Platon et le Banquet – Première partie
Régulièrement, Vivre au Lycée publie des portraits de philosophes dont les idées et les thèmes sont au programme des épreuves du bac. A la manière d’une fiche pratique, ces portraits résument l’essentiel des faits et idées à retenir en vue de l’examen. Dans cet article, Le Banquet de Platon – première partie. REPERES GENERAUX Platon est un philosophe grec du IVe siècle av. J.-C. Il est l’élève et le disciple de Socrate et fait partie des grandes figures de la philosophie. C’est grâce à lui que nous connaissons la pensée de Socrate, qui de son côté n’a rien écrit. Platon le met en scène dans ses écrits, lui et d’autres personnages, sous forme de Dialogues. Chacun de ces Dialogues est l’occasion d’aborder un sujet particulier : le beau, le courage, l’amour, la justice, etc. GRANDES IDEES Le Banquet fait partie des Discours les plus célèbres de Platon et a pour sujet l’Amour. Rédigé dans les alentours de 380 av. J.-C., le Banquet met en scène des figures marquantes de l’élite athénienne, toutes réunies chez Agathon, qui vont chercher à déterminer ce qu’est l’Amour et à lui rendre hommage. Tous, un à un, vont partager leur vision de l’Amour. Le Discours est divisé en trois parties, et nous allons voir ici les points essentiels des cinq premiers discours, qui correspondent à la première partie du Banquet : ceux qui exposent les théories non philosophiques de l’Amour. Le discours de Phèdre : Phèdre, qui prend la parole en premier, explique que l’Amour fait partie des dieux les plus anciens et qu’il est la source des plus grands biens puisqu’il a la plus grande dignité et le pouvoir d’accorder aux hommes la vertu et le bonheur. Pour lui, l’Amour est le meilleur guide dans l’existence puisqu’il incite les hommes à fuir les actions laides et à se tourner vers les actions belles. Ainsi, explique-t-il, si l’on s’imaginait une armée formée de couples, il n’y aurait aucun doute que les hommes la composant ne se montreraient ni lâches ni mauvais car “pour un homme qui aime, en effet, perdre pied ou jeter les armes sous les yeux de son amour serait pire que de le faire sous les yeux de toute une armée”. Le discours de Pausanias : Pour Pausanias, il faut reposer le problème et commencer par déterminer de quel Amour on parle. Il fait en effet une distinction entre deux Amours : l’Amour vulgaire et l’Amour céleste. L’amour Vulgaire, qui se pratique notamment entre personnes de sexe opposé, est celui qui incite les amants à s’intéresser plus au corps qu’à l’âme. Il intéresse les “âmes basses”, celles qui préfèrent le corps à l’âme et dont l’amour ne peut être constant, “puisque l’objet de [leur] amour ne l’est pas”. L’Amour Céleste, dont Pausanias fait l’éloge, est celui qui se pratique entre hommes, qui est un amour du corps et de l’esprit. Il est recherché par quelqu’un de valeur qui, en s’attachant “à la valeur morale de quelqu’un en reste l’amant toute sa vie, parce qu’il adhère à quelque chose de constant”. Le discours d’Eryximaque : Eryximaque reprend la distinction des deux amours de Pausanias mais propose de l’étendre à des principes plus généraux. En effet, pour lui, cette distinction peut se retrouver dans les rapports de tous les êtres, aussi bien animés qu’inanimés. Il entend démontrer que l’amour noble crée l’harmonie, tandis que l’amour vulgaire crée le désordre et la destruction. Pour étayer son propos, il prend plusieurs exemples, parmi lesquels : L’amour se révèle donc comme un principe d’harmonie et de régulation dans tous les domaines et chez tous les êtres, aussi bien chez les hommes que chez les dieux. Le discours d’Aristophane : Dans son discours, Aristophane cherche à déterminer l’origine du désir et présente le mythe de l’androgyne. A son origine, l’espèce humaine se divisait en trois genres : l’homme double, la femme double et l’androgyne. “Chaque homme était tout d’une pièce, ayant le dos rond, les flancs en cercle, quatre mains et autant de pieds ; deux visages opposés bien que tout pareils, au sommet d’un cou soigneusement arrondi, mais n’en formant pas moins une seule tête ; quatre oreilles, deux sexes, et le reste à l’avenant”. Êtres de forme parfaite, formant un tout équilibré et complet, forts et vigoureux, ces humains s’en prennent bientôt aux dieux eux-mêmes, tentant d’escalader le ciel pour s’attaquer à eux. Souhaitant les punir sans pour autant les anéantir, Zeus décide de les couper en deux. Chaque moitié, désormais privée de l’autre partie de son être, n’aspire qu’à reconstituer son unité originelle. Celui qui est issu de l’androgyne cherchera une moitié de sexe opposé, tandis que celui qui est issu de l’homme double ou de la femme double cherchera une moitié du même sexe. L’amour est donc ici, pour la première fois, défini comme une quête liée à un manque et à un désir de retourner à un état de nature lointain. De ce mythe a été engendrée la conception de l’amour comme recherche de sa “moitié”. Le discours d’Agathon : Agathon dépeint un Amour différent de celui présenté avant, notamment par Phèdre. Il propose en effet un Amour jeune et resplendissant. Pour lui, l’Amour est le plus jeune, le plus heureux et le plus beau des dieux. Il va donc présenter, dans son discours, ce qu’est l’Amour, ses qualités et ses dons. L’amour est très beau parce qu’il est le plus jeune ; il est délicat, la preuve étant qu’il a choisi pour demeure les cœurs et les âmes des hommes et des dieux ; il est fluide, harmonieux et gracieux. Ses vertus sont nombreuses : sa vertu majeure est qu’il est juste, qu’il n’exerce ni ne subit la violence ; il est doué d’une extrême tempérance puisqu’il triomphe de tous les plaisirs, nul plaisir n’étant plus fort que l’amour ; enfin, il est le plus courageux des dieux. Le dieu de l’Amour est un poète, du moins, affirme Agathon, “n’est-il personne qui ne devienne poète pour peu qu’il ait touché à l’amour”. Plus généralement, il est la cause de toute création, de celle des êtres vivants par la procréation et de toutes les inventions des hommes et des dieux. CE QU’IL FAUT RETENIR Cette première partie du Banquet donne la parole à cinq orateurs. Celui dont vous devez surtout retenir le propos est Aristophane. En effet, le mythe de l’androgyne est l’un des textes les plus célèbres de Platon. Le mythe raconté par Aristophane sert à expliquer l’origine du désir et à rendre compte de la diversité des orientations sexuelles des êtres humains et des misères de l’amour. Après que Zeus ait coupé en deux les êtres primordiaux, chacun d’entre eux se sent incomplet et cherche à travers le monde sa partie manquante. Ceci rend compte du sentiment de manque qui caractérise le désir. Le désir est donc un manque, l’aspiration à trouver l’autre partie de soi-même représentant le désir fondamental. Fanny Aici “La cause en est que notre nature première était une et que nous ne faisions qu’un ; et ce que l’on nomme l’amour n’est rien d’autre que le désir et la quête de cette unité.” – Platon, Le Banquet, extrait du Discours d’Aristophane “Rien n’est ni beau ni laid en soi ; une chose bien faite est belle, et laide si elle est mal faite ; or, s’il est laid de complaire bassement à une âme basse, il est beau de céder en beauté à quelqu’un de valeur.” – Platon, Le Banquet, extrait du Discours de Pausanias
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LES CITATIONS