La notion de République ne vous est pas étrangère : on en parle lorsqu’on étudie Rome en histoire, puis avec la Révolution française, et jusqu’en philo avec Platon. Il ne vous a probablement pas échappé non plus que notre pays est une république. Pour autant, qu’est-ce que ça veut dire, « être républicain » ?
On peut d’autant plus se poser la question qu’avec l’actualité, les repères se brouillent un peu : Donald Trump est issu du parti « Républicain » aux Etats-Unis, et en France également un parti s’appelle « Les Républicains ».
Revenons à l’essentiel : dans son sens premier et principal, un républicain est celui qui est favorable à… la République, évidemment !
L’État et le bien public
La République est un régime politique doté de certains caractères précis :
- un texte primordial dit comment le pouvoir est organisé : c’est la Constitution,
- le pouvoir vient du peuple, mais est délégué à une puissance souveraine : l’État,
- l’État et le bien public (ce qui appartient à tous, comme l’école, la justice…), occupent une place très importante, avec pour objectif l’intérêt général,
- le gens veulent vivre ensemble autour de valeurs communes.
Mais attention ! Cela ne veut pas dire que toutes les républiques sont démocratiques : ainsi, dans la république romaine, avant la prise de pouvoir par Jules César – qui sera dictateur, mais pas empereur – beaucoup de biens et de services sont publics, mais le vote démocratique n’est pas généralisé.
À l’inverse, une démocratie peut ne pas être républicaine : c’est le cas des monarchies britannique et espagnole par exemple, dont le chef d’État est un monarque. Cela dit, dans la réalité, ce monarque n’a pas beaucoup de pouvoir et ces démocraties ressemblent beaucoup à des républiques.
Lorsqu’un pays vit sous le régime républicain, une constitution énonce les règles et les lois fondamentales qui organisent l’exercice du pouvoir, en particulier en le « partageant » entre le pouvoir exécutif (gouvernement, président) et le pouvoir législatif (assemblée de représentants élus par les citoyens). Ainsi, la France est régie depuis 1958 par la Constitution de la Ve République.
Les « conservateurs » américains
Le terme républicain désigne aussi les partisans du Parti républicain aux Etats-Unis – et maintenant aussi en France depuis que le parti politique UMP, dont Nicolas Sarkozy avait été le chef, est devenu « Les Républicains » : le mot sert alors d’adjectif pour qualifier un électorat plutôt « conservateur », c’est-à-dire qui ne veut pas trop que les choses changent.
On parle également des républicains espagnols qui, pendant la guerre civile en Espagne (1936-1939), se sont opposés aux troupes du général Franco et voulaient justement établir une République à la place d’une monarchie très conservatrice et traditionnelle. Mais eux, pour le coup, étaient beaucoup plus à gauche que les « républicains » de France ou des Etats-Unis !
Fabien Cluzel
Chose publique
« Res publica » signifie « chose publique » en latin. Une des plus anciennes réflexions de philosophie politique sur ce régime remonte à Platon (428-346), auteur de La République : il décrit la cité idéale dans laquelle les individus pourraient vivre dans une communauté placée sous le signe de la justice. Quand on approfondit toutefois l’œuvre de Platon, on s’aperçoit qu’il avait des côtés un peu dictatoriaux… En France, la Première République française a été proclamée le 21 septembre 1792. Nous vivons aujourd’hui sous le régime de la Ve République, dont la constitution remonte à 1958.