logo2logo2logo2logo2
  • News
  • Vie Lycéenne
    • Lycées numériques
    • Vie scolaire
    • Méthodes
    • Orientation et métiers
    • Objectif Bac
      • Objectif Bac français
      • Objectif Bac histoire
      • Objectif Bac philo
  • Société
    • Citoyenneté
    • Santé éducation
    • Autonomie
  • Interview
  • Le labo
    • Science pour tous
    • Le saviez-vous ?
    • Femmes de sciences
  • Culture
    • Lectures
    • Bd
    • Culture pop
    • Films/Séries/Dvd
    • Loisirs
  • Quiz
✕

Jean-Sébastien Hongre : « Il faut s’intéresser aux autres et à la conduite du monde »

9 juin 2020
 
Pionnier du web dans les années 90, Jean-Sébastien Hongre est un dirigeant d’entreprise pas comme les autres. Fondateur et PDG du groupe international Teaminside, qui accompagne notamment les entreprises dans leur transformation digitale, il est aussi romancier. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser a priori, il a sur le numérique, mais aussi sur la société matérialiste, un regard critique qui mérite d’être partagé. C’est pourquoi Vivre au Lycée l’a rencontré.

Quels sont les métiers du digital qui recrutent le plus aujourd’hui ? Et ceux qui ont du mal à recruter, parce qu’il n’y a pas assez de jeunes diplômés bien formés sur le marché ?

Les métiers sont nombreux : chef de projet, Product Owner, responsable de communication digitale, chef de projet réseaux sociaux, UX (User experience), UI (User Interface), Community Manager, webmaster, e-merchandiser, chef de projet SEA/SEO, responsable affiliation… il y en a pour tous les goûts, des plus créatifs aux plus « rationnels ».

Actuellement, on peut considérer que tous les métiers du digital recrutent ! Même s’il y a eu une pause suite à la crise sanitaire, et que cela risque de perdurer dans les mois à venir, on a pu constater que dans une crise comme celle-ci, le e-commerce, les réseaux sociaux et les outils collaboratifs sont de sacrés remparts pour que l’économie puisse continuer à tourner.

Par ailleurs, chez Teaminside, nous étudions plus de 1 000 CV par mois, nous contactons 200 à 300 personnes, plutôt en début de carrière, et faisons passer 60 entretiens. Le sujet pour nous est de choisir ceux qui sont à la fois curieux, rigoureux, travailleur et capable de s’adapter : nos métiers évoluent, ils devront apprendre de nouvelles choses toute leur vie professionnelle. Il commence à y avoir pas mal de très bonnes formations, mais des métiers restent clairement en pénurie de candidats bien formés (Data, UX, …).
 
 
 Un espace détente chez Teaminside. Ça fait envie, non ?

Un espace détente chez Teaminside. Ça fait envie, non ?

 
 
Quelles sont les meilleures filières d’études pour s’y former ?

Pour les métiers de chef de projet, on peut faire une école de commerce spécialisée, une université (comme Léonard de Vinci) ou encore une école de design et de création graphique pour les UX et UI. Les conseillers d’orientation les connaissent bien désormais.

Dans un avenir proche ou à moyen terme, quels métiers, pas encore clairement identifiés aujourd’hui, pourraient se dessiner et offrir des débouchés intéressants aux futurs jeunes diplômés ?

C’est difficile à dire. L’essor de la voix permet d’imaginer une croissance des ergonomes pour les intelligences artificielles. Mais le gros des bataillons est déjà identifié dans les métiers que j’ai décris précédemment. Ils monteront en volume et en spécialité.

Développer ses soft skills, c’est apprendre à connaître les autres

En quoi les soft skills vous semblent-elles au moins aussi importantes que les hard skills (compétences techniques) ?

Elles sont clés, voire même plus importantes à mesure que le temps passe. En début de carrière, le sujet, c’est la fiabilité. On ne cherche pas des génies, mais des personnes sur qui on peut compter : on leur confie une tâche, il faut que ce soit fait sérieusement, avec rigueur. Ainsi, on peut avoir confiance, et ensuite on va passer à des choses plus importantes. On développe alors l’art de prioriser ses tâches, de les ordonner, de leur donner le bon temps, puis celui de déléguer, d’interagir avec les autres, de communiquer. Ensuite vient le temps de l’initiative, des idées, de la stratégie.
L’encadrement et le fait d’avoir une équipe requiert un « savoir-être » (soft skill) adapté : on ne dirige plus par autoritarisme désormais : on avance en mode projet, et le « chef » est davantage un guide. Il montre la voie, forme, et aide chacun à déployer ses talents. Et pour faire cela, il faut de la psychologie, posséder une capacité d’écoute, et celle de convaincre aussi. Développer ses soft skills, c’est apprendre à connaître les autres, à développer l’empathie. La vie sociale et la curiosité sont des alliés, la littérature aussi, tout comme la culture générale (art, histoire, …). Bref, il faut s’intéresser aux autres et à la conduite du monde.

Le digital est partout. En tant qu’un des pionniers français du web, c’est votre cœur de métier et pourtant, dans une interview récente dans laquelle on vous demandait « comment humaniser le digital », vous avez répondu : « en éteignant son portable » ! Vous déclariez également que s’accorder des bulles de déconnexion devrait être une des premières des libertés à apprendre aux enfants. Ça peut paraître paradoxal !

Le digital est un moyen et non une fin ! La fin, c’est de vivre, vivre vraiment et non par procuration. L’existence ne dure qu’une fois, et le réel est le réel, il n’y en a qu’un, alors il faut tout prendre, ne pas avoir peur de l’échec. Tout prendre, c’est accepter toutes les émotions, les douleurs comme les joies, les drames comme les merveilleux moments. La quête du bonheur absolue ou de la réussite absolue (belle voiture, belle maison, belle femme ou belle homme) me semblent être des leurres. Agir, faire, construire, tracer une ligne le temps de son existence selon ses propres passions, c’est l’inverse d’une fuite dans les espaces virtuels. Au centre, demeure l’ancrage dans la vie réelle. Le digital devient alors un moyen de vivre plus et non un enfermement.

Votre groupe, Teaminside, comprend notamment La Relève, une start-up qui aide les jeunes à trouver leur job. Pouvez-vous nous la présenter ?

La Relève est un accélérateur de recrutement et de croissance qui existe depuis 6 ans. Sa mission est d’accompagner les startups, les TPE et les PME dans le recrutement de leur équipe Sales, Tech et Digitale. Sa deuxième spécialisation, c’est d’intervenir sur le recrutement de profils juniors (0-5 ans d’expérience) : stagiaires, alternants et CDI juniors. Depuis le début, La Relève a noué des partenariats forts avec les écoles supérieures de commerce, digitales et web, et a créé une communauté importante d’étudiants. Aujourd’hui, sa base de données compte 150 000 candidats qui ont entre 17 et 27 ans. Depuis février dernier, La Relève a rejoint Teaminside pour compléter notre offre de recrutement car nous disposons aussi dans le Groupe d’un cabinet de « chasse » (Aravati) qui traite les profils plus expérimentés.
 
 
L’équipe de La Relève

L’équipe de La Relève

 
 
En seconde, j’ai compris que je jouais les 50 prochaines années de ma vie

Vous êtes aussi écrivain, avec trois romans à votre actif. L’un d’entre eux, Un père en colère, évoque les relations difficiles qu’un père peut avoir avec ses enfants. Quels constats, quels sentiments vous ont amené à écrire sur ce sujet ?

Je suis passionné de littérature depuis mon adolescence, et j’ai franchi le pas il y à 10 ans. Un père en colère est mon second roman édité. Je l’ai écrit non par projection d’une situation personnelle, mais par révolte devant l’accroissement de la violence et de la brutalité dans les rapports humains. A l’époque, j’avais identifié une lente et irrésistible inversion des valeurs depuis des décennies qui rendait l’éducation des enfants extrêmement difficile. Au fond, ce père en colère qui créé un blog pour hurler ses douleurs a compris que jamais, dans l’histoire humaine, la société n’a été autant l’ennemi des tentatives de créer des êtres éclairés, bienveillants et doté d’un sens critique. A l’époque, je venais d’avoir mes deux enfants. J’ai compris que le chemin serait ardu !

Dans ce roman, vous semblez déplorer aussi, à travers le personnage du père, que la société de consommation se soit éloignée des valeurs éducatives et humanistes, ou encore que la représentation de la violence (notamment dans les films) se soit banalisée…

Absolument. Les parents doivent se battre sur tous les fronts : pour garder leur job, contre la société de consommation qui transforme leur progéniture en grignoteurs matérialistes, contre les dérives des réseaux sociaux, contre l’hyper-violence importée des US et finalement contre une sourde tendance qui a vu depuis les années 70 l’enfant roi magnifié et l’autorité devenir honteuse. La femme du père en colère, est professeure. Elle aussi doit se battre au collège contre cet ensauvagement où la nuance et la raison disparaissent au profit de la puissance du groupe, des Fake News ou de celui qui crie le plus fort. Le « tout se vaut » a détruit tous les référentiels et la « verticalité » pourtant si nécessaire. Jeunes, nous avons besoin de cadre et aussi de « héros ». Désormais, parents et professeurs constituent des remparts fragiles face à la puissance de l’image et l’immédiateté des désirs. Hanouna est plus prisé que Sylvain Tesson [écrivain voyageur, NdlR]…

Comme je n’étais pas doué, j’ai beaucoup travaillé

Fils d’agriculteur, vous êtes aujourd’hui à la tête d’un groupe de plus de 300 salariés. En quelques mots, quel est votre parcours scolaire ?

Mon père m’a transmis le socle : la fidélité de la parole donnée, l’exigence du travail bien fait, la résilience, la volonté et la tolérance aux autres. Mes professeurs ont été mon levier, ils m’ont tiré vers le haut, et je peux dire que j’ai eu la chance de vivre à l’époque à laquelle l’ascenseur social fonctionnait mieux qu’aujourd’hui.

Jusqu’en 3e, j’étais un élève très moyen, façon 11 de moyenne, un peu d’indiscipliné (un entrepreneur au fond est toujours un peu indiscipliné). Puis, en seconde, j’ai compris qu’en 4 à 5 ans, j’allais jouer les 50 prochaines années de ma vie. J’ai voulu gagner au grand jeu du réel, le seul qui soit palpable et qui procure les plus grandes joies. Comme je n’étais pas doué, j’ai beaucoup travaillé. J’ai fait une terminale scientifique où je voyais des élèves qui comprenaient tout, tout de suite. Je le dis à ceux qui me liront qu’il ne faut pas en être jaloux. Les parcours professionnels des besogneux et des courageux sont bien souvent plus réussis que ceux qui, doués, n’ont pas à apprendre l’effort.

J’ai décidé de faire un cursus scientifique car la littérature étant une passion, je ne voulais surtout pas en faire mon métier. Et les mathématiques portaient en elle un mystère que je ne saisissais pas. A tous ceux qui ne comprennent pas à quoi servent les maths, je dirais avec le recul qu’elles servent tout simplement à rendre plus intelligent. Elles nous forcent à manipuler des symboles, et elles accroissent notre « CPU » [processeur] et la taille de notre « mémoire vive », si je fais une analogie avec un ordinateur.

Après mon bac, j’ai fait une prépa Math sup-spé, puis je suis devenu ingénieur Télécoms, et ensuite, conscient de mes talents désastreux de développeur informatique, je me suis orienté vers le commerce. J’ai passé un concours pour intégrer HEC en seconde année. En troisième année, j’ai rencontré Fréderic, mon associé depuis 27 ans, et nous avons monté notre première entreprise, Planète Interactive, qui réalisait des sites internet avant de créer la seconde, Teaminside, en 2011.

Quel rapport entretenez-vous avez le français et la littérature en général ?

Un rapport puissant, intime. Je voue à la littérature une admiration sans limite. La culture offre un champ de plaisir infini. Elle est aussi très utile dans une carrière. Dans les entreprises, à partir de 5 à 10 ans d’expérience, il faut savoir décoder l’irrationnel, comprendre les autres, savoir les convaincre. A un responsable d’un grand groupe qui me demandait comment développer ce sens psychologique, j’ai répondu : lisez Stefan Zweig, notamment ses biographies qui sont remarquables.

La littérature nous permet de comprendre les autres, de déchiffrer la comédie humaine. Avec les livres, des centaines de destins nous sont offerts, en profondeur. On vit plusieurs vies, on perçoit le monde dans sa globalité et dans ses nuances, on intègre la complexité des sentiments humains, leurs richesses et leurs contradictions.

Pour quelqu’un qui veut atteindre ses objectifs (par exemple séduire avec efficacité, convaincre ses potes, négocier une note avec un professeur …), lire est donc un moyen puissant, et en plus c’est un loisir !

Pour moi, le français s’est révélé une langue d’une beauté envoûtante qui procure des émotions puissantes. Combien de fois ai-je relu les 100 premières pages des Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar. C’est un plaisir simple et pur.

Y a-t-il une œuvre que vous avez lue, pendant vos années lycée, qui vous a particulièrement marqué ?

Les grands livres qui m’ont marqué pour la vie sont venus à moi un peu plus tard, quand j’étais étudiant (Dostoïevski surtout). Mais bien entendu, au lycée Les Fleurs du mal de Baudelaire m’ont touché, tout comme Les liaisons dangereuses au style parfois ardu quand on n’a que 15 ou 16 ans (mais il y a tellement d’esprit et d’intelligence dans ce texte). Au fond, je me dis que les Fables de La Fontaine qu’on étudie plus jeune devraient être réétudiées au lycée (c’est peut-être le cas) : tant de bon sens en si peu de mots !

Quel est l’événement ou l’anecdote le plus marquant de votre parcours scolaire ?

Je crois que je n’ai pas de souvenir précis de ce type, ce qui doit être le symptôme d’une période somme toute heureuse. J’ai souvent à l’esprit cette idée que l’adolescent hérite de l’enfant tout comme ensuite l’être adulte hérite de l’adolescent et que ces trois âges constituent presque trois vies différentes. Je remercie l’adolescent que j’étais d’avoir su construire des amitiés fortes à cette époque, et s’il a fait quelques « conneries », il n’a jamais mis en péril l’avenir de celui que je suis aujourd’hui. Je retiens de mon parcours scolaire ce goût pour le beau et le juste que m’ont transmis mes professeurs notamment Mme D’Escortes) ou Mme Ferréol (spéciale dédicace !). En m’offrant des personnages de roman, des héros qui m’ont inspiré, elles m’ont donné l’ambition de construire ma vie en osant y croire et en tentant de tenir le stylo de mon destin.

Propos recueillis par Fabien Cluzel
 
 
Y a-t-il une citation ou un leitmotive qui vous accompagne au quotidien, notamment face aux difficultés ?

Face aux difficultés, et cette période n’est pas de tout repos, j’ai quelques marottes que je me répète souvent au bureau, en vrac :

  • Le « non » est acquis,
  • Prévoir c’est gouverner,
  • Préférer la fourmi à la cigale,
  • Ce qui est fait n’est plus à faire,
  • Un tien vaut mieux que deux tu l’auras,
  • Le mieux est l’ennemi du bien,
  • Il faut raisonner en « et » et pas en « ou »,
  • On ne récolte pas sans semer.

C’est un peu fourre-tout, mais c’est efficace !
 
Partager sur :

Vous aimerez aussi :

4 novembre 2024

Théo Faure : un parcours en or


Lire
30 septembre 2024

Laurent Karila : « C’est un super métier que de soigner les gens »


Lire
28 septembre 2024

Des recherches récompensées par les Ig Nobels 2024 pas si farfelues que ça…


Lire
10 mai 2024

Rencontre avec la chanteuse lyrique Camille Balssa


Lire

Vivre au Lycée

Une diffusion originale et exclusive en partenariat avec le Ministère de l'Education nationale : gamme de magazines pour les jeunes dès 15 ans, avec des titres dédiés et spécialisés par niveau d’études à destination des lycéens français.

Magazine Vivre au Lycée

© EPICURE WEB 3.0

En savoir plus

A propos de nous

Charte de la protection des données

Mentions légales

Crédits

Publicité

Articles récents

  • Indiana Jones et le Cercle ancien : le jeu de l’année ?
  • Sonic 3
  • Le Service national universel bien noté par les jeunes volontaires
  • Sonny Boy (Al Pacino, éditions Seuil)
  • Étudier en Australie : l’essentiel 
2020 vacval. Tous droits réservés. Epicure 3.0