En finir avec le harcèlement : un plan de lutte également dans les lycées
Près d’un million d’élèves seraient victimes de harcèlement au sein de leur établissement scolaire (soit 6 à 10 % des effectifs). Si le harcèlement est moins fréquent qu’à l’école ou au collège, où le taux bondit à 5,6 % d’élèves victimes, les lycéens sont aussi concernés puisque 1,3 % d’élèves en sont victimes aussi. Ils sont donc également concernés par les nouvelles mesures de prévention et de lutte contre le harcèlement.
« Le harcèlement, ce sont d’abord des drames. Nicolas, Lindsay, Thibault, Ambre, Lucas, Chacun de ces prénoms résonne comme un échec pour nous tous. »
C’est par ces mots qu’Élisabeth Borne a introduit la présentation du Plan interministériel de lutte contre le harcèlement à l’école, mercredi 27 mars 2023. Plan sur lequel elle avait demandé à ses ministres de plancher en juin dernier. « Le harcèlement est grave et conduit parfois à des drames effroyables. » Oui, et le suicide du jeune Nicolas, le 5 septembre à son domicile à Poissy (Yvelines), le jour de sa rentrée dans un nouvel établissement dans le 14e arrondissement de Paris alors qu’il avait été victime de harcèlement lors de l’année 2022-2023, a ému tout le monde…
C’est annoncé comme la priorité de cette rentrée scolaire. Le Gouvernement dégaine un nouvel arsenal pour lutter contre ce phénomène qualifié de « masse » par la Première ministre. Si au lycée, le phénomène est de moins grande ampleur, les établissements, donc vous tous, lycéens, sont aussi concernés par des mesures importantes dès cette rentrée.
Des cours pour développer des compétences psychosociales
La première mesure concerne l’introduction du programme pHARe, un plan de prévention du harcèlement et du cyberharcèlement mis en place depuis 2021, généralisé aux écoles et collèges à la rentrée 2022, et désormais étendu aux lycées depuis la rentrée 2023. Avec, parmi les initiatives qu’il prévoit, 10 heures d’apprentissages par an et par niveau consacrées à la prévention du harcèlement notamment via des cours d’empathie pour développer les compétences psychosociales des élèves. Les compétences psychosociales, késako ? Il s’agit d’un ensemble de compétences sociales, émotionnelles et cognitives qui ont pour objectif d’améliorer le rapport à soi et aux autres.
C’est, par exemple, la capacité à développer des relations (entrer en relation, savoir coopérer ou s’entraider…), ou encore la capacité à résoudre des difficultés (savoir et oser demander de l’aide, s’affirmer, résoudre des conflits en trouvant des solutions positives pour soi et les autres…), et à savoir gérer ses émotions (notamment difficiles comme la colère, l’anxiété). 40 années de recherche évaluative montreraient, selon Agence nationale de santé publique « Santé publique France », que certains de ces programmes ont apporté d’importants bénéfices sur la santé et sur la réussite éducative et sociale en permettant, entre autres, l’amélioration du climat scolaire et des relations.
Des initiatives concrètes à mettre en place dans les établissements
Mais d’autres initiatives concrètes, listées également par le Gouvernement, seront mises en place pour améliorer la prévention, la détection et la résolution des situations de harcèlement.
Par exemple :
- Des présentations par les policiers et les gendarmes en milieu scolaire pour sensibiliser aux risques encourus ;
- Des interventions des professionnels de santé dans les établissements scolaires ;
- Des temps de parole dédiés pour les élèves et les parents ;
- Le renforcement du dispositif Mon soutien psy, auquel quelque 6000 jeunes de moins de 18 ans ont eu accès depuis 3 ans. Huit séances pourront ainsi être remboursées pour les élèves subissant du harcèlement, en passant par les infirmières scolaires et sans nécessité de prescription d’un médecin.
Cyberharcèlement : possibilité de confiscation des téléphones ou d’exclusion des réseaux sociaux
Le Gouvernement rappelle aussi qu’une loi, portée par le député Erwan Balanant, avait créé un délit spécifique de harcèlement scolaire en février 2022 et qu’elle instaure des sanctions concrètes et qui peuvent aller très loin – jusqu’au tribunal pénal – pour punir les harceleurs.
Sont d’abord prévues des mesures spécifiques en cas de cyberharcèlement, une forme de harcèlement de plus en plus fréquente et encore plus dévastatrice car elle prolonge ce qui se passe dans l’établissement sur les réseaux sociaux. Ce qui se passe dans au bahut se retrouve en ligne, donc dans la chambre, pendant les vacances, tout le temps, partout. Parmi ces sanctions figurent la possibilité de :
- Confisquer le téléphone portable,
- D’exclure le jeune du réseau social qui a servi au délit. Exclusion qui pourra être d’une durée de six mois à un an, en cas de harcèlement grave. Une disposition actuellement débattue au Parlement dans le cadre du projet de loi pour réguler et sécuriser l’espace numérique.
Plus encore, qu’il s’agisse de harcèlement ou de cyberharcèlement, le Gouvernement prévoit des des sanctions pénales graduées, adaptées à chaque fait : réalisation de stages de citoyenneté (parents + élèves), justice restaurative, réparation pénale, peines aggravées allant jusqu’à dix ans en cas de suicide.
Une campagne de sensibilisation à partir du 9 novembre et un numéro unique de signalement
Enfin, le 9 novembre, à l’occasion de la journée de lutte contre le harcèlement à l’école, sera lancée une campagne de communication et de sensibilisation autour d’un fil directeur : ne pas minimiser ce que vivent les jeunes et donc leur parole.
Et, autre changement majeur, alors que coexistaient jusque-là deux numéros, le 3020 pour signaler toutes les situations de harcèlement scolaire et le 3018 pour signaler une situation de cyberharcèlement, le 3018 devient le numéro unique d’alerte et de signalement. Il sera accompagné d’une application afin de permettre un signalement facile. Le Gouvernement a aussi demandé aux plateformes Tiktok, Facebook et Instagram de renvoyer sur ce numéro les jeunes et les adultes qui y signalent des faits de harcèlement.
Crédit photo : Tammy Gann-Unsplash