Platon et l’Allégorie de la caverne
Régulièrement, Vivre au Lycée publie des portraits de philosophes dont les idées et les thèmes sont au programme des épreuves du bac. A la manière d’une fiche pratique, ces portraits résument l’essentiel des faits et idées à retenir en vue de l’examen. Aujourd’hui, Platon et la célèbre Allégorie de la caverne. Repères généraux Platon est un philosophe grec (IVe siècle av. J.-C.). Il est l’élève et le disciple de Socrate et fait partie des grandes figures de la philosophie. C’est grâce à lui que nous connaissons la pensée de Socrate, car ce dernier n’a rien écrit. Soit dit en passant, c’est un truc facile pour clore le bec aux prétentieux : demandez-leur s’ils ont lu Socrate. S’ils veulent faire les malins et répondent « oui », rappelez-leur que c’est impossible ! C’est en réalité Platon qui a mit en scène dans ses écrits, lui et d’autres personnages, sous la forme des Dialogues. Chacun de ces Dialogues est l’occasion d’aborder un sujet particulier : le beau, le courage, l’amour, la justice, etc. Grandes idées Platon distingue deux mondes : Dans La République, au livre VII, Platon présente l’allégorie de la caverne, un texte très souvent étudié car il condense toute sa théorie philosophique. Si vous comprenez les idées de ce texte, vous aurez compris dans les grandes lignes la philosophie de Platon. Source : 4edges, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons L’ignorance Dans ce texte, Platon propose l’exercice de pensée suivant : imaginez une grotte dans laquelle des prisonniers sont enchaînés, de sorte qu’ils ne voient que le fond de la grotte. Derrière eux, sans qu’ils puissent le voir, un feu est allumé et, entre les prisonniers et le feu, des gens que Platon qualifient de “montreurs” ont pour rôle de projeter des ombres au fond de la grotte. Ces montreurs projettent des ombres très diverses : des hommes, des animaux, ou tout autre type de forme ou de matière. Les prisonniers, enchaînés, sont là depuis leur enfance et n’ont jamais rien vu d’autre que les ombres au fond de la grotte ou leurs voisins. Suivant cette logique, nous dit Platon, les prisonniers de la grotte prendront les ombres pour des objets réels, puisque c’est la seule réalité qu’ils connaissent. Selon Platon donc, nous sommes pareils à ces prisonniers. Nous sommes trompés par nos sens et sommes spontanément dans l’erreur. Ici, l’intérieur de la caverne représente le monde des illusions, le fameux monde matériel et sensible cité plus haut. Les ombres que nous voyons, immatérielles et déformées, ne sont que de simples reflets de la réalité. Le chemin vers la connaissance Une fois ce tableau dépeint, Platon continue son allégorie en imaginant que l’un des prisonniers soit détaché et amené vers l’extérieur de la grotte. Tout naturellement, celui-ci sera ébloui par la lumière, en souffrira et n’arrivera pas à distinguer clairement les objets qui sont autour de lui. Le prisonnier sera donc au départ en souffrance. Il aura, nous dit Platon, “besoin d’habitude pour voir les objets de la région supérieure. D’abord ce seront les ombres qu’il distinguera le plus facilement, puis les images des hommes et des autres objets qui se reflètent dans les eaux, ensuite les objets eux-mêmes”. Ce chemin qu’entreprend le prisonnier dans l’allégorie représente symboliquement l’apprentissage. Ici, l’accès au vrai est associé à la liberté. Au même titre que le prisonnier qui quitte sa caverne faite d’ombres et de lueurs pour le monde réel éclairé par le soleil, celui qui accède à la connaissance se libère de ses illusions pour accéder au monde des Idées. Dans le texte, la distinction entre obscurité et lumière est très importante. L’obscurité renvoie symboliquement à l’ignorance et s’oppose à la lumière qui, elle, est associée à la connaissance et à la vérité. Le passage de l’obscurité à la lumière est un choc, une violence. Il l’est sur le plan physique pour le prisonnier, mais c’est aussi une métaphore de la violence que représente l’accès à la connaissance pour les hommes. Il est en effet douloureux d’admettre et de comprendre que nous avons été dans l’erreur toute notre vie. Aussi, lorsque nous la contemplons pour la première fois, la vérité nous éblouit. Et ce n’est pas tant la vérité en elle-même qui nous éblouit, mais le fait que nous soyons confrontés à quelque chose de nouveau. Toutefois, une fois le choc passé, avec du temps, nos yeux s’habituent à la vérité. Ici, Platon met en avant le caractère progressiste de l’accès à la vérité. En effet, la connaissance n’est pas quelque chose qui s’acquiert du jour au lendemain, mais demande un long apprentissage. L’accès à la sagesse Cet accès à la connaissance permet au prisonnier de devenir un homme savant et sage. Une fois qu’il a eu accès à la connaissance, l’homme ne peut plus retomber dans l’ignorance, car la connaissance est source de bonheur. En effet, “ne préférera-t-il pas mille fois n’être qu’un valet de charrue, au service d’un pauvre laboureur, et de souffrir tout au monde plutôt que de revenir à ses anciennes illusions et vivre comme il vivait ?”. C’est donc l’éducation et l’accès au monde des Idées qui permettent à l’homme d’accéder au bonheur et de devenir sage. Ce qu’il faut retenir L’allégorie de la caverne est une métaphore du chemin qu’empruntent les hommes pour accéder à la connaissance, au monde des Idées. D’abord, ils sont prisonniers de leur ignorance, puis, même si le chemin est difficile et douloureux, grâce à l’apprentissage ils accèdent à la connaissance. C’est le travail du philosophe de libérer les prisonniers et de les amener vers la lumière. Le terme à bien retenir L’allégorie est une métaphore, un récit symbolique qui permet d’exprimer une idée. Elle permet de représenter de façon imagée, en la matérialisant, une idée abstraite. Le saviez-vous ? Platon et Socrate, c’est un peu comme la poule et l’œuf, on a parfois du mal à se souvenir qui est arrivé le premier. D’autant que Platon a lui-même fondé une école, l’Académie, dont Aristote a été un disciple. Donc, pour retenir l’ordre de ces trois philosophes : Socrate, Platon, Aristote, il vous suffit de retenir l’acronyme SPA. Fanny Aici “Quant à la montée dans la région supérieure et à la contemplation de ses objets, si tu la considères comme l’ascension de l’âme vers le lieu intelligible, tu ne te tromperas pas sur ma pensée.” – Platon, La République, livre VII
Les citations
Comprendre en vidéo avec Cyrus North