Faut-il avoir peur du vaccin à ARN messager ?
Sujet d’actualité avec la pandémie, le vaccin à ARN messager soulève beaucoup de questions. Pourquoi ? Comment fonctionne-t-il concrètement ? Vivre au Lycée vous donne toutes les clés pour que vous compreniez de quoi il s’agit.
Avant d’essayer de comprendre le fonctionnement d’un vaccin à ARN messager, faisons un tour du côté des vaccins plus classiques pour comprendre comment ils marchent.
Informer le système immunitaire
Un vaccin a pour but d’apprendre au système immunitaire à quoi ressemble un virus, afin qu’il puisse l’attaquer dès qu’il le repère.
Quand nous sommes attaqués par un virus, notre système immunitaire crée des anticorps pour se défendre. Les vaccins classiques, pour la plupart, injectent une version inactive ou affaiblie du virus dans notre organisme, afin que notre système immunitaire apprenne à le reconnaître. Il crée alors les anticorps nécessaires pour se défendre et sait donc comment réagir en cas d’infection naturelle par le virus.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les vaccins permettent d’éviter 2 à 3 millions de décès chaque année. Ils sont considérés comme une des plus grandes réussites de la médecine moderne. En France, 11 vaccins en tout sont obligatoires : il s’agit des vaccins contre la coqueluche, les infections invasives à Haemophilus influenzae de type b, l’hépatite B, les infections à pneumocoque, les infections invasives à méningocoque de sérogroupe C, la rougeole, les oreillons et la rubéole.
Un ARN messager, qu’est-ce que c’est ?
La Covid-19 est une maladie infectieuse, causée par un coronavirus, le SARS-CoV-2, qui touche principalement les voies respiratoires. Le vaccin à ARN messager utilisé pour lutter contre le SARS-CoV-2 ne fonctionne pas comme un vaccin classique.
Pour commencer, il est important de comprendre comment fonctionnent nos cellules. Celles-ci sont composées d’un milieu interne (le cytoplasme), qui accueille un noyau qui contient les informations génétiques (l’ADN).
Le noyau est une espèce de château fort très bien gardé qui contient l’ADN, celui-ci servant de “plan de fabrication” des protéines, dont nos cellules ont besoin pour fonctionner. Pour créer des protéines (qui sont des assemblages d’acides aminés), nos cellules ont donc besoin des informations qui sont dans nos gènes.
Ce sont les ribosomes qui servent “d’usines de fabrication”. Ces ribosomes se trouvent à l’extérieur du noyau (mais toujours dans le cytoplasme). Quand une cellule a besoin de créer une protéine, elle n’utilise pas le plan de fabrication original (l’ADN à l’intérieur du noyau) mais une copie : les ARN messagers (acide ribonucléique messager). Cet ARN messager est exporté en dehors du noyau et rejoint les ribosomes, à qui il transmet les informations nécessaires, le fameux plan de fabrication, qui permet aux ribosomes de synthétiser (fabriquer) la protéine demandée.
Ainsi, si l’ADN était une bibliothèque, un ARN messager correspondrait à la copie de quelques pages d’un livre, qu’on sortirait de la bibliothèque pour en utiliser les instructions. L’ADN est « transcrit » en ARN messagers (ARNm), qui quittent le noyau et rejoignent le cytoplasme, pour être « traduits » en protéines par le ribosome.
Le vaccin à ARN messager donne à nos cellules les informations pour coder une protéine, la protéine Spike (ou « spicule » en bon français), qui se trouve à la surface du virus SARS-CoV-2 et lui permet de s’accrocher à nos cellules. Ainsi, avec le vaccin, on envoie un ARN messager du virus à nos cellules. Nos ribosomes, ayant reçu les informations, vont synthétiser la protéine Spike. Une fois la protéine produite, la cellule détruit les informations envoyées par l’ARN messager et s’en débarrasse.
Notre système immunitaire va, de son côté, reconnaître que cette protéine n’a rien à faire là et commencer à lancer une réponse immunitaire en créant des anticorps pour se défendre, ce qui arrive naturellement en cas d’infection par la Covid.
Si vous êtes infecté par le SARS-CoV-2, votre système immunitaire, préparé par le vaccin, va reconnaître la protéine Spike et l’attaquer très rapidement, empêchant le virus et la maladie de s’installer.
Bref, il a joué le rôle d’un vaccin classique, en apprenant à notre corps à se défendre contre de futures infections.
Est-ce que mon ADN va être modifié ?
C’est une crainte qui a été soulevée avec l’arrivée du vaccin à ARN messager. La réponse est non parce que, comme nous l’avons vu plus haut, le noyau est comme un château fort, très bien gardé. L’ARN messager ne va intervenir que dans le cytoplasme et ne peut en aucun cas entrer dans le noyau où se trouvent les informations génétiques. Il n’y a donc pas de risques que le vaccin transforme notre génome ou qu’il soit transmis à notre descendance.
Bien que les vaccins à ARN messager de Pfizer et de Moderna soient les premiers de la sorte à être mis sur le marché, cette technologie n’est pas nouvelle, car des recherches sont faites dessus depuis le début des années 1990.
Deux vaccins sont aujourd’hui autorisés en France : le vaccin Pfizer/BioNtech sous le nom de Comirnaty® et le vaccin du laboratoire Moderna, le COVID-19 Vaccine Moderna®. Concernant les essais cliniques qui ont été menés pour ces différents vaccins, le site vaccination-info-service.fr nous donne les informations suivantes :
– pour le vaccin Pfizer/BioNtech, les essais cliniques ont été faits auprès de 43 000 personnes, de 16 à 85 ans, ayant reçu pour moitié le vaccin (2 injections) et pour moitié le placebo. L’efficacité pour prévenir les cas de COVID-19 était de 95 %.
– pour le vaccin du laboratoire Moderna, les essais cliniques ont été faits auprès de 30 350 personnes de 18 ans et plus, ayant reçu pour moitié le vaccin (2 injections) et pour moitié le placebo. L’efficacité pour prévenir les cas de COVID-19 est de 94 %.
– l’EMA (Agence européenne du médicament) a commencé le 12 janvier 2021 à préparer l’autorisation d’un troisième vaccin, celui du laboratoire Astrazeneca.
Une chose est sûre, c’est que le vaccin à ARN messager est une belle prouesse scientifique.
Une méthode efficace contre le cancer ?
Dans un avenir proche, d’autres maladies pourraient profiter de cette nouvelle technologie. Uğur Şahin, le PDG de Moderna, a annoncé que les premiers traitements contre le cancer basés sur l’ARN messager pourraient voir le jour dans deux à trois ans.
A suivre donc !
Fanny Aici