Comment bien négocier avec ses parents ?
Vous voulez, au choix : la dernière console PS12, une paire de chaussures dont le prix est indécent même pour un Qatari, sortir jusqu’à 1 heure du matin samedi prochain, ou aller voir les Hard Pumpet Masters en concert dans deux mois… Mais hélas, pour tout un tas de raisons hyper-subjectives (de votre point de vue), mais très objectives du point de vue de vos parents, l’affaire est très mal engagée. Il va falloir négocier…
… Et donc, il va falloir persuader (nous n’avons pas écrit manipuler) vos parents de faire un GROS effort. Difficile, mais pas impossible. Passeriez-vous un examen oral sans vous préparer ? Non ? Hé bien là, c’est pareil.
D’abord, faites le point sur vos arguments ; notez-les si besoin. Imaginez les réponses que vos parents vont vous objecter, et préparez des contre-arguments. Mettez-vous à leur place : imaginez-vous adulte avec un enfant comme vous !
Faites aussi une liste récapitulant plein de choses positives sur votre comportement et vos résultats ces dernières semaines.
Vous voulez plus d’argent de poche ? Montrez-leur le petit budget prévisionnel que vous avez préparé (liste détaillée de vos dépenses courantes et justifiées, avec un total pas trop déraisonnable), afin de les persuader que vous avez conscience de la valeur de choses et que vous pourrez vous tenir à vos prévisions de dépenses.
Voilà grosso modo pour le fond. Mais sur la forme, il faut aussi être stratégique, et ne pas « attaquer » n’importe quand et n’importe comment.
Savoir attendre le bon moment, c’est aussi une question de contexte : après une série de notes mauvaises ou moyennes, évitez ! Mais après de bons résultats, c’est forcément plus facile.
Savoir attendre le bon moment
Si vous allez les voir pour négocier votre demande au mauvais moment (quand ils viennent juste de rentrer harassés du boulot, ou alors qu’ils viennent de se disputer), le risque du NON définitif est maximum.
Sachez attendre et guetter le bon moment : après un repas qui s’est bien passé, pendant un après-midi tranquille au cours du week-end, par exemple. L’idéal est que vos parents soient de bonne humeur et détendus, mais capables d’être attentifs à ce que vous avez à leur dire.
Assurez-vous aussi de ne pas être dérangé : mettez votre portable en mode silencieux, et demandez à vous parents de faire de même – ça leur montre que là, c’est sérieux.
Une fois la discussion entamée, tenez-vous en d’abord à votre argumentaire de base. Ne faites pas de promesses trop audacieuses que vos parents savent que vous ne pourrez pas tenir, ça risque de vous décrédibiliser.
Vous voulez faire une sortie ou aller dormir chez un(e) amie(e) ? Insistez sur le fait que la dernière fois, ça c’est très bien passé ; si c’est le contraire, parlez de ce qui ne s’est pas bien passé en expliquant que vous en avez tiré des leçons.
Ne mentez pas : ne dites pas qu’il y aura un adulte à la soirée si ce n’est pas le cas ; ils ne sont pas idiots, peuvent peut-être le vérifier et s’ils s’aperçoivent que vous avez menti, alors vous êtes mort !
Présentez-leur votre demande en l’accompagnant d’engagements de votre part ; mais gardez-en en réserve pour arriver à un compromis.
Dans tous les cas, une bonne négociation, c’est quand les deux parties au départ en désaccord arrivent à un compromis.
Le pire argument (qui ne marche jamais)
« Mais toi, tu fais bien ça… »
« Je comprends », formule magique ?
Faites comme les politiciens : utilisez des « éléments de langage ». Cela consiste à placer des mots clés dans vos propos pour renforcer votre crédibilité, pour donner une image positive. Par exemple « responsabilité », « respect », « honnêteté ». Lorsqu’ils vous répondent, même si ce qu’ils vous disent ne vous plaît pas, dites « je comprends », mettez-vous à leur place, avant de leur faire des objections.
Ne cherchez pas à prendre une position dominante : le dominant, c’est celui qui décide, le parent. Vous, vous demandez : donc, restez humble, même si ça fait souffrir votre amour-propre. Mais ça ne veut pas dire s’écraser : il s’agit d’écouter.
Ayez toujours en tête que, qu’ils aient tort ou raison, des parents qui disent non à une demande de sortie veulent vous protéger : de vous-même, des autres… Même si vous estimez qu’ils sont « surprotecteurs », vous ne pouvez pas leur en vouloir de chercher à vous protéger – c’est leur devoir, c’est dans les gènes des parents ! Un jour, vous passerez probablement par là, et vous comprendrez que les pires parents sont ceux qui ne s’opposent jamais à leurs enfants (non pas pour leur faire plaisir, mais par facilité ou par paresse).
Quoiqu’il arrive, restez calme : ça leur montre que vous mûrissez – et ça peut les faire culpabiliser et revenir sur leur décision ! Réagir en boudant ou en s’énervant ne fait que montrer que vous n’êtes pas encore un adulte (bien que des adultes réagissent aussi comme ça parfois !). Mauvais point donc…
Enfin, faites preuve d’humour (mais juste ce qu’il faut…) : ça montre que vous avez de l’esprit, que vous êtes capable de prendre du recul, ça vous rend sympa et attachant, voire charmeur, et ça peut émouvoir positivement vos parents.
Évidemment, tous les parents sont différents, et ces quelques conseils sont à adapter à chaque situation !
F.C.
Reculer pour mieux avancer
Si votre négo échoue et que vous vous heurtez à un NON ferme et a priori définitif, acceptez-le sans faire un scandale : ça montrera que vous mûrissez : c’est bon pour la suite, et ça peut même faire gamberger vos parents, les faire hésitez et peut-être (même si la chance est infime) leur faire reconsidérer leur décision. En montrant que vous pouvez discuter comme un adulte, vous investissez sur l’avenir !
Anticipez !!
Vous voulez assister à un concert qui a lieu dans deux mois, et vous redoutez un refus ? Commencez maintenant à préparer le terrain. N’en parlez pas explicitement, mais adoptez une conduite positive pour capitaliser de la confiance et être en situation favorable le jour de la demande. Si vos parents n’ont pas grand-chose à vous reprocher sur les dernières semaines, ils auront du mal à trouver des raisons de vous refuser quoi que ce soit.
Comment créer de la confiance ?
Soyez sympa sur la durée (cf. « Anticipez ») et pas juste trois jours avant de leur demander de vendre un rein pour vous acheter des Naïke Airbuse à 380 euros. Plus constructif : parlez de votre vie, de ce que vous faites avec vos amis. Plus vos parents connaissent bien votre environnement et vos relations, plus ils seront en confiance. Les parents redoutent les « angles morts », c'est-à-dire les zones d’ombres sur votre vie. Il faut qu’ils puissent imaginer sereinement ce que vous faites en dehors de la maison : moins ils connaissent votre « milieu naturel », plus ils seront réservés pour vous y laisser évoluer en toute autonomie.