Jean-Sébastien Hongre : « Il faut s’intéresser aux autres et à la conduite du monde »
Pionnier du web dans les années 90, Jean-Sébastien Hongre est un dirigeant d’entreprise pas comme les autres. Fondateur et PDG du groupe international Teaminside, qui accompagne notamment les entreprises dans leur transformation digitale, il est aussi romancier. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser a priori, il a sur le numérique, mais aussi sur la société matérialiste, un regard critique qui mérite d’être partagé. C’est pourquoi Vivre au Lycée l’a rencontré.
Quels sont les métiers du digital qui recrutent le plus aujourd’hui ? Et ceux qui ont du mal à recruter, parce qu’il n’y a pas assez de jeunes diplômés bien formés sur le marché ? Les métiers sont nombreux : chef de projet, Product Owner, responsable de communication digitale, chef de projet réseaux sociaux, UX (User experience), UI (User Interface), Community Manager, webmaster, e-merchandiser, chef de projet SEA/SEO, responsable affiliation… il y en a pour tous les goûts, des plus créatifs aux plus « rationnels ». Actuellement, on peut considérer que tous les métiers du digital recrutent ! Même s’il y a eu une pause suite à la crise sanitaire, et que cela risque de perdurer dans les mois à venir, on a pu constater que dans une crise comme celle-ci, le e-commerce, les réseaux sociaux et les outils collaboratifs sont de sacrés remparts pour que l’économie puisse continuer à tourner. Par ailleurs, chez Teaminside, nous étudions plus de 1 000 CV par mois, nous contactons 200 à 300 personnes, plutôt en début de carrière, et faisons passer 60 entretiens. Le sujet pour nous est de choisir ceux qui sont à la fois curieux, rigoureux, travailleur et capable de s’adapter : nos métiers évoluent, ils devront apprendre de nouvelles choses toute leur vie professionnelle. Il commence à y avoir pas mal de très bonnes formations, mais des métiers restent clairement en pénurie de candidats bien formés (Data, UX, …).Quelles sont les meilleures filières d’études pour s’y former ?
Pour les métiers de chef de projet, on peut faire une école de commerce spécialisée, une université (comme Léonard de Vinci) ou encore une école de design et de création graphique pour les UX et UI. Les conseillers d’orientation les connaissent bien désormais.
Dans un avenir proche ou à moyen terme, quels métiers, pas encore clairement identifiés aujourd’hui, pourraient se dessiner et offrir des débouchés intéressants aux futurs jeunes diplômés ?
C’est difficile à dire. L’essor de la voix permet d’imaginer une croissance des ergonomes pour les intelligences artificielles. Mais le gros des bataillons est déjà identifié dans les métiers que j’ai décris précédemment. Ils monteront en volume et en spécialité.
En quoi les soft skills vous semblent-elles au moins aussi importantes que les hard skills (compétences techniques) ?
Elles sont clés, voire même plus importantes à mesure que le temps passe. En début de carrière, le sujet, c’est la fiabilité. On ne cherche pas des génies, mais des personnes sur qui on peut compter : on leur confie une tâche, il faut que ce soit fait sérieusement, avec rigueur. Ainsi, on peut avoir confiance, et ensuite on va passer à des choses plus importantes. On développe alors l’art de prioriser ses tâches, de les ordonner, de leur donner le bon temps, puis celui de déléguer, d’interagir avec les autres, de communiquer. Ensuite vient le temps de l’initiative, des idées, de la stratégie.
L’encadrement et le fait d’avoir une équipe requiert un « savoir-être » (soft skill) adapté : on ne dirige plus par autoritarisme désormais : on avance en mode projet, et le « chef » est davantage un guide. Il montre la voie, forme, et aide chacun à déployer ses talents. Et pour faire cela, il faut de la psychologie, posséder une capacité d’écoute, et celle de convaincre aussi. Développer ses soft skills, c’est apprendre à connaître les autres, à développer l’empathie. La vie sociale et la curiosité sont des alliés, la littérature aussi, tout comme la culture générale (art, histoire, …). Bref, il faut s’intéresser aux autres et à la conduite du monde. Le digital est partout. En tant qu’un des pionniers français du web, c’est votre cœur de métier et pourtant, dans une interview récente dans laquelle on vous demandait « comment humaniser le digital », vous avez répondu : « en éteignant son portable » ! Vous déclariez également que s’accorder des bulles de déconnexion devrait être une des premières des libertés à apprendre aux enfants. Ça peut paraître paradoxal ! Le digital est un moyen et non une fin ! La fin, c’est de vivre, vivre vraiment et non par procuration. L’existence ne dure qu’une fois, et le réel est le réel, il n’y en a qu’un, alors il faut tout prendre, ne pas avoir peur de l’échec. Tout prendre, c’est accepter toutes les émotions, les douleurs comme les joies, les drames comme les merveilleux moments. La quête du bonheur absolue ou de la réussite absolue (belle voiture, belle maison, belle femme ou belle homme) me semblent être des leurres. Agir, faire, construire, tracer une ligne le temps de son existence selon ses propres passions, c’est l’inverse d’une fuite dans les espaces virtuels. Au centre, demeure l’ancrage dans la vie réelle. Le digital devient alors un moyen de vivre plus et non un enfermement. Votre groupe, Teaminside, comprend notamment La Relève, une start-up qui aide les jeunes à trouver leur job. Pouvez-vous nous la présenter ? La Relève est un accélérateur de recrutement et de croissance qui existe depuis 6 ans. Sa mission est d’accompagner les startups, les TPE et les PME dans le recrutement de leur équipe Sales, Tech et Digitale. Sa deuxième spécialisation, c’est d’intervenir sur le recrutement de profils juniors (0-5 ans d’expérience) : stagiaires, alternants et CDI juniors. Depuis le début, La Relève a noué des partenariats forts avec les écoles supérieures de commerce, digitales et web, et a créé une communauté importante d’étudiants. Aujourd’hui, sa base de données compte 150 000 candidats qui ont entre 17 et 27 ans. Depuis février dernier, La Relève a rejoint Teaminside pour compléter notre offre de recrutement car nous disposons aussi dans le Groupe d’un cabinet de « chasse » (Aravati) qui traite les profils plus expérimentés.
Développer ses soft skills, c’est apprendre à connaître les autres
L’encadrement et le fait d’avoir une équipe requiert un « savoir-être » (soft skill) adapté : on ne dirige plus par autoritarisme désormais : on avance en mode projet, et le « chef » est davantage un guide. Il montre la voie, forme, et aide chacun à déployer ses talents. Et pour faire cela, il faut de la psychologie, posséder une capacité d’écoute, et celle de convaincre aussi. Développer ses soft skills, c’est apprendre à connaître les autres, à développer l’empathie. La vie sociale et la curiosité sont des alliés, la littérature aussi, tout comme la culture générale (art, histoire, …). Bref, il faut s’intéresser aux autres et à la conduite du monde. Le digital est partout. En tant qu’un des pionniers français du web, c’est votre cœur de métier et pourtant, dans une interview récente dans laquelle on vous demandait « comment humaniser le digital », vous avez répondu : « en éteignant son portable » ! Vous déclariez également que s’accorder des bulles de déconnexion devrait être une des premières des libertés à apprendre aux enfants. Ça peut paraître paradoxal ! Le digital est un moyen et non une fin ! La fin, c’est de vivre, vivre vraiment et non par procuration. L’existence ne dure qu’une fois, et le réel est le réel, il n’y en a qu’un, alors il faut tout prendre, ne pas avoir peur de l’échec. Tout prendre, c’est accepter toutes les émotions, les douleurs comme les joies, les drames comme les merveilleux moments. La quête du bonheur absolue ou de la réussite absolue (belle voiture, belle maison, belle femme ou belle homme) me semblent être des leurres. Agir, faire, construire, tracer une ligne le temps de son existence selon ses propres passions, c’est l’inverse d’une fuite dans les espaces virtuels. Au centre, demeure l’ancrage dans la vie réelle. Le digital devient alors un moyen de vivre plus et non un enfermement. Votre groupe, Teaminside, comprend notamment La Relève, une start-up qui aide les jeunes à trouver leur job. Pouvez-vous nous la présenter ? La Relève est un accélérateur de recrutement et de croissance qui existe depuis 6 ans. Sa mission est d’accompagner les startups, les TPE et les PME dans le recrutement de leur équipe Sales, Tech et Digitale. Sa deuxième spécialisation, c’est d’intervenir sur le recrutement de profils juniors (0-5 ans d’expérience) : stagiaires, alternants et CDI juniors. Depuis le début, La Relève a noué des partenariats forts avec les écoles supérieures de commerce, digitales et web, et a créé une communauté importante d’étudiants. Aujourd’hui, sa base de données compte 150 000 candidats qui ont entre 17 et 27 ans. Depuis février dernier, La Relève a rejoint Teaminside pour compléter notre offre de recrutement car nous disposons aussi dans le Groupe d’un cabinet de « chasse » (Aravati) qui traite les profils plus expérimentés.
En seconde, j’ai compris que je jouais les 50 prochaines années de ma vie
Comme je n’étais pas doué, j’ai beaucoup travaillé
Y a-t-il une citation ou un leitmotive qui vous accompagne au quotidien, notamment face aux difficultés ?
Face aux difficultés, et cette période n’est pas de tout repos, j’ai quelques marottes que je me répète souvent au bureau, en vrac :
- Le « non » est acquis,
- Prévoir c’est gouverner,
- Préférer la fourmi à la cigale,
- Ce qui est fait n’est plus à faire,
- Un tien vaut mieux que deux tu l’auras,
- Le mieux est l’ennemi du bien,
- Il faut raisonner en « et » et pas en « ou »,
- On ne récolte pas sans semer.