La campagne de vaccination contre les HPV débute !
Le mois d’octobre 2023 est marqué par le lancement de la campagne de vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) dans près de 7 000 collèges français, pour les élèves de 5ème. Une vaccination qui concerne plus globalement tous les jeunes à partir de 11 ans.
Vivre au Lycée s’est entretenu avec le Professeur Claude Linassier au sujet de cette campagne nationale de vaccination. Professeur des universités et praticien hospitalier au CHU de Tours en tant qu’oncologue, le professeur Linassier a ainsi récemment pris la direction du pôle prévention, organisation et parcours de soins de l’Institut national du cancer.
Qu’est-ce qu’un HPV ?
Il s’agit d’un virus très contagieux qui touche aussi bien les hommes que les femmes. Sexuellement transmissible, il peut circuler par le biais des muqueuses (les organes sexuels mais aussi la bouche) et la peau.
On dénombre aujourd’hui plus de 200 types de HPV. Parmi ces derniers, 12 s’avèrent particulièrement dangereux, car ils sont capables de modifier certains gènes des cellules qu’ils infectent et peuvent donc être à l’origine de lésions précancéreuses ou de cancers.
Les papillomavirus peuvent entraîner la formation de deux types de lésions. Les premières sont certes bénignes mais s’avèrent douloureuses et gênantes : il s’agit des verrues anogénitales. À titre d’exemple, chez les filles, ces lésions peuvent survenir au niveau de la vulve et chez les garçons, sur la verge. L’anus peut également être touché. On dénombre 100 000 nouveaux cas par an et il peut être long et difficile de s’en débarrasser. De plus, leur prise en charge est particulièrement douloureuse.
Pour autant, les cancers sont les plus préoccupants. Chez la fille, les virus HPV peuvent provoquer des cancers du col de l’utérus. Chez les garçons, c’est moins connu, les virus HPV peuvent être la cause d’autres cancers comme les cancers de l’anus ou de la verge. Ils peuvent également provoquer des cancers de la sphère ORL (1 700 cancers par an), chez les filles comme chez les garçons.
Tous les ans, on déplore la survenue de 3 000 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus, de 400 nouveaux cas de cancers de l’anus chez les garçons et 1 100 chez les filles, de 100 cancers de la verge et de 200 cancers de la vulve.
Il faut aussi souligner que ces cancers n’apparaissent pas tout de suite après la contamination par virus HPV. Il faut des années, voire des décennies avant que la tumeur maligne se développe. C’est dans cette logique, pour détecter les lésions pré-cancereuses à un stade précoce que sont notamment organisées les campagnes de dépistage du cancer du col de l’utérus. Malheureusement, pour les autres cancers, chez la femme et chez l’homme, comme ceux de la sphère ORL, de l’anus, de la vulve ou du pénis, il n’existe aujourd’hui pas de dépistage.
Comment se déroule une infection par HPV ?
Quand il y a infection, le virus s’intègre au génome de la personne et provoque des mutations au sein des cellules qui peuvent déboucher à long terme sur l’apparition d’un état pré-cancéreux, puis d’un cancer. Le plus souvent, les lésions pré-cancéreuses n’engendrent aucun symptôme. Il est primordial, grâce au dépistage, de diagnostiquer les lésions le plus tôt possible, soit au stade de pré-cancer, soit lorsque le cancer est encore de petite taille. Tous ces cancers sont d’autant plus dangereux qu’on les aura détectés tardivement.
Quels sont les bons comportements à adopter ?
L’infection par les virus HPV est la maladie sexuellement transmissible la plus fréquente. La meilleure prévention que l’on connaisse actuellement est la vaccination. Il faut savoir que le préservatif ne protège que partiellement contre les HPV, car il ne couvre pas l’ensemble des muqueuses ou de la peau. S’il protège notamment contre le sida et doit quoi qu’il en soit faire l’objet d’une utilisation systématique, il s’avère moins efficace contre les HPV car ces derniers se transmettent non seulement par voie sexuelle mais aussi par les muqueuses et la peau.
Actuellement, en France comme dans d’autres pays, la vaccination contre les HPV est l’une des rares qui protège contre certains cancers. Se faire vacciner équivaut à se protéger à 90% contre certains cancers liés aux HPV.
Au quotidien, on peut aussi réduire son risque de cancer en adaptant ses habitudes de vie : ne pas fumer, limiter sa consommation d’alcool, manger équilibré et varié, pratiquer une activité physique régulière et se protéger face au soleil.
Comment fonctionne la vaccination et à qui s’adresse-t-elle ?
Il est fortement recommandé de se faire vacciner par deux injections espacées de 6 à 12 mois, le plus tôt possible, dès l’âge de 11 ans, pour garantir une meilleure réponse du vaccin (meilleure réponse immunitaire) et avant les premiers rapports sexuels. Cette protection par la vaccination peut être moins bonne lorsqu’elle est effectuée après le début de la vie sexuelle. En effet, si vous avez déjà été infecté, la vaccination n’arrête pas le processus cancéreux qui aurait déjà débuté.
La vaccination s’adresse tout autant aux filles qu’aux garçons. Il est important de souligner qu’actuellement, les garçons se font moins souvent vacciner que les filles. Elle reste pourtant indispensable pour rompre la chaîne et combattre efficacement les HPV. En effet, si on parle beaucoup du cancer du col de l’utérus lié au virus HPV, c’est loin d’être le seul. Les filles ne sont donc pas les seules touchées. Il est primordial que les garçons soient vaccinés également, pour se protéger eux-mêmes d’une part (des cancers de la verge et de l’anus) et pour protéger les filles en évitant leur contamination.
La France est actuellement en retard par rapport aux préconisations (un objectif de 80 % de vaccinés en 2030 a été établi) et tout spécialement en ce qui concerne les garçons, qui bien souvent, ne sont pas bien informés quant aux risques encourus. On compte aujourd’hui 41,5 % de vaccinées chez les filles contre seulement 8,5 % chez les garçons. L’antériorité de la vaccination pour les filles (2007), comparée à celle des garçons (2021) peut également expliquer ce résultat.
Il est aussi indispensable d’informer correctement les parents de manière claire et transparente. La campagne de vaccination va dans ce sens, à travers toute une série de supports visant à communiquer les renseignements importants concernant les risques liés aux HPV et l’utilité de la vaccination, qui, je le rappelle, est sûre et ne présente aucun risque, tout en offrant une solide protection contre plusieurs cancers très dangereux.
Ce qu’il faut retenir
- La vaccination prévient jusqu’à 90 % des infections HPV ;
- Les HPV peuvent entraîner des cancers chez les filles et les garçons à l’âge adulte. Les HPV sont responsables des cancers du col de l’utérus, de la vulve, de la sphère ORL, de la verge ou encore de l’anus ;
- La vaccination est préconisée dès l’âge de 11 ans pour prévenir l’infection avant son apparition ;
- Le vaccins contre les HPV peuvent prévenir les cancers mais aussi les lésions précancéreuses, ainsi que les lésions bénignes mais douloureuses (verrues anogénitales) ;
- La campagne de vaccination est recommandée par la Haute autorité de santé pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans mais reste possible après ; de 15 à 19 ans (3 doses seront alors nécessaires) ;
- La campagne concerne tout aussi bien la France métropolitaine que les territoires d’outre-mer.