Petite histoire du rire et de l’humour
S’esclaffer bruyamment de manière incontrôlable, ou rire sous cape sans desserrer les lèvres… C’est aussi vieux que l’Homme. Sans pour autant que ça lui soit propre, soit dit en passant. Voilà donc un drôle de sujet.
On sait aujourd’hui que certains singes sont capables de rire. Nos lointains ancêtres velus devaient probablement l’être aussi. À quand une découverte paléontologique majeure : celle d’un homme préhistorique qui se serait décroché la mâchoire ?
Pour l’instant, il faut remonter à l’Antiquité grecque pour observer les premières traces écrites du rire et de l’humour. Diogène, un philosophe grec du 4e siècle avant J.-C., se moquait avec beaucoup de talent des règles de vie en société, qu’il trouvait ennuyeuses et hypocrites.
Alors, c’est un Grec et un Romain…
Et figurez-vous que le plus ancien recueil de blagues connus est grec lui aussi. Il s’agit du Philogelos (« Celui qui aime rire »), une sorte de « best of » de 265 vannes pas forcément toutes très drôles au regard de notre humour moderne, qui date de plusieurs siècles avant notre ère.
À la même époque, circule chez ces impayables Grecs un drôle de livre, le Margitès : il raconte les déboires du personnage du même nom, un simple d'esprit à la stupidité légendaire à qui il arrive des gags qui le ridiculisent.
Après ces œuvres, on pourrait citer les textes du grand poète comique Aristophane (450-386) ou encore Démocrite, Socrate, Aristote : tous ont parlé du rire, non pas toujours pour faire rire, mais pour montrer comment il sert à remettre en question des habitudes de vie en société.
Et après eux, le théâtre romain fit aussi beaucoup rire dans les amphithéâtres…
Vers le rire moderne
Les formes plus modernes de rire doivent beaucoup à Rabelais, au 16e siècle, mais c’est évidemment Molière, avec son théâtre de farce souvent subtil, qui marque le plus l’histoire du rire moderne.
La Fontaine, La Bruyère, Voltaire… Le thème du rire sous ses différentes formes sera répandu chez la quasi-totalité des auteurs classiques : souvent d’ailleurs pour se moquer de l’autorité, faute d’autre moyen de la contester.
Ça ne me fait pas rire
Malgré ses vertus, le rire ne fait pas l’unanimité. Baudelaire, en bon poète maudit pas très porté sur la fantaisie, a eu des mots très durs à son égard, parlant au sujet du « comique » d’un « des plus clairs signes sataniques de l’homme » : il y voyant en effet une manifestation du rejet de l’homme par l’homme. Ambiance…
Plus récemment, le grand philosophe Bergson, pensait un peu comme plus dans son livre « Le rire, Essai sur la signification du comique » (1899), il conclut, sans humour aucun, que le rire demande beaucoup d’insensibilité et est une manière de punir en se moquant.
Sans surprise, on lui préfère les Marx Brothers, Monty Python, Pierres Desproges et les Nuls. Vous ne les connaissez pas encore ? Allez les découvrir sur le Net !
F.C.
* Édité en français aux Milles et une nuit sous le titre Va te marrer chez les Grecs.