Freud, le Ça, le Moi et le Surmoi
Régulièrement, Vivre au Lycée publie des portraits de philosophes dont les idées et les thèmes sont au programme des épreuves du bac. A la manière d’une fiche pratique, ces portraits résument l’essentiel des faits et idées à retenir en vue de l’examen. Dans cet article, Vivre au Lycée décrypte le fameux triptyque freudien. REPÈRES GÉNÉRAUX Psychiatre viennois, Freud (1856-1939) est le fondateur de la psychanalyse. Il a théorisé les notions de conscient, d’inconscient, de refoulement, de complexe d’Oedipe… Avec la psychanalyse, il a façonné une discipline aux multiples facettes. Procédé d’investigation des processus psychiques, elle est également une méthode thérapeutique des troubles névrotiques. GRANDES IDÉES Avec la psychanalyse, Freud rompt avec une conception classique de la conscience. Depuis Descartes en effet, on considère que la conscience est une, unique et unie, et qu’elle définit le sujet. Freud, au XXème siècle, va défaire cette vision classique et diviser le sujet humain. Pour ce faire, il introduit deux topiques, qui sont des représentations spatiales du psychisme humain. Le mot topique vient du grec topos, qui veut dire lieu. Conscient, inconscient et préconscient Sa première topique, introduite en 1900 dans L’Interprétation des rêves, divise l’appareil psychique en trois instances : le conscient, le préconscient et l’inconscient. Pour Freud, le conscient est l’élément périphérique de l’appareil psychique. C’est lui qui reçoit les informations extérieures et intérieures et qui les envoie à l’appareil psychique. Freud considère que la division entre le conscient et l’inconscient est la présupposition fondamentale de la psychanalyse. Il y a deux types d’inconscients : l’inconscient latent, celui qui est capable de revenir à la conscience, il le nomme le préconscient ; et l’inconscient refoulé, qui est en soi incapable de revenir à la conscience, il le nomme inconscient. Le Ça, siège du plaisir En 1923, Freud, qui considère les limites de sa première topique, en introduit une seconde : la division entre le Ça, le Moi et le Surmoi, qui tous les trois sont à la fois conscients et inconscients. Cette seconde topique, introduite dans Le Moi et le Ça, vient enrichir la première. Dans cette division, le Ça est le siège des pulsions (notamment de la libido) et des désirs où règne sans limitation le principe du plaisir. Il ignore les jugements de valeur, le bien, le mal et la morale. Étant la première instance de la vie, apparaissant avant la conscience de soi, il est le réservoir des instincts humains. Il est l’instance archaïque d’où découlent les autres instances. Le Ça, c’est la partie impatiente de votre être qui veut tout, tout de suite, sans se soucier des conséquences. Freud dit à son sujet : “C’est la partie la plus obscure, la plus impénétrable de notre personnalité. [Lieu de] Chaos, marmite pleine d’émotions bouillonnantes. Il s’emplit d’énergie, à partir des pulsions, mais sans témoigner d’aucune organisation, d’aucune volonté générale ; il tend seulement à satisfaire les besoins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir.” Le Moi, éternel médiateur “Nous nous sommes formé la représentation d’une organisation cohérente des processus de l’âme dans une personne que nous appelons le Moi de cette personne” explique Freud dans “Le Moi et le Ça”. Le Moi est l’instance psychique à laquelle se raccroche la conscience. Celui-ci émerge du conflit entre le Ça et le Surmoi. Il est la part rationnelle qui fait la balance entre les pulsions du Ça et le contrôle social du Surmoi. Il est une “instance de régulation”. Le Moi, en fait, c’est votre personnalité. C’est cet équilibre qui détermine le risque de trouble chez un individu. Ainsi, si votre Moi est fort, vous aurez une personnalité saine. Par contre, si votre Ça prend le dessus, vous présenterez plus de risques de sociopathie. Tandis que si votre Surmoi prend trop le dessus, vous aurez plus de chances d’avoir une personnalité névrosée. “Le Moi n’est pas maître dans sa propre maison” écrivait Freud. Et pour cause, il subit la menace de trois dangers : celle du monde extérieur, celle de la libido du Ça et celle de la sévérité du Surmoi. Le Surmoi, juge impitoyable Entité à part entière à l’intérieur du Moi, le Surmoi (aussi appelé idéal du moi) a un rôle de censeur et de juge. Il est la partie qui correspond à votre conscience morale, à votre autocensure. C’est cette voix intérieure qui vous dit “tu n’aurais pas dû, tu ne devrais pas, il ne faut pas”. Le Surmoi représente les interdits parentaux, de fait il est directement lié au complexe d’Oedipe, dont il est l’héritier. “Et voici cet être supérieur, l’idéal du moi ou surmoi, la représentance de notre relation aux parents. Petits enfants, nous avons connu, admiré, redouté ces êtres supérieurs, plus tard, nous les avons pris en nous-mêmes” écrit Freud dans “Le Moi et le Ça”. C’est le Surmoi qui s’occupe de refouler les désirs et les pulsions dans l’inconscient en contrant le Ça. Il a donc un rôle protecteur de l’équilibre psychique. En contrepartie, ses exigences peuvent être très grandes, ce qui peut provoquer des conflits avec les deux autres instances. S’il est trop fort, le Surmoi peut générer un fort sentiment de culpabilité et de dépréciation de soi. CE QU’IL FAUT RETENIR Les trois instances présentées dans la seconde topique de Freud, le Ça le Moi et le Surmoi, sont en perpétuel conflit. Le Ça, le siège des désirs et des pulsions refoulées, est guidé par le principe du plaisir. Le Moi, qui est le médiateur entre les deux autres instances, est guidé par le principe de Réalité. Le Surmoi, qui représente la conscience morale et l’intériorisation des interdits de l’enfance, agit comme le juge censeur. Avec ses deux topiques, Freud va à l’encontre de la vision classique du sujet, le “je” unique de la conscience, bien ancrée depuis Descartes depuis le fameux cogito ergo sum. Fanny Aici “Le Moi représente ce que l’on peut nommer raison et bon sens, par opposition au Ça qui a pour contenu les passions.” – “Le Moi et le Ça” (1923) “Tandis que le Moi est essentiellement représentant du monde extérieur, de la réalité, le Surmoi se pose en face de lui comme mandataire du monde intérieur, du Ça.” – “Le Moi et le Ça” (1923) Qu’est-ce que la conscience ? Pour aller plus loin en vidéo avec Science Étonnante et Monsieur Phi © Max Halberstadt, Public domain, via Wikimedia Commons
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