Epicure et la vie tranquille
Régulièrement, Vivre au Lycée publie des portraits de philosophes dont les idées et les thèmes sont au programme des épreuves du bac. A la manière d’une fiche pratique, ces portraits résument l’essentiel des faits et idées à retenir en vue de l’examen. Au menu aujourd’hui, Epicure et la vie tranquille. Repères généraux Epicure (341-270 av. J-C) est un philosophe grec. Pendant ses études, il sera particulièrement marqué par l’atomisme de Démocrite. A 35 ans, il achète un terrain à Athènes et fonde son école, “le Jardin d’Epicure”, où il enseignera sa philosophie jusqu’à la fin de sa vie. Fait peu commun pour l’époque, il accueillait tout le monde dans son école, sans tenir compte de la condition sociale : esclaves et prostituées étaient par exemple les bienvenus. Epicure a produit beaucoup d’écrits pendant ses années au Jardin (lettres, livres…), Malheureusement, il ne nous reste aujourd’hui qu’une infime partie de ces textes. Grandes idées En quoi consiste l’épicurisme ? C’est une philosophie qui souhaite aider les êtres humains à atteindre le bonheur et l’ataraxie, c’est-à-dire l’absence de trouble. Pour ce faire, il faut en premier lieu se débarrasser de ses peurs, et le constat d’Epicure est que les peurs les plus puissantes sont celles de la mort et des Dieux. Or, l’épicurisme nous dit qu’il n’existe aucune raison de craindre l’une ou l’autre. Pourquoi ? Parce que les épicuriens sont atomistes et, selon leurs considérations, le monde et les choses sont composés d’atomes et de vide. Ces atomes, qui sont des éléments insécables, inaltérables et qui existent en nombre infini composent toute la matière et donc notre corps et notre âme. Il n’existe donc pas de raison de craindre la mort puisque quand celle-ci surgit, les atomes qui composent notre âme vont simplement se recomposer ailleurs dans d’autres configurations. Epicure explique donc dans sa Lettre à Ménécée que cette connaissance certaine que la mort n’est rien pour nous a pour conséquence que nous apprécions mieux les joies que nous offre la vie éphémère. Toujours selon la logique atomiste, il n’existe pas non plus de raison de craindre les Dieux puisque, si notre âme est mortelle, alors l’enfer n’existe pas et, puisque l’univers est dû au hasard, à des combinaisons aléatoires d’atomes, alors les Dieux ne sont pas intervenus dans la création du monde et sont indifférents au sort des hommes. En gros, Epicure nous dit que les Dieux existent mais qu’ils vivent leur vie tranquillement sans se soucier des petits aléas de nos vies. Maintenant que sont écartés les principaux obstacles au bonheur – la peur de la mort et la peur des Dieux – il s’agit de rechercher les moyens d’atteindre l’ataraxie, c’est-à-dire l’absence de troubles de l’âme et de douleur du corps. Epicure préconise de rechercher le plaisir, qui est le souverain bien. Toutefois, il ne faut pas rechercher n’importe quel plaisir, mais plus spécifiquement le plaisir au repos qui nous assure le calme et la béatitude. Il faut rejeter au contraire le plaisir en mouvement qui est rapide et passager. Pour y voir plus clair et savoir quels plaisirs il convient d’assouvir pour atteindre cette ataraxie, Epicure distingue : Ce qu’il faut retenir – L’épicurisme nous invite à nous satisfaire de ce que l’on a. – Il n’y a aucune raison de craindre la mort ou les Dieux. – Il faut privilégier les désirs naturels et nécessaires. Le terme à bien retenir L’ataraxie est définie par le CNRTL comme : “Tranquillité, impassibilité d’une âme devenue maîtresse d’elle-même au prix de la sagesse acquise soit par la modération dans la recherche des plaisirs (Épicurisme), soit par l’appréciation exacte de la valeur des choses (Stoïcisme), soit par la suspension du jugement (Pyrrhonisme et Scepticisme).” Le saviez-vous ? L’expression Carpe Diem nous vient d’Horace, un poète latin né en 65 av. J-C, qui était un pur épicurien. La devise entière “Carpe diem quam minimum credula postero”, qui pourrait se traduire en français par “Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain” est souvent mal interprétée. Elle n’est pas une invitation à jouir du présent sans se soucier des conséquences au détriment de la morale. D’ailleurs Epicure écrit lui-même dans sa Lettre à Ménécée : “Quand donc nous disons que le plaisir est notre but ultime, nous n’entendons pas par là les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle”. Fanny Aici “Tant que nous existons la mort n’est pas, et […] quand la mort est là nous ne sommes plus”. – Lettre à Ménécée, Epicure. “Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l’absence de souffrances corporelles et de troubles de l’âme” – Lettre à Ménécée, Epicure. Dans la Lettre à Ménécée, Epicure développe sa philosophie de manière claire et synthétique. Elle est rapide à lire et vous permettra d’en saisir les fondements. Comprendre en vidéo avec Cyrus North