Qu’est-ce que l’esprit critique ?
Faire preuve « d’esprit critique », c’est penser par soi-même et mettre en question ce qu’on entend, ou ce qu’on nous demande de croire ou de faire. Mais ce n’est pas seulement çà. Accepter les événements sans se poser de question est une solution facile, souvent séduisante. D’un autre côté, dire non et s’opposer est parfois, aussi, un choix de facilité. Tout le monde peut être tenté de dire « non » à une action ou une opinion, car cela donne de nous l’image de quelqu’un qui « résiste », qui n’accepte pas, par exemple, l’autorité ou l’ordre social « établi », et qui prend alors une posture de « rebelle » ou de « révolutionnaire ». Entre ceux qu’on appelle les « bénis oui-oui », qui approuvent tout avec complaisance, et la contestation systématique, entre suivre le troupeau docile et dire « non » avec la meute, il y a justement… l’esprit critique ! « Est-ce que j’ai raison ? » Faire preuve d’esprit critique, c’est avant tout, en termes de méthode, être capable de mettre à distance un sujet d’action ou de réflexion. De prendre le temps de réfléchir à froid sans s’emballer à chaud. Et aussi de douter de sa propre analyse, de faire preuve de modestie dans son raisonnement et d’être capable de se demander « est-ce que j’ai raison ? ». C’est aussi, bien sûr, le courage de mettre en question des normes établies par la société, qu’elles soient « progressistes » ou « conservatrices ». Mais mettre en question ne veut pas dire contestation systématique. Cela peut aussi aboutir à une acceptation, mais le fait d’avoir examiné le sujet fait de notre éventuelle adhésion une démarche active et non plus passive. Tout cela demande évidemment une réflexion approfondie, car si elle n’est que superficielle, le risque est de fabriquer des certitudes erronées et de s’y accrocher bêtement. Ainsi, l’esprit critique ne s’interdit par principe aucune opinion et se méfie de ses a priori. Il refuse aussi de poser des étiquettes sur les gens en fonction de leurs convictions, réelles ou supposées. Pas de délit d’opinion Mais penser par soi-même a aussi ses contraintes, car il faut du coup accepter que les autres pensent différemment, et ne pas adopter une attitude du genre « tu penses mal, pas moi ». Dans une démocratie, le délit d’opinion ne doit pas exister. Finalement, cela peut paraître frustrant, mais l’esprit critique débouche peut-être plus souvent sur des doutes que sur des certitudes. Bref, tout ça pour dire qu’il ne faut pas oublier que dans « esprit critique », il n’y a pas que « critique », mais aussi « esprit » ! F.C.
Celui qui parle le mieux ou le plus fort n’est pas forcément celui qui a raison