Le metal pour les nuls
Le metal a la côte. En France en particulier, le Hellfest, le plus grand festival du pays, réunit tous les ans en juin les amateurs du monde entier autour d’une affiche de grande classe, entre stars incontestables et autres talents émergents. Le terme metal qui rassemble de nombreux sous-genres. Et si nous faisions un petit peu le point ?
Heavy metal, metal progressif, doom metal, hardcore metal, glam metal… Comment s’y retrouver dans tous les styles de metal et quels sont les artistes les plus emblématiques de ces genres ? Vivre au lycée vous a préparé un petit historique, ainsi qu’un passage en revue, pour vous aider à vous y retrouver.
Les débuts du metal
Une chose est sûre. Tout le monde est d’accord sur ce point : Black Sabbath a inventé le metal tel qu’on le connaît, dans sa forme la plus pure. Néanmoins, avant, certains groupes avaient préparé le terrain, tels les Beatles, à travers des morceaux bien énervés et riches en gros riffs comme Helter Skelter and I Want Your (she’s so Heavy), Blue Cheer, Led Zeppelin, The Kinks, The Who, Cream, Vanilla Fudge et bien d’autres. Black Sabbath donc, s’est nourri à la source du rock, construisant sa musique à partir d’influences nobles, les Beatles, encore eux, en tête. C’est en 1970 que sort le premier album de Black Sabbath, qui pour rappel, est formé d’Ozzy Osbourne (chant), Tony Iommi (guitare), Bill Ward (batterie) et Geezer Butler (basse). Les quatre musiciens sont originaires des quartiers ouvriers de Birmingham en Angleterre. Ils n’ont pas d’argent (Ozzy est embauché pour la seule raison qu’il est le seul à posséder un ampli pour le chant) mais ils ont des idées. L’une des plus brillantes est de composer une musique sinistre qu’ils considèrent parfaite pour cadrer avec les films d’horreur qui cartonnent alors dans les salles obscures.
Le nom Black Sabbath est d’ailleurs le titre d’un film d’épouvante réalisé par Mario Bava en 1963 (retitré chez nous Les Trois Visages de la peur). Très vite, Black Sabbath (avec Deep Purple notamment), enfante d’une musique qui fascine, fédère, effraie et passionne. Le son du combo, très lourd, provient notamment du fait que le guitariste Tony Iommi, vient de se faire sectionner plusieurs doigts dans une usine métallurgique, alors qu’il s’apprête à démissionner pour embrasser une carrière dans la musique. Inspiré par le musicien de jazz manouche Django Reinhardt, lui-même dans l’impossibilité de se servir pleinement de plusieurs de ses doigts, Iommi se confectionne de petites prothèses pour remplacer le bout de ses doigts coupés. Il détend également au maximum les cordes de sa guitare et produit ainsi un son très caractéristique, qui s’imposera comme le « son metal » par excellence.
Les héritiers de Black Sabbath
Black Sabbath n’est pas le seul groupe à avoir donné naissance au heavy metal. C’est néanmoins le plus influent. Non seulement au niveau de la musique en elle-même qu’au niveau des paroles, des thématiques abordées ou encore de l’imagerie, avec une prédominance des figures maléfiques et autres créatures cauchemardesques (même si aucun des membres de Black Sabbath n’était porté sur la magie noire, contrairement par exemple à Jimmy Page, le guitariste virtuose de Led Zeppelin).
Par la suite, en Angleterre et aux États-Unis, des groupes ont émergé, comme Def Leppard, Saxon, Iron Maiden, Judas Priest et bien sûr Motörhead, qui s’est pour autant toujours auto-défini comme un combo plus rock and roll mais qui a néanmoins grandement inspiré la scène thrash grâce à l’utilisation de la double-pédale à la batterie (utilisée pour la première fois par le batteur Phil Taylor sur le morceau Overkill). C’est alors que la New Wave of British Heavy Metal a déferlé sur les États-Unis et sur le monde, aidant là encore à engendrer de nouveaux sous-genres.
Tour d’horizon des divers genres dominants du heavy metal
- Le Heavy metal traditionnel : on qualifie de traditionnel le metal des débuts. Celui de Black Sabbath, Alice Cooper, Aerosmith, Deep Purple, Blue Öyster Cult, Saxon, Dio, Accept, Judas Priest, Motörhead ou encore Iron Maiden. On peut aussi parler de hard rock même si ce terme, très populaire en France et souvent associé à des formations comme AC/DC, n’est pas très exploité aux États-Unis.
- Le Metal progressif : grandement inspiré par le rock progressif de King Crimson, Pink Floyd ou Rush, le metal progressif se démarque par la virtuosité dont font preuve les musiciens au fil de morceaux généralement complexes et longs. On peut citer Dream Theater, Symphony X, Tool, Devin Townsend…
- Le Thrash metal : violent, bourrin diront certains, le thrash metal tape fort et vite. Popularisé et propulsé par des groupes comme Metallica, Megadeth, Anthrax et Slayer qui font d’ailleurs partie du fameux Big 4, il est encore à ce jour l’un des genres de metal les plus populaires.
- Le Speed metal : comme son nom l’indique, le speed metal va vite. Initié par Motörhead, il compte des groupes comme Exciter ou Helloween, et peut, comme d’autres sous-genres, emprunter autant d’éléments au punk, au thrash ou bien sûr à l’incontournable heavy metal traditionnel.
- Le Metal symphonique : épique au possible, ce metal incorpore des éléments de la musique classique. Associé parfois à une imagerie guerrière, il est porté par des combos comme Nightwish ou Rhapsody of Fire, voire Dragon Force. Il s’inspire notamment des univers fantastiques et d’œuvres littéraires comme Le Seigneur des Anneaux, même si ce n’est pas non plus systématique.
- Le Shock metal : véritablement né à la fin des années 1960 sous l’impulsion d’Alice Cooper, développé par KISS puis par des artistes comme Rob Zombie, le shock metal a par la suite pris plusieurs formes avec des groupes comme Gwar ou Lordi (qui a gagné l’Eurovision en 2006). Ici, c’est le spectacle qui prime, avec une imagerie directement empruntée au grand-guignol de l’époque victorienne et aux films d’horreur.
- Le Black metal : ce dérivé du thrash metal est particulièrement ancré en Europe, dans des pays comme la Norvège. Le Black metal norvégien est d’ailleurs un genre à part entière, avec des groupes comme Mayhem, Immortal et Emperor. Très violent, emmené par des musiciens qui souvent se maquillent le visage, il charrie des thématiques en lien direct avec l’histoire de la Norvège et des autres pays nordiques. Lié au Viking metal, il se caractérise également par son rejet de la religion chrétienne, en réaction directe à l’évangélisation des peuples de ces pays à la fin de la domination des vikings. Si on pense parfois qu’il s’agit de groupes sataniques, en réalité, il n’en est rien tant la figure du diable, reliée à la religion chrétienne, n’a aucun sens pour ces musiciens qui en revanche, sont attachés au paganisme nordique et donc aux anciens dieux que sont Odin ou Thor. L’histoire du Black metal a été émaillée de plusieurs tragédies, avec beaucoup de violence, même si la majorité des groupes ne possède bien heureusement pas de casier judiciaire. Initié par des figures comme Venom ou Bathory, le Black metal est encore très populaire.
- Le Death metal : également très brutal, façonné à l’aide de rythmiques très lourdes et autres voix gutturales, le Death est une forme très extrême de metal, dont l’imagerie est souvent associée à des thématiques choquantes. Créé par des groupes comme Venom ou Celtic Frost, il a vu émerger des combos comme Obituary, Carcass, Morbid Angel, Cannibal Corpse ou encore Deicide et reste à ce jour l’un des genres de metal les plus sauvages.
- Le Doom metal : souvent lent et très lourd, popularisé par Type O Negative notamment, le Doom metal entretient une puissante filiation avec Black Sabbath, tout comme d’autres sous-genres particulièrement vivaces, tels le Stoner ou le Sludge.
- Le Metalcore : rattachés à la scène punk, inspirés par les Ramones, les Sex Pistols mais aussi et surtout par les premiers groupes qui ont poussé la musique punk dans ses derniers retranchements, comme les Dead Boys, les artistes Metalcore jouent vite, crient fort et ne font pas dans la dentelle. On peut citer Converge, Hatebreed, Killswitch Engage ou encore Unearth.
- Le Glam metal : festif, le Glam a connu son heure de gloire dès le début des années 1980, plutôt sur la côte ouest des États-Unis, avec des groupes comme Mötley Crüe. Reconnaissables grâce à leurs tenues et maquillages outranciers, ces musiciens, plus tard rejoints par les mastodontes Guns N’ Roses (qui se sont éloignés du genre par la suite, du moins sur le plan visuel), Poison, Ratt et bien d’autres, ont pris d’assaut le monde. Ils tournent d’ailleurs pour la plupart toujours aujourd’hui et ont longtemps régné en maître sur les charts, avant que le grunge et des groupes comme Nirvana, Soundgarden ou Pearl Jam ne viennent calmer le jeu et imposer leur musique plus sérieuse, plus sombre et moins délurée.
- Le Metal industriel : ici, les machines viennent soutenir les instruments traditionnels pour envoyer un gros son totalement caractéristique. Si on pense tout de suite à Rammstein, d’autres formations comme Ministry ou Kiling Joke ont tout d’abord pavé la voie.
- Le Metal fusion : terme générique, le Metal Fusion regroupe tous ces groupes qui ont agrémenté leur metal d’autres sonorités. On peut par exemple citer Sepultura, qui a mixé le thrash metal avec des sons traditionnels brésiliens, Infectious Groove et leur metal très groovy, Fishbone ou encore Rage Against the Machine.
- Le Nu metal : né dans les années 1990 avec des combos comme Korn, Limp Bizkit ou Deftones, le Nu metal est issu d’une fusion entre plusieurs genres, organisant parfois la rencontre entre le hip-hop et le metal, dans la continuité du pionnier du genre, à savoir Aerosmith qui, en 1986, a collaboré avec Run-DMC pour le hit Walk This Way, sous la houlette du producteur culte Rick Rubin.
Il ne s’agit bien sûr que de quelques sous-genres particulièrement populaires. Il existe aujourd’hui des dizaines de styles de metal et parfois, il est bien difficile d’étiqueter les artistes qui, bien heureusement, ne se privent pas de naviguer d’un sous-genre à un autre. Reste que le metal a su s’adapter, évoluer et grandir pour toucher une audience de plus en plus large. Propulsé par de grosses stars qui fédèrent au-delà de la communauté metal, comme Metallica ou KISS ou par des combos moins connus, le metal a écrit son histoire dans le bruit et la fureur, puisant sa force d’un mélange audacieux de sonorités et d’influences.
Gilles Rolland
Crédit photo principale : Filip Andrejevic-Unsplash