Descartes et le doute méthodique
Crédit photo : Frans Hals Régulièrement, Vivre au Lycée publie des portraits de philosophes dont les idées et les thèmes sont au programme des épreuves du bac. A la manière d’une fiche pratique, ces portraits résument l’essentiel des faits et idées à retenir en vue de l’examen. Gros morceau du programme de philo de terminale, Descartes et le doute méthodique. Descartes est un philosophe, mathématicien et physicien français, qui a vécu entre 1596 et 1650. Il naît à La Haye-en-Touraine, ville aujourd’hui renommée Descartes (rien que ça). Il a une place très importante dans l’histoire de la philosophie. Il est en effet l’un des fondateurs de la philosophie moderne et l’un de principaux représentants du rationalisme moderne. A travers ses travaux en philosophie, il a pour objectif d’atteindre la vérité et, pour ce faire, il développe une méthode rationnelle constituée d’un ensemble de règles dont l’application conduit, avec certitude, à la connaissance de la vérité. Il recherche la certitude absolue. Sacré programme, n’est-ce que pas ? Cette méthode qu’il met en place, c’est le doute méthodique, développé dans ses Méditations métaphysiques. Puisqu’il n’est pas réaliste d’entreprendre de remettre en cause une à une ses connaissances acquises, Descartes décide de remettre en cause les fondements même de la connaissance. Notre rapport au monde, nous l’entretenons d’abord par les sens. C’est à travers eux que nous en faisons l’expérience. Mais, nous dit Descartes, nos sens peuvent nous tromper. Prenez la vue par exemple : si vous plongez un stylo dans un verre d’eau, vous allez le voir se “casser” au niveau de la limite de l’eau. Or, le stylo ne se casse pas réellement, c’est un effet de la lumière. Donc, si l’on suit la logique de Descartes et que l’on décide de douter de tout ce qui n’est pas absolument certain, il est alors pertinent de tenir nos connaissances issues de l’expérience sensible comme incertaines et donc comme fausses. Mais, si l’on peut douter de la fiabilité de nos sens, on ne peut, semble-t-il, douter de leur existence. Si mes yeux me trompent, comme ils le font avec ce stylo, il n’en reste pas moins que je vois. Ainsi, il semblerait que je ne puisse douter de mon corps, tangible, qui rend possible ma vision. Mon corps existe, je peux en être sûr. Mais pouvez-vous réellement être sûr que ce corps que vous percevez est réel ? C’est la question que se pose Descartes. En effet, le caractère tangible de notre corps peut, à bien y réfléchir, être illusoire. Il est possible que vous rêviez. Même si votre rêve vous semble parfaitement improbable une fois réveillé, il forme une illusion assez bien menée pour que vous y croyiez lorsque vous y êtes encore. Ainsi, pouvez-vous savoir avec certitude que ce corps existe et que vous n’êtes pas entrain de le rêver ? Et, allant plus loin, si l’on ne peut pas être certain de l’existence de notre corps on ne peut pas non plus, en suivant la même logique, être sûr de l’existence du monde. Toutefois, nous explique Descartes, que je sois éveillé ou en train de rêver, il semble que certaines idées résistent au doute. En effet, si je ne peux pas savoir avec certitude que cette main que je vois est réelle, ni même que le concept de main soit tiré d’une idée réelle (peut-être que le monde entier est une illusion et que rien de tout ça n’existe), pour autant il faut, nous dit Descartes, que les idées qui composent la main existent. Ainsi, je n’ai pas besoin que la main existe pour la penser, mais j’ai besoin que ses composantes plus simples soient réelles (formes, couleurs, etc.) pour que je suis puisse la former dans mon imagination. Ainsi, je peux douter de l’existence des choses composées, mais pas de la réalité des composants plus simples. Suivant cette logique, Descartes affirme qu’il est raisonnable de douter de la vérité de toutes les sciences qui portent sur des choses composées (physique, astronomie, médecine, etc.) car elles peuvent être imaginaires comme les rêves. Toutefois, je peux considérer comme vraies les sciences qui traitent de choses simples et générales (la figure, le nombre, la grandeur, etc.). Nous voilà donc arrêtés avec au moins la certitude que certaines choses existent : les idées simples et donc, avec, les sciences qui les étudient : la géométrie et l’arithmétique. Pas si vite ! “Car peut-être un Dieu omnipotent m’a créé de telle sorte que j’hallucine le monde physique et me trompe, même en faisant des mathématiques” nous dit Descartes dans ses Méditations métaphysiques. Ainsi, le doute peut également s’appliquer aux choses simples car rien ne prouve qu’un Dieu trompeur ne m’induit pas en erreur en permanence. Peut-être le fait-il chaque fois que je calcule deux plus deux (pour Descartes, les mathématiques font parties des choses simples). Dieu est suprêmement bon pour Descartes, donc il est impossible qu’il me trompe délibérément. Par contre, il est possible qu’il me laisse la possibilité de me tromper, sans intervenir. Donc, la certitude que nous avions réussi à obtenir tombe. Nous devons douter également de l’arithmétique et de la géométrie. A ce stade, Descartes n’a donc rien trouvé dont il n’ait raison de douter, mais les raisons de ce doute sont trop subtiles et difficiles pour empêcher le retour en force des anciennes opinions. Ces idées, qu’il devrait considérer comme fausses, sont trop présentes à son esprit pour qu’il puisse s’en débarrasser. Il introduit donc alors l’hypothèse du malin génie. Selon lui, on ne peut pas être absolument certain qu’un malin génie ne s’attèle pas à nous tromper en permanence. Ici, la simple possibilité que cet être existe suffit à menacer toute la pensée. Chaque fois qu’une proposition se présentera candidate à certitude, Descartes se demandera si le malin génie ne cherche pas à le tromper à son propos. Rien ne semble donc résister au doute méthodique et nous ne pouvons être sûr de rien. Nous voilà bien avancés… Sauf que ! Descartes constate que, même si toutes nos pensées sont des illusions, il y a nécessairement un sujet de l’illusion, un sujet pensant qui en est la victime. Le doute débouche ici sur une certitude absolue (enfin !) : je doute, il y a donc quelque chose qui doute, je suis donc une chose pensante. S’il y a bien une chose dont le doute ne saurait avoir raison, c’est bien ma puissance de douter elle-même. Dès lors que je doute, je sais que je pense et donc, que j’existe. D’où les très célèbres formules : “Je pense donc je suis” (en latin cogito ergo sum) et “Je pense, j’existe”. Le doute de Descartes a pour caractéristiques d’être : Après avoir appliqué son doute méthodique aux fondements de la connaissance, il constate que la seule chose qui résiste au doute est le doute lui-même. Il peut savoir avec certitude, puisqu’il doute, qu’il est un être pensant et donc qu’il existe. Le cogito, tiré de la célèbre formule cogito ergo sum (je pense, donc je suis) est la première certitude résistant à l’épreuve du doute méthodique. Il désigne un mouvement réflexif dans lequel le sujet se reconnaît comme conscient. On doit à Descartes la théorie de “l’animal-machine”, qui réduit l’animal à sa fonction mécanique et le compare à une machine fabriquée. Les animaux seraient ainsi un assemblage de pièces et de rouages, dénué de conscience ou de pensée. Pour Descartes, l’animal-machine est seulement mû par la pulsion : un stimulus extérieur entraîne une réponse comportementale que l’homme peut prévoir. Fanny Aici “Pour examiner la vérité, il est besoin, une fois dans sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu’il se peut.” – Principes de philosophie “La puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens, ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes.” – Méditations métaphysiques Discours de la méthode (1637) Méditations métaphysiques (1641) Comprendre Descartes en vidéo avec Monsieur Phi
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