Michel Cymes : « J’ai raté mon bac sur une injustice »
Sébastien Mao : Autant je n’ai pas beaucoup aimé la période du collège, autant je garde de bons souvenirs de mes années lycée. Au collège, j’étais assez solitaire et surtout très angoissé par les notes, les professeurs colériques, les contrôles sur table, les heures de colles (à cause de mes retards le matin…)… Au lycée, il y avait bien sûr le stress de la préparation du bac, mais comme j’avais de très bons amis, je garde surtout de ces trois années de très bons souvenirs et surtout beaucoup de fous rires ! Michel Cymes : J’étais très besogneux et très dissipé. J’avais beaucoup de mal à me concentrer et je faisais rire la classe. Je suis passé chaque année dans la classe supérieure en serrant les fesses. Sébastien : Au collège, mon professeur de français, M. Dumont, m’avait inscrit à un concours de jeunes auteurs car j’avais de très bonnes notes en rédaction. Il fallait, à partir de dessin imposés, imaginer une histoire. Même si je n’ai pas remporté le concours, le fait qu’un professeur croit en moi m’a vraiment fait beaucoup de bien ! Michel : L’échec au bac. Je l’ai raté – et je le dis avec beaucoup de recul – sur une véritable injustice à l’oral. Mais cela m’a ouvert la voie sur ma vie d’après. Avant, j’étais insouciant, je me disais que ce que je faisais finirait toujours part passer. Mais après, j’ai ressenti une haine qui m’a donné une force incroyable pour passer mon bac et réussir la première année de médecine du premier coup, ce qui est assez rare. Michel : J’ai été interrogé à l’oral en Histoire par une professeur qui m’a donné 6/20 alors que j’étais tombé sur la question que je connaissais le mieux, en l’occurrence l’épisode du wagon plombé dans lequel Lénine est revenu en Russie. J’ai du dire quelque chose qui ne lui a pas plus alors que, très franchement, j’aurai du avoir une note qui m’aurait donné mon bac. Cela ne veut pas dire que globalement je le méritais, car je n’étais pas un bon élève, mais ça a été injuste de le rater de cette façon. J’ai décroché mon bac D [ancien SVT] l’année suivante. Michel: Plein de motivations différentes, mais surtout le fait que mon meilleur ami d’enfance s’y est dirigé. Je savais que c’était très difficile, mais je me suis servi de lui comme d’une locomotive pour réussir. Après, la passion est venue rapidement. Mais je lui dois mon orientation, et ça fait 58 ans qu’on est amis. Sébastien : Je suis passionné par la politique et les sciences sociales, je suis donc allé jusqu’au master par plaisir et par soif de connaissances. Et puis, vivre de la bande dessiné reste très difficile… Mes diplômes m’ont donc permis de trouver un emploi « sérieux » (rires) ! Je fais donc de la BD par passion, durant mes temps libres. Mais si je le pouvais je ne ferais QUE de la bande dessinée ! Michel : Au collège et au lycée, je n’en avais aucun vu mon niveau ! Mais après, pendant mes années d’études (en particulier la première année, puis à la fin l’internat) j’ai énormément tourné au café et à l’aide de produits boostant aujourd’hui interdits – je regrette d’ailleurs de l’avoir fait. Mais mon principal moteur était la motivation et, au-delà, de faire du sport, en particulier du foot, pour relâcher la pression et me détendre. Sébastien : Le seul « truc » qui ait vraiment fonctionné durant mes révisions était de lire et relire de nombreuses fois ce que j’avais à apprendre. Au bout d’un moment, on finit par connaître son cours par cœur, sans même s’en rendre compte ! Il m’est, aussi arrivé une fois ou deux de faire des antisèches mais les heures de colle qui m’ont été données quand je me suis fait repérer par le prof m’ont dissuadé de persévérer dans cette voie… Michel : L’idée, c’est que tous les supports qui me permettent de faire passer des messages de santé publique ou de faire comprendre comment marche son corps, je les prends, à condition que ce soit bien fait. C’est mon rôle, et comme j’ai la chance incroyable d’être connu, je me sens une responsabilité de faire passer ces messages. En l’occurrence, avec la BD, on peut les adresser à des gens qui peut-être ne lisent pas autre chose ou ne regardent pas beaucoup la télévision. Sébastien : Tout d’abord, j’avais très envie de continuer à travailler avec Michel (nous avions auparavant co-écrit la série Docteur Cymes éditée chez Bamboo*) qui est aussi adorable « en vrai » qu’à la télévision, mais surtout la BD est un média formidable qui permet d’apprendre plein de choses tout en s’amusant ! Si mes manuels scolaires avaient été rédigés sous forme de BD, je suis sûr que j’aurais gardé un meilleur souvenir de mes années au collège… Sébastien : Il n’est pas toujours facile de juger de la qualité de son propre travail. Avant d’envoyer une proposition à un éditeur, il ne faut donc pas hésiter à montrer son travail à des professionnels, lors de festivals de BD par exemple. Sébastien : J’adore les jeux de société comme Ticket to Ride, Les loups garous de Thiercelieux, Jungle Speed… Michel : J’adore partir en mer sur un bateau, car c’est le seul endroit ou je peux être proche du QI d’une moule sans jamais m’ennuyer. Sinon, je m’intéresse à la musique depuis 3 ans. J’ai toujours aimé ça, mais c’était une frustration de ne rien y connaître : je ne connaissais même pas la différence entre une noire et une blanche ! Je me suis mis au saxo et j’adore ça. Michel : En dehors du mien (rires) ? Je lis en ce moment un ouvrage d’Arnold Munnich sur la génétique, afin d’être à jour sur un sujet qui évolue vite. Par le passé, L’Assommoir de Zola m’a beaucoup marqué, mais je recommanderais plutôt Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Sébastien : Je suis en train de lire le nouveau roman d’Edouard Louis, Histoire de la violence, car j’avais adoré son précédent livre, En finir avec Eddy Bellegueule, qui traitait du harcèlement en milieu scolaire. Sébastien : « Le bonheur, cette chose qui n’existe pas, et qui, pourtant, un jour n’est plus » est une phrase d’Henri Barbusse qui nous rappelle l’importance de profiter de la vie et de saisir le bonheur quand il est là. Après, c’est trop tard ! Michel : « Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne »*. Autrement dit : souris aux gens que tu croises en montant, parce que tu risques des les retrouver en redescendant ! Propos recueillis par Fabien Cluzel * Avec le dessinateur Duvigan qui fait aussi partie de la nouvelle aventure.
À l’occasion de la sortie d’une BD drôle et intelligente sur le corps humain, Vivre au Lycée a rencontré deux de ses trois auteurs pour une interview croisée : l’attachant « médiatique doc » Michel Cymes et son « trop sympa » scénariste Sébastien Mao. L’un et l’autre sont revenus pour nous sur leurs parcours et leurs passions.
Au collège et au lycée, quel genre d’élèves étiez-vous : plutôt turbulent, sympa, paresseux, insolent…?
« J’ai raté mon bac sur une injustice…
Quel est l’événement ou l’anecdote la plus marquante de votre parcours scolaire ?
… mais ça ne veut pas dire que je méritais de l’avoir »
Quelle a été cette injustice ?
Qu’est-ce qui vous a amené à la médecine ?
Sébastien, vous êtes titulaires d’un bac + 5 en Sciences politiques… avant de devenir scénariste de BD ! Qu’est-ce qui s’est passé ?!
Café, sport et motivation… et lire et relire
Avez-vous des « trucs » qui vous ont aidé dans vos révisions, et pour réussir, durant vos études ?
Le Corps humain en BD est à la fois drôle et didactique. Qu’est-ce qui vous a amené à ce projet ?
Jeux de société ou seul sur un bateau ?
Quels conseils donneriez-vous à des ados qui voudraient se lancer dans la BD ?
Avez-vous tous les deux des passions qui n’ont rien à voir avec vos métiers respectifs mais que vous cultivez par pur plaisir ?
Le livre qui trône actuellement sur votre table de chevet ?
Votre citation préférée ?
** Dans la Rome antique, dont le pouvoir s’exerçait au Capitole, les condamnés à mort étaient jetés dans un précipice depuis une crête de colline surmontée par la roche Tarpéienne.Y'a comme un os !
Sébastien Mao, docteur Sciences Po