Concours CGénial : rencontre avec les lauréats du concours 2021
En 2021, l’équipe de Vivre au Lycée a eu la chance d’intégrer le jury de CGénial, un concours scientifique national pour les collégiens et les lycéens. Aujourd’hui, la rédaction vous propose d’aller à la rencontre de l’équipe lauréate du concours lycéens, trois élèves de terminale du lycée Parc de Vilgénis de Massy, qui ont conçu un ingénieux système , Pollubike, pour mesurer la pollution dans les villes depuis un vélo.
Ces lycéens se sont distingués avec leur projet “Pollubike : bien respirer à Massy”. Les lauréats de l’édition 2021 du concours CGénial (lire plus bas) ont développé le Pollubike, un concept de boîtier en forme de nuage bleu qui, attaché à des vélos, permet d’analyser et d’informer sur la qualité de l’air. Un projet novateur qui a séduit le jury français de CGénial mais qui a aussi décroché des prix… en Russie !
Le début de l’aventure
C’est une aventure qui s’est inscrite dans la durée. Le projet Pollubike, porté par le lycée Parc de Vilgénis de Massy (91), a en effet débuté en 2018, lorsque le Lab Innovation Ericsson France l’a contacté pour entamer un projet sur la qualité de l’air. “Ils nous ont aidés tout au long du projet : par exemple, ils nous ont permis d’avoir à des imprimantes 3D de bonne qualité afin d’imprimer nos boîtiers. Il est important aussi de souligner l’aide de la mairie de Massy qui nous donne notamment le droit d’utiliser les données de la pollution de la ville”, explique Gabriel Ramssiss, l’un des trois représentants du projet lauréat.
Sur l’ensemble des élèves ayant travaillé à la création du projet, ils étaient trois à représenter leur lycée pour la finale du concours CGénial. Baptiste Denis, Uros Krsteki et Gabriel Ramssiss, qui suivaient l’année dernière un parcours orienté Mathématiques/Physique-Chimie en terminale à Massy, ont accepté de répondre à nos questions sur cette expérience hors du commun.
“Monsieur Taillet nous a conseillé de participer au concours en sachant très bien que le projet avait de très bonnes chances.”
Un projet d’avenir
“Le Pollubike est un boîtier attaché à des vélos, qui informe sur la qualité de l’air. Il mesure la concentration en particules tout au long du trajet du cycliste. Il envoie ces données à un serveur. Après traitement, elles sont affichées sous forme de pastilles de couleurs sur une carte. Cela permet à un utilisateur de savoir quelles sont les zones les plus polluées de la ville. Nous avons également travaillé sur un algorithme qui permet de donner le trajet avec le meilleur compromis entre qualité de l’air et distance”, explique Gabriel Ramssiss.
Cet ambitieux projet a demandé beaucoup de temps et d’investissement de la part d’une trentaine d’élèves, “chacun spécialisé dans des domaines différents, comme le soudage, la programmation ou encore la communication”, précise Uros Krsteski.
Cet investissement n’est pas terminé puisque le projet existe toujours et est en cours d’amélioration au sein du lycée Parc de Vilgénis. “Aujourd’hui, le projet est aux mains des « nouvelles générations » et je crois qu’il est en grande partie fini : il reste quelque détails comme un agrandissement de la carte de Massy (car 80-85% de la carte est affiché actuellement) ou peut-être une production des Pollubikes”, nous précise Gabriel Ramssiss.
CGénial… mais pas que !
S’il a été construit par les lycéens, le projet Pollubike a été encadré par Jacques Taillet, professeur de mathématiques au sein du lycée, qui anime l’Atelier depuis 11 ans. “J’étais là pour les accompagner, pour leur donner des outils de méthodologie, pas pour faire le projet à leur place”, nous explique-t-il.
“Monsieur Taillet s’est occupé de gérer la structure de l’atelier, les dépenses, les réunions avec les autres professeurs, directeurs… À chaque séance, son rôle n’était pas de mettre en place les projets à notre place mais bien de nous donner son avis sur certaines choses ou bien de questionner notre manière de faire voire même de nous apporter des alternatives grâce à son expérience”, confirme Baptiste Denis.
“On a pensé que la participation à différents concours pourrait donner plus de visibilité au projet.”
C’est Jacques Taillet qui a suggéré à ses élèves de se lancer dans l’aventure CGénial. “Ce n’est pas la première fois que l’Atelier participe au concours CGénial. Monsieur Taillet nous a conseillé d’y participer sachant très bien que le projet avait de très bonnes chances”, explique Gabriel Ramssiss.
Au-delà d’une éventuelle victoire, la participation au concours était également l’occasion pour les élèves de faire connaître leur projet, comme nous l’a expliqué Baptiste Denis : “Ce qui manquait encore au projet c’était d’être connu du public, d’avoir de la visibilité. Après avoir réussi à nous faire entendre sur différents médias, on a pensé que la participation à différents concours pourrait nous donner plus de visibilité”.
Pari réussi, puisque le projet s’est effectivement bien fait connaître, notamment en gagnant des prix en Russie ! Pollubike a en effet gagné trois prix lors du forum international Step into the futur : un premier prix “First degree diploma”, un prix spécial “For achievements in Engineering with research work – Pollubike : modeling and biking to measure air quality as a complete research work for environment protection”, et enfin un prix dans la catégorie “The absolute championship of the Forum : The best original solution to a socially significant problem”.
“La quantité de travail, l’implication de tout le monde, les objectifs accomplis, tout est dingue.”
C’est donc une sacrée aventure qu’ont vécu les lauréats de CGénial, “l’un des plus beaux projets et l’une des plus grandes réussites de ma vie” confie Uros Krsetski. “La quantité de travail, l’implication de tout le monde, les objectifs accomplis, tout est dingue”.
Bien sûr, tout ne s’est pas fait sans accroche et les jeunes lauréats ont dû surmonter des problèmes. Ils ont dû par exemple s’initier aux statistiques, apprendre un nouveau langage de programmation ou encore faire face à des problèmes pour travailler sur la carte de Massy. Ils ont en plus dû faire face au confinement et travailler sur leur projet en distanciel. “Ce qui a été vite compliqué, c’était de trouver la motivation de continuer” estime Baptiste Denis.
Mais toutes ces galères en valaient bien la peine puisque les lauréats en retirent du positif. “Ce projet a développé chez moi le goût du travail en équipe et la confiance, notamment sur la prise de parole à l’oral, parce que je suis quelqu’un d’assez timide en général” ajoute Uros Krsteski, qui dit également ressortir grandi de cette expérience.
“C’est un concours où on peut en apprendre beaucoup sur soi-même.”
Voir plus loin
L’expérience Pollubike a également eu de l’influence sur les envies professionnelles des trois jeunes lauréats. Gabriel Ramsiss a pu découvrir le métier d’ingénieur, qui l’a séduit. S’il hésite encore entre l’ingénierie et la recherche, il nous assure que sans le projet Pollubike, il n’aurait pas pris en compte la voie de l’ingénierie de la même façon. Uros Krsteski, qui se destinait déjà à s’orienter vers l’informatique, a été conforté dans son choix de par son implication dans le projet.
Ils recommandent tous les trois l’expérience CGénial. “Je conseille à tout le monde d’essayer de participer à CGénial, c’est un concours où on peut en apprendre beaucoup sur soi-même, où on peut évoluer hors du cadre un peu plus rigide de l’école”, conclut Uros Krsteski.
Fanny Aici
Les conseils des lauréats
Les lauréats livrent leurs conseils aux lycéens qui voudraient tenter l’aventure pour la prochaine édition du concours.
Baptiste Denis : “Les oraux [du concours] ne sont pas des exercices faciles. Il y a plusieurs clés pour réussir. Tout d’abord il faut se raconter à chaque séance ce que l’on a fait sous forme d’histoire, pour que celle-ci devienne naturelle à expliquer. Ensuite il faut pratiquer et repratiquer l’oral. Il ne faut pas apprendre par cœur mais connaître son projet, le reste viendra naturellement avec les répétitions et le temps.”
Uros Krsteski : “Si vous avez un projet, questionnez-vous sur les moindres détails, même si cela peut paraître idiot ou « inutile » : chaque détail compte. De plus, et je pèse mes mots, mais c’est important : entraînez-vous à passer à l’oral sur votre projet, devant votre prof’ et tous ceux qui ont un regard externe et qui peuvent vous conseiller. Et surtout, ne vous déconcentrez pas lors de votre passage devant le jury, même si vous êtes sûrs de ce que vous faites, ne baissez pas la garde ; c’est le meilleur moyen d’oublier certaines informations clés et de complètement louper son passage.”
Gabriel Ramssiss : “Il est important d’être bien organisé. Il faut se préparer au concours longtemps à l’avance. Nous avons commencé quelques mois avant déjà à préparer notre présentation et ce n’est pas pour autant que nous avions du temps en trop. Il ne faut pas hésiter à se demander également quelles vont pouvoir être les questions potentielles du jury. Enfin, le jour J, il est important de rester concentré. C’était d’autant plus dur en distanciel, mais les 30 minutes avant la présentation doivent être consacrées à un instant calme, de discussion sur le projet.”
Le concours CGénial, c’est quoi ?
CGénial est un concours scientifique national ouvert aux collégiens et aux lycéens. Il est le fruit d’un partenariat entre la Fondation CGénial et le dispositif ministériel Sciences à l’École.
Le concours permet aux élèves, aidés par leurs enseignants, de présenter un projet didactique innovant. Ce projet peut se faire dans de nombreuses disciplines : physique, chimie, mathématiques, technologie, sciences de la vie et de la terre, etc.