IgNobel 2021 : miaulements, poils de barbe et bactéries de chewing-gum
La remise des prix des IgNobel est devenue un rendez-vous incontournable du mois de septembre. Parodie des Nobel, les IgNobel récompensent chaque année des études scientifiques qui font d’abord rire, puis réfléchir. Mettre à l’honneur l’inhabituel et l’imaginatif, tel est l’objectif des IgNobel, des distinctions scientifiques vraiment pas comme les autres. Depuis 1991, l’université d’Harvard accueille tous les ans dans ses murs cette remise de prix complètement loufoque. Cette année, situation sanitaire oblige, la remise de prix a eu lieu en visio. Croyez-nous, ça vaut le détour… Vivre au lycée a regardé pour vous la 31e cérémonie de remise de prix des IgNobel et a sélectionné certaines des recherches les plus improbables récompensées à cette occasion. IgNobel d’Economie C’est un français qui est cette année récompensé en économie. Pavlo Blavatskyy, chercheur à la Business School de Montpellier, s’est démarqué en étudiant l’obésité des politiciens d’un pays comme indicateur de la corruption de celui-ci. Pour son étude, Pavlo Blataskyy a collecté 299 images de ministres issus de 15 pays post-soviétiques. Il a constaté que la masse corporelle moyenne estimée des ministres est hautement corrélée avec les mesures d’évaluation de la corruption. IGNobel de Chimie Jörg Wicker, Nicolas Krauter, Bettina Derstroff, Christof Stönner, Efstratios Bourtsoukidis, Achim Edtbauer, Jochen Wulf, Thomas Klüpfel, Stefan Kramer et Jonathan Williams ont été récompensés pour avoir analysé chimiquement l’air présent à l’intérieur d’une salle de cinéma. Ils ont ainsi cherché à déterminer si les odeurs produites par les spectateurs pendant le visionnage peuvent indiquer, de manière fiable, les niveaux de violence, de sexe, de comportement antisocial, d’usage de drogues, et de langage inapproprié présents dans le film regardé. IgNobel de la Paix Ethan Beseris, Steven Naleway et David Carrier ont reçu le prix de la paix pour avoir testé l’hypothèse selon laquelle les êtres humains auraient développé de la barbe pour se protéger des coups de poing au visage. Les poils du visage sont souvent perçus comme un indicateur de la masculinité et de la domination sociale, ils pourraient donc jouer un rôle dans les compétitions masculines. C’est de ce constat que part l’étude menée par l’équipe de l’université de l’Utah. Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont mesuré l’énergie d’impact absorbée par un composant recouvert d’une peau qui avait des poils épais et par un autre sans poils. Ils ont constaté que les composants entièrement recouverts de poils absorbaient plus d’énergie que les échantillons sans poils ou avec des poils cisaillés. IgNobel de Biologie Susanne Schötz a reçu l’IgNobel de biologie pour avoir analysé les variations de ronronnement, gazouillis, bavardage, roulement, pépiement, murmure, miaulement, gémissement, grincement, sifflement, hurlement, grognement et autres modes de communication entre le chat et l’humain. Elle a été récompensée pour avoir mené cinq études analysant le langage des chats. L’une d’entre elles étudie les bruits que font les chats lorsqu’ils regardent les oiseaux. Une autre analyse la capacité des êtres humains à classer les miaulements des chats domestiques enregistrés dans deux contextes différents : pendant l’heure du repas et en attendant de rendre visite à un vétérinaire… Bref, des études qui ont de quoi satisfaire les amoureux des chats ! IgNobel d’Écologie Leila Satari, Alba Guillén, Àngela Vidal-Verdú et Manuel Porcar ont été récompensés pour avoir utilisé l’analyse génétique de chewing-gums présents sur les trottoirs de cinq pays afin d’identifier les différentes espèces de bactéries présentes à l’intérieur. En étudiant les bactéries présentes dans ces chewing-gums, les chercheurs ont pu constater que le microbiote buccal présent dans le chewing-gum après qu’il ait été mâché évolue en quelques semaines en un bactériome environnemental. Les résultats de cette annonce ont, selon les chercheurs, des implications dans un large éventail de disciplines, comme le contrôle des maladies contagieuses ou encore la biorestauration des résidus de chewing-gum gaspillés. IgNobel de Médecine Olcay Cem Bulut, Dare Oladokun, Burkard Lippert et Ralph Hohenberger ont reçu le prix en médecine pour avoir démontré que les orgasmes peuvent s’avérer aussi efficaces que les médicaments décongestionnant pour lutter contre le nez bouché. Ils ont pour cela étudié la respiration nasale des participants à cinq moments différents : avant l’activité sexuelle, immédiatement après, 30 minutes après, une heure après et trois heures après l’activité sexuelle. Les mêmes mesures ont été prises le deuxième jour, suivant l’application d’un spray nasal décongestionnant. La conclusion de l’étude est que, pendant les 60 minutes suivantes, un rapport sexuel avec orgasme peut améliorer la respiration nasale au même niveau que l’application d’un décongestionnant nasal. SI vous avez envie d’en voir plus, vous pouvez découvrir l’intégralité des prix 2021 et de toutes les autres années sur le site des IgNobel. Fanny Aici