L’eau va-t-elle vraiment venir à manquer ?
Plusieurs communes françaises sont aujourd’hui concernées par des problèmes d’eau potable. Durant l’été 2022, particulièrement chaud, les restrictions se sont multipliées. Cela signifie-t-il que l’eau va manquer de manière générale en France et ailleurs dans le monde ?
L’eau potable pourrait manquer cet été. Ce constant, plutôt alarmant, est au centre de nombreuses discussions. Mais qu’en est-il exactement ? Existe-t-il des solutions ?
L’état de nos réserves en eau
Vous avez peut-être remarqué qu’il n’avait pas plu beaucoup cet hiver. Une situation qui fait craindre, avec l’arrivée d’un été qui devrait être particulièrement chaud, une détérioration des réserves. Un peu partout sur le territoire, le niveau des cours d’eau a baissé et celui des nappes phréatiques est jugé préoccupant. En effet, après cet hiver plutôt avare en précipitations, l’ensemble des nappes phréatiques du pays se retrouve sous les normales de saison, ainsi que l’a annoncé le Bureau des recherches géologiques et minières. Cette situation résultant à la fois d’un mois de février beaucoup trop sec mais aussi de plusieurs années trop douces et peu marquées par d’importantes pluies. Pour ne rien arranger, même le débit moyen moyen annuel de plusieurs cours d’eau a diminué de manière significative.
Il semble donc inévitable, à moins de connaître une fin de printemps très humide, que des restrictions seront au programme pour cet été, prévu caniculaire par les observateurs.
Une nappe phréatique, comment ça marche ?
La nappe phréatique est une nappe d’eau située à faible profondeur sous le sol. C’est notamment elle qui alimente les différents puits en eau potable. La nappe phréatique se recharge en grande majorité à l’aide des précipitations. En toute logique, s’il ne pleut pas, alors qu’on continue de puiser l’eau, la nappe phréatique s’épuise. Il existe également plusieurs cas de figure concernant la « recharge » de la nappe.
- L’eau peut être interceptée par les végétaux présents à la surface : une partie de cette eau est alors transférée vers l’atmosphère par évapotranspiration.
- L’eau tombe directement dans la nappe. On parle ici de pluie efficace.
Pour correctement se remplir, une nappe phréatique a donc besoin de la pluie mais pas seulement. Il est ainsi préférable qu’il ne fasse pas trop chaud pour limiter le phénomène d’évaporation. Comme nous venons de le voir, il ne faut pas non plus que l’eau soit récupérée par la végétation. Suivant la situation, l’eau peut mettre de quelques jours à plusieurs années pour rejoindre la nappe. En France, on estime que seulement 20 à 23 % des précipitations annuelles parviennent à s’infiltrer dans les nappes phréatiques. Et c’est bien le problème car si l’intégralité de l’eau de pluie parvenait jusqu’aux nappes, la pénurie qui nous menace ne serait pas aussi marquée voire inexistante.
Pour que la pluie soit efficace du point de vue des nappes phréatique, il faut donc qu’elle tombe sur un terrain favorable mais aussi au bon moment. À titre d’exemple, et contrairement à ce que l’on peut penser, les sols très secs ne permettent pas une bonne infiltration de l’eau. Pour que les nappes se rechargent donc correctement, il est préférable que les précipitations soient conséquentes pendant l’automne et au printemps. Cela dit, la pluie estivale n’est pas mauvaise pour autant, ne serait-ce que parce qu’elle permet d’irriguer « gratuitement » les cultures.
Quelles solutions pour l’avenir ?
Des études estiment que d’ici 2025, plus de la moitié de la population mondiale vivra dans des régions touchées par le manque d’eau potable. Le gaspillage, des industries comme celle du textile (saviez-vous par exemple que la fabrication d’un jean exigeait en moyenne l’équivalent de 285 douches soit 7 000 à 10 000 litres d’eau ?) et donc la pénurie, aggravée par la bétonisation grandissante sont au centre des débats. Heureusement, des solutions existent :
- La réutilisation de l’eau : le simple fait de traiter les eaux usées pourrait grandement aider. Dans certains pays, comme Singapour et les États-Unis (en Californie), des systèmes ont été mis en place pour utiliser des eaux usées pour l’industrie ou pour l’irrigation agricole. Pour l’instant, en France, 1% seulement des eaux usées est réutilisé.
- La rénovation des canalisations : bien souvent, les tuyaux abîmés sont responsables de fuites très dommageables. En France et ailleurs, des travaux permettant de remettre en état les réseaux pourraient « sauver » 20 à 40 % de l’eau potable, ce qui est énorme.
- La désalinisation de l’eau de mer : les océans pourraient représenter un formidable réservoir d’eau potable. Après tout, les technologies permettant de désaler l’eau de mer existent. Le problème, c’est qu’elles sont coûteuses. Cela dit, les pays du Golfe utilisent aujourd’hui l’eau de mer pour combler leurs besoins en eau douce (environ 70 %). Et si les choses ne vont pas très vite dans ce domaine en Europe, ces technologies connaissent aujourd’hui une croissance d’environ 10 %.
- La sobriété : c’est tout simple. Si on veut limiter le manque d’eau, il faut l’économiser. D’où les politiques mises en place l’été qui interdisent parfois dans certaines régions l’arrosage des jardins et le remplissage de piscines ou encore le lavage des véhicules.
- Des initiatives personnelles : les collecteurs d’eau de pluie peuvent grandement aider. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux chez les particuliers, qui s’en servent pour arroser leur jardin en période de sécheresse.
Pénurie d’eau : conclusion
C’est un fait, l’époque de l’eau à volonté est terminée. Pour le moment en tout cas ! Il faudra selon toute vraisemblance plusieurs années pour que les nappes phréatiques retrouvent des niveaux rassurants, dans l’hypothèse que les précipitations soient au rendez-vous. Malheureusement, le réchauffement climatique n’arrange pas les choses bien au contraire. La bonne nouvelle, car au fond rien ne sert de céder à la panique, c’est que des solutions existent, comme nous l’avons vu. Chacun a désormais un rôle à jouer dans la préservation de l’eau.