif montrent que, « quand les étudiants respectent leur engagement, c'est-à-dire suivent les tutorats et font le travail demandé, leurs chances de réussite sont très largement supérieures à ce qui aurait été le cas si rien n'avait été fait pour les aider ».
Quant au taux moyen de réussite des STAPS, même s'il n'était pas élevé pour l'ensemble de la filière en France en fin de première année (23,74 %), Didier Delignières, professeur à l'université de Montpellier, le jugeait néanmoins « tout à fait honorable », au regard des « pourcentages de réussite affichés au niveau général par d’autres disciplines universitaires ».
Le côté positif peut s'apprécier aussi par la volonté de certaines universités d'améliorer leurs parcours adaptés en fonction des évaluations qu'elles en font. À Nantes, en Sciences et des Techniques, on a abandonné la formule d'une L1 en 2 ans où un soutien était proposé jusqu'en fin de premier semestre de seconde année pour ne garder que celle où le soutien et la remise à niveau sont dispensés durant l'intégralité des deux années. Dans ce parcours aménagé nommé TREMP-Li-N sont proposés notamment, en plus des créneaux d'enseignement et des cours travaux dirigés intégrés (CTDI) et TP, des ateliers de développement des compétences transversales et des projets de groupe.
4 - Dans certaines filières, on peut réintégrer la licence classique
Sachez aussi qu'en fonction des résultats, dans certaines filières, on peut sortir du dispositif pour intégrer la licence classique. À la faculté d'économie et de gestion d'Aix-Marseille Université, les étudiants « oui, si » qui suivent le PARI (Parcours d'accompagnement à la réussite individualisé) et doivent réaliser leur année de L1 en 2 ans, peuvent, s'ils valident les UE du premier semestre avec de bons résultats, et sur avis de l'équipe pédagogique, intégrer dès le second semestre la L1 en 1 an et bénéficier d'une aide pour rattraper les matières non suivies.
5 - Du soutien à la gestion du stress
Certaines filières ont même prévu de soigner votre intégration et d'être attentives à votre bien-être.
À l'université de Nantes, les étudiants « oui, si » suivent des ateliers de sophrologie en première année de licence STAPS. Pratique qui « aide à gérer le stress, les émotions, les douleurs, préparer un événement (exam, entretien, etc.), à combattre les troubles du comportement alimentaire, les troubles du sommeil, à améliorer sa concentration », et permet « en découvrant ses propres ressources, de penser et d'agir positivement au quotidien ».
La sophrologie est également proposée par l'université Paris-Saclay. C'est en effet l'un des 7 modules dits de compétences transversales à choisir, au premier semestre, par les étudiants qui ont accepté une formation en « oui, si ». Ils peuvent aussi, entre autres, apprendre à maîtriser leurs intelligences émotionnelles, la prise de parole ou encore bénéficier d'un accompagnement en cas de dyslexie.
Bref, prenez vraiment le temps de réfléchir face à ce type de proposition, surtout si c'est une formation qui a priori vous plaît. Mais attention, les délais pour répondre ont été raccourcis par rapport à l'an passé. Vous aurez jusqu'au 7 Juin pour accepter une proposition reçue le 2 ou le 3 juin, soit 5 ou 4 jours, et ensuite seulement 2 jours pour l'accepter entre le 4 juin et le 15 juillet. Et vous pouvez accepter une proposition d'admission et préciser le ou les vœux pour lesquels vous souhaitez maintenir votre place lorsque que vous aurez été mis en liste d'attente
Camille Pons
A savoir
Selon une note, qui porte sur les deux premières années de mise en œuvre des parcours aménagés, publiée en avril 2021 par le département statistiques du ministère de l'Enseignement supérieur, environ 30 % des nouveaux bacheliers inscrits avec un aménagement pédagogique passent en L2. Cela représente plus d'un néo-bachelier sur cinq inscrit en parcours aménagé. C'est moins que les nouveaux bacheliers inscrits en première année « classique » puisqu'ils sont 45 % à passer en L2. Néanmoins, ces cursus aménagés semblent profiter à ceux qui partaient auparavant très désavantagés. Ainsi, 3 % des titulaires d'un bac pro passent en 2e année après un cursus « oui, si », alors que seul 1 étudiant sur 100 titulaire d'un bac pro franchit le cap sans parcours adapté. Chez les étudiants titulaires d'un bac technologique, la réussite passe de 4 % des inscrits en situation normale à 13 % après une année « oui, si ».
En 2019, 29 900 candidats avaient accepté une proposition « oui, si ». En 2018, année de mise en œuvre de la loi ORE, ils étaient 21 300, soit 41 % de candidats supplémentaires en un an. Un rapport de la Cour des comptes de février 2020 préconise de le mettre aussi en place en BTS pour améliorer la réussite des bacheliers professionnels.