Le Service national universel bien noté par les jeunes volontaires
Le Service national universel plaît aux jeunes, en tout cas à ceux qui font le choix, notamment hors programme scolaire, de s’y « frotter ». C’est ce qui ressort d’une enquête menée par l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire) auprès des jeunes ayant réalisé des séjours de cohésion en 2024, séjours qui constituent la première étape de ce SNU avant d’éventuellement poursuivre sur des missions d’intérêt général de type service civique.
Le SNU est un parcours citoyen proposé depuis 2019 aux jeunes de 15 à 17 ans hors parcours scolaires, et, depuis la rentrée 2023, également à des jeunes de seconde ou de première année de CAP sur le temps scolaire.
L’objectif est de renforcer la cohésion nationale en proposant une expérience de mixité sociale et territoriale, de développer une culture d’engagement et d’accompagner l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Le SNU se décompose en 2 étapes :
– La première étape est le séjour de cohésion de deux semaines ;
– La deuxième étape est un temps de service à la nation qui peut prendre plusieurs formes : la réalisation d’une mission d’intérêt général, ou un service civique, ou une réserve civique ou militaire, ou un bénévolat associatif.
Quelles sont les motivations des jeunes ayant réalisé un séjour national universel (SNU) ? Quels sont leurs projets ? Sont-ils satisfaits de leur expérience ? Ce sont quelques-unes des grandes questions auxquelles ont été invités à répondre des jeunes qui ont participé, de février à juillet 2024, à la première étape de ce service, le séjour de cohésion de 2 semaines.
Une expérience qui plaît
Et ce qu’il en ressort, au vu des résultats de cette enquête qui ont été publiés le 12 décembre en s’appuyant sur les réponses de 28 000 jeunes, soit plus de la moitié de ceux qui ont participé à un séjour de cohésion, c’est que les jeunes sont très majoritairement satisfaits de leur séjour de cohésion. Et ce, notamment lorsqu’ils se sont engagés dans la démarche de manière individuelle, donc hors temps scolaire.
Chez ces derniers, ce ne sont pas moins de 95 % d’entre eux qui se disent satisfaits de leur séjour. Mais ils le sont aussi, même si c’est dans une moindre mesure, lorsqu’ils ont réalisé ce séjour dans le cadre des « classes et lycées engagés », un tout nouveau programme dit « CLE », proposé sur le temps scolaire (89 % étaient satisfaits des séjours de cohésion effectués dans le cadre du programme CLE).
Ouvert pour l’année 2023-2024, le programme CLE a notamment permis de toucher des lycéens plus « divers » (et donc plus représentatifs de cette classe d’âge), alors que les participants aux séjours hors temps scolaire proviennent très majoritairement des filières générales et technologiques : ainsi, le CLE a visiblement permis de faire participer à ces séjours davantage de jeunes issus des filières professionnelles puisque, dans ce programme, 43 % des jeunes représentent ces filières contre à peine 15 % pour le programme individuel.
D’autres signes illustrent cette satisfaction générale des jeunes par rapport à leur séjour :
– Ils sont majoritaires à vouloir poursuivre le SNU dans le cadre de la phase d’engagement (mission d’intérêt général, service civique, réserve, préparation militaire…), chez les 3/4 de ceux qui ont réalisé un séjour de cohésion hors temps scolaire et 56 % des participants CLE ;
– Ils déclarent qu’ils seraient prêts à recommander l’expérience à un proche.
Et cette satisfaction concerne également ceux à qui le séjour a été imposé, même s’ils le sont moins que les « volontaires ».
Une expérience qui plaît, mais davantage aux volontaires qu’aux non-volontairesLes bons taux de satisfaction sont à rapprocher du fait que la participation à ces séjours repose avant tout sur le volontariat. En effet, les séjours individuels reposent sur une démarche de la part du jeune, qui s’inscrit via le site internet du SNU pour y participer. De même, si pour les élèves des CLE les séjours de cohésion s’inscrivent dans le projet de classe, la participation demeure facultative. Ceux à qui on a imposé ces séjours restent peu nombreux mais l’enquête montre que le taux de satisfaction varie fortement selon si la démarche est volontaire ou non : l’écart, notamment chez les « très » satisfaits, est en effet de 16 points entre les volontaires et les non-volontaires (64 % contre 38 %). |
Les activités sportives et les modules de cohésion très appréciés
Qu’est-ce qui leur a plu précisément dans cette expérience ? D’abord les conditions d’accueil : dans l’ordre de satisfaction, ils citent les transports, les locaux, les uniformes et tenues, l’organisation des journées et la qualité des dortoirs et de la nourriture, même si les participants sur temps scolaire affichent moins de satisfaction que les autres sur tous ces critères. Les encadrants aussi ont été jugés disponibles par environ 95 % des participants, quel que soit le séjour.
La plupart des jeunes semblent aussi avoir trouvé ce qu’ils étaient venus chercher dans ces séjours. Parmi les motivations (pouvant être multiples) ayant incité à l’inscription, « rencontrer de nouvelles personnes et créer des liens nouveaux » arrivait largement en tête et ceux qui ont avancé ce motif ne sont, semble-t-il, pas déçus puisque 81 % disent avoir effectivement trouvé ces dimensions durant leur séjour.
Enfin, dans le programme qui leur a été proposé, ce sont les activités physiques, sportives et de cohésion qui ont le plus séduit. Certaines suscitant encore beaucoup d’attentes puisque le sport est la première activité que les jeunes ont jugée comme n’étant pas suffisamment présente.
Plus des 3/4 des jeunes disent aussi avoir apprécié les activités liées à l’initiation à l’auto-défense, les modules « Défense et mémoire » (défense, cybersécurité…), « Valeurs de la République » (symboles de la République française et de l’UE, laïcité et liberté d’expression, égalité et lutte contre les discriminations…), « sécurité intérieure » (prévention du cyber harcèlement, sécurité routière…). Et parmi les nouvelles activités introduites cette année, celle permettant de valider la formation PSC1 (« Prévention et secours civiques niveau 1 ») a aussi été appréciée. En revanche, comme les années précédentes, ce sont les activités liées au développement durable qui ont suscité le moins d’intérêt, « les insatisfaits le jugeant notamment trop proche des contenus scolaires », rapporte l’INJEP.
Quelle expérience les jeunes en tirent-ils ?
Et après, qu’est-ce que ça leur donne envie de faire ? Alors que le SNU prévoit à l’issue du séjour de cohésion de proposer aux jeunes de participer à la « phase d’engagement », la majorité des jeunes qui ont participé à un séjour disent vouloir poursuivre. Et vouloir poursuivre est loin d’être une mauvaise idée si l’on se fie à une autre récente enquête concernant le service civique, l’une des formes d’engagement possibles durant la 2e étape du SNU.
L’édition 2024 du baromètre de l’Agence du service civique, qui regroupe une étude réalisée par Ipsos auprès de plus de 400 recruteurs et une étude réalisée par CSA auprès des 16-25 ans en septembre 2024, montre en effet que l’expérience du service civique (qui célébrera ses 15 ans d’existence en mars 2025) est un plus dans un CV :
- Quasiment 70 % des recruteurs voient cette expérience comme un plus sur un CV, valorisant des qualités telles que la capacité à collaborer avec les autres, à respecter les directives et à devenir autonome, à s’adapter ;
- 94 % des responsables des ressources humaines ayant recruté un ancien volontaire se déclarent satisfaits et soulignent la qualité des profils recrutés.
Enfin, on découvre dans quels cadres les jeunes interrogés par l’INJEP souhaiteraient poursuivre leur SNU. Ce sont les corps en uniforme qui semblent les attirer le plus. Ces jeunes disent en effet viser prioritairement l’armée, la police ou la gendarmerie, aspirations que l’on retrouve d’ailleurs lorsqu’on les questionne sur leurs aspirations professionnelles, les pompiers constituant également un corps de métier prisé.
Camille Pons
Crédit photo : Brooke Cagle-Unsplash