Au lycée US pendant un an
Lisa Garon-Sokoloff raconte son expérience
Lisa Garon-Sokoloff a 16 ans lorsqu'elle décide de partir un an aux États-Unis après sa première. En 2017-2018, la jeune toulousaine traverse l'Atlantique pour s'immerger 10 mois dans une vie et une scolarité à l'américaine. Parler une autre langue couramment, découvrir, non pas une mais plusieurs cultures, prendre confiance en soi... : l'expérience a été « géniale », comme elle le raconte à Vivre au Lycée.Qu'est-ce qui a déclenché ton envie de partir ?
Le fils d'une amie de la famille était parti à l'étranger. Quand il est revenu en janvier 2017, on a eu l'occasion de manger chez eux et j'ai trouvé cette expérience formidable. C'est de là que m'est venue l'idée de partir.
Comment as-tu procédé pour trouver ton séjour ?
On a d'abord cherché avec ma mère les différents organismes qui permettent de partir à l'étranger, les prix, l'organisation... Et la mère d'une amie de ma sœur nous a parlé d'un petit organisme dont elle fait partie, Hill Crest, qui fait partir une personne par an. Cela demande énormément d'organisation. Ma mère a passé beaucoup de temps sur ce projet. J'ai choisi de partir aux États-Unis, à Lansdale en Pennsylvanie, du côté de Philadelphie. J'ai passé l'année dans une famille d'accueil et l'équivalent de la terminale à la North Penn High School.
« Il y a plein de choses que l'on croit universelles. Or, ce n’est pas forcément le cas »Qu'est-ce que cela t'a apporté ?
Énormément de choses ! D'abord à parler couramment la langue. Ce qui n'est pas négligeable [l'année suivante d'ailleurs, elle a eu 20 en anglais au bac passé en France, ndlr]. Cela m'a permis de parler avec un vocabulaire réaliste, et celui des jeunes. Beaucoup d'ouvertures culturelles aussi. J'étais accueillie par une famille d'immigrés, la mère venait d'Égypte, le père du Soudan, ça parlait aussi arabe et français, ils m'ont fait voyager, visiter le Canada... J'ai beaucoup discuté aussi avec des jeunes qui venaient d'Allemagne, des Philippines, d'Iran... Il y avait un vrai patchwork de cultures. C'était hyper intéressant ! Il y a plein de choses que l'on croit universelles. Or, ce n’est pas forcément le cas. Ça remet en question des choses, permet d'ouvrir nos perceptions.
« J'ai suivi des cours de génétique, de botanique, de sciences marines, de débats, de poterie ! »Aux États-Unis, on est un élève comme en France ?
Il y a beaucoup de différences au niveau de la scolarité. On choisit des matières dans un « catalogue » et on compose nos parcours, ce qui est super. Et même dans des disciplines obligatoires, comme en maths, il peut y avoir des sous-matières à choisir, soit algèbre, soit géométrie, soit arithmétique, etc. J'ai suivi des cours de génétique, de botanique, de sciences marines, de débats, de poterie ! Ça a été une année bonus pour apprendre de nouvelles choses ! Le système marche avec des crédits. Plus on prend de matières, et plus elles sont difficiles, plus on peut cumuler des crédits et valider facilement son diplôme, le High School Graduation Diploma.
Autre différence, on n'a pas d'emploi du temps fixe. Ça tournait toutes les semaines, il fallait s'organiser. Au début, j'ai trouvé ça un peu compliqué ! Les cours se déroulent de 7h30 à 14h10, ce qui permet d'avoir une grosse vie l'après-midi. On a accès à plein de choses, des clubs, des infrastructures sportives... J'ai fait partie de la troupe de théâtre de mon lycée - j'y ai appris à coudre des costumes et on a monté deux grosses pièces - et d'une chorale...
Tout le monde peut partir ?
Il a fallu que je sois retenue ! J'ai passé un entretien. Il a fallu que je montre mes notes et mes appréciations. Pas besoin d'avoir des notes faramineuses, mais il faut être motivé et dégourdi. L'attitude en tant qu'élève compte. Et une petite partie de l'entretien s'est passée en anglais pour évaluer mon niveau. Mes parents aussi ont été reçus pour voir si je ne partais pas pour fuir et vérifier si mon projet était constructif.
« J'ai énormément pris confiance en moi »As-tu des souvenirs particulièrement forts ?
Là aussi, plein ! En octobre, j'ai participé à un festival de théâtre où se sont réunies toutes les troupes de tous les lycées de Pennsylvanie. Trois jours de spectacles, dans une ambiance de partage, d'amour. J'ai vraiment eu l'impression de faire partie de la communauté, d'être hyper incluse, à ma place. Ils ont cette mentalité de ne pas avoir peur d'aller vers les autres. Cela m'a permis de me faire des amitiés super fortes, davantage que celles que j'avais eues avant en France, alors que j'étais une étrangère. Il y a aussi les souvenirs avec les personnes de l'organisme partenaire d'Hill Crest qui nous accueillent sur place. Ils nous ont emmené un week-end à la mer avec tous les étudiants étrangers, nous ont expliqué comment ça allait se passer et ça nous a permis de tisser des liens. Dans l'année, ils vérifiaient que les familles s'occupaient bien de nous, ils organisaient des réunions, des repas et week-ends ensemble pour garder le contact. Cet esprit de partage était vraiment génial !
Des moments durs ?
Au début, oui. On perd un peu tous ses repères, même si c'est excitant. Et c'était très très fatigant de parler tout le temps anglais, de me concentrer pour écouter, comprendre, parler. Mais à la fin, c'était génialissime !
Tu as envies de repartir ?
Ça a été très dur de rentrer ! Même si j'étais contente de revoir ma famille. J'appréhendais aussi le retour en cours [elle a refait une terminale car le système ne donne pas d'équivalence, ndlr], mais au final je me suis mieux intégrée que les autres années. C'est dû au fait que j'ai énormément pris confiance en moi. La plus grosse différence à mon retour, c'était cette maturité et cette capacité à m'ouvrir aux autres. J'adorerais repartir à l'étranger, ce que je referai certainement si je rentre en école d'ingénieurs*.
Propos recueillis par Camille Pons
* Lisa est aujourd’hui en première année de prépa intégrée au groupe d'écoles d'ingénieurs INP, Institut national polytechnique
Au début, oui. On perd un peu tous ses repères, même si c'est excitant. Et c'était très très fatigant de parler tout le temps anglais, de me concentrer pour écouter, comprendre, parler. Mais à la fin, c'était génialissime !
Tu as envies de repartir ?
Ça a été très dur de rentrer ! Même si j'étais contente de revoir ma famille. J'appréhendais aussi le retour en cours [elle a refait une terminale car le système ne donne pas d'équivalence, ndlr], mais au final je me suis mieux intégrée que les autres années. C'est dû au fait que j'ai énormément pris confiance en moi. La plus grosse différence à mon retour, c'était cette maturité et cette capacité à m'ouvrir aux autres. J'adorerais repartir à l'étranger, ce que je referai certainement si je rentre en école d'ingénieurs*.
Propos recueillis par Camille Pons
* Lisa est aujourd’hui en première année de prépa intégrée au groupe d'écoles d'ingénieurs INP, Institut national polytechnique
Comment partir ?
S'immerger dans une famille et suivre sa scolarité à l'étranger, de 3 mois à deux ans, peut se vivre avant les études supérieures, souvent dès 15 ans, parfois même avant grâce à différents programmes.
Parmi eux :
- L'Union nationale des organisateurs de séjours à l'étranger (UNSE) rassemble 6 organismes, AFS Vivre sans frontière, Calvin Thomas, le Centre d'échanges internationaux (CEI), les Programmes internationaux d'échanges (PIE), Terre des Langues, et YFU France.
- Le Rotary Youth Exchange vous permet de voyager gratuitement (frais de scolarité et logement pris en charge, hors billet aller-retour, assurance voyage, frais de passeport et de visa, frais pour les éventuels voyages et excursions, argent de poche), parce que votre famille va aussi recevoir un jeune chez elle en échange. L'âge maximum est de 19 ans, il est donc possible de partir aussi après le bac.
- L'Association rencontres autour du monde (ARAM) propose une douzaine de destinations pour des séjours scolaires dès le collège.
Quelles aides ?
Le prix d'un séjour est extrêmement variable selon la durée, la destination et l'organisme choisis. Cela peut aller juste des frais liés au déplacement, au visa, à l'argent de poche dans le cadre d'un échange jusqu’à 14 000 euros pour une destination lointaine comme l'Australie, les pays européens étant souvent moins onéreux.Des aides existent :
• la famille continue à toucher les allocations familiales pour leur enfant, même si celui-ci est à l'étranger ; • certains organismes proposent des bourses pour les candidats peu aisés ; • Les grandes écoles : commerce, ingénieur, sciences politiques... • Comités d'entreprises de vos parents, mairies, Conseils départementaux ou Régions peuvent attribuer des aides.