Les chats ont-ils vraiment 9 vies ?
Chez Vivre au Lycée, on aime parfois se poser des questions un peu insolites et décrypter ainsi des idées reçues ou des mythes récurrents. Ce mois-ci, ce sont nos amis les chats qui nous intéressent avec la légende qui leur colle aux poils depuis des siècles : les chats ont-ils vraiment 9 vies ? Vous vous doutez que la réponse à cette question est bien sûr « non ». Les chats, comme les chiens et toutes les créatures vivantes, n’ont qu’une seule vie. Mais d’où vient donc ce mythe ? Décryptage !
L’image du chat dans l’Histoire
Avant de nous attaquer directement à la question qui nous intéresse, voyons un peu quelle a été l’image du chat dans la grande histoire de l’humanité. On estime aujourd’hui que la France compte environ 14,5 millions de chats domestiques. Les chiens sont un peu plus nombreux (environ 15,1 millions) mais force est de reconnaître que les chats ont la côte. Et pas seulement en France d’ailleurs, même si, nous allons le voir, ils souffrent d’une réputation peu enviable dans certaines contrées.
Début de la domestication du chat
Les chercheurs ont établi que les chats ont commencé à être domestiqués vers 2000 avant J.-C., en Égypte. Même si au fond, les restes d’un chat ont été retrouvés aux côtés du corps d’un enfant dans une sépulture à Chypre qui date de plus de 7500 avant J.-C.. On estime alors que le début de cette franche camaraderie entre l’homme et le matou a vraiment débuté avec le début de l’agriculture, quand le grain était stocké et que les rats et les souris se sont invités dans les habitations, suivis de près par leur prédateur naturel, à savoir le chat. Probablement conscient qu’il pourrait être bon de dormir à l’abri et de tirer un maximum des humains, le chat est par la suite resté, sans pour autant, comme nous le savons bien, renoncer à son indépendance.
Le chat vénéré et le chat conspué
Suivant les régions du monde, le chat a tour à tour été considéré comme un vecteur de malchance, voire de malédiction, ou comme une quasi-divinité. Les Égyptiens en particulier, ont en cela représenté la déesse protectrice Bastet sous les traits d’un chat. Par la suite, les Romains l’ont adopté et l’ont utilisé pour défendre les récoltes et chasser les rongeurs. Dans l’Islam, en raison de l’affection qu’éprouvait le prophète Mahomet pour un chat, qui l’avait sauvé d’une morsure de serpent, le chat bénéficie d’une excellente image. En Europe, les choses ont en revanche été plus compliquées pour le félin qui a pu être accusé de porter malheur (pour les chats de couleur noire) ou de frayer avec les sorcières et le diable. Certaines croyances lui attribuaient même des pouvoirs surnaturels et les gens, à cette époque plutôt crédule, l’évitaient souvent comme la peste, lui préférant le chien. Mais c’est encore une fois grâce aux fiers services qu’il a rendus aux agriculteurs que le chat a su se racheter une réputation. Au début du XVIIIème siècle, le chat a même commencé à être apprécié en tant qu’animal de compagnie exclusivement. Les chiens ratiers étant à cette époque davantage exploités pour chasser des rats devenus un peu trop balèzes et agressifs.
Pour autant, toujours aujourd’hui, le chat possède un peu une double image. La pop culture n’est pas étrangère à cet état de fait. Si des personnages plutôt bienveillants comme Garfield (quoi que) ou le Chat Potté de Shrek lui offrent une bonne publicité, d’autres entretiennent son image plus trouble, comme le chat Béhémoth, personnage secondaire mais très important du roman de Mikhaïl Boulgakov Le Maître et Marguerite. Un chat géant à la botte du diable qui sème le trouble dans la bonne société moscovite.
En évoquant le Chat Potté, il est bon de souligner que le deuxième (et excellent) volet de ses aventures se focalise d’ailleurs sur les neuf vies que le héros aux poils roux a gaspillées lors de ses périples.
Une autre légende affirme que les chats ont pour habitude de se réunir à l’occasion de sabbats, comme les sorcières, pour parler comme des humains et vouer un culte au prince des ténèbres. Dans les années 1990, le journal fantaisiste Infos du monde avait d’ailleurs exploité ce mythe en imprimant une histoire centrée sur des chats extraterrestres infiltrés dans la population de chats terriens (mais pas à des fins diaboliques).
Et n’oublions pas enfin de citer, dans un registre plus positif, les chats porte-bonheur japonais, représentés au travers des Maneki-Neko, ces petites statues qui bougent la patte. Pour résumer, avec le chat, les choses ne sont jamais vraiment simples.
Les neuf vies du chat
Le chiffre 9 est indissociable de ce bon vieux matou. On raconte donc depuis très longtemps que le chat possède 9 vies mais on a souvent aussi affirmé que les sorcières avaient le pouvoir de se transformer neuf fois en chat. Un autre exemple ? Le chat ne pourra avoir que 9 maîtres maximum. Le dernier de ces maîtres étant condamné à brûler en enfer.
L’histoire des neuf vies du chat possède plusieurs versions.
La première prend place en Inde. On raconte que c’est le dieu Shiva lui-même qui aurait offert neuf vies aux chats. Pourquoi ? Car un jour, alors qu’il se rendait dans un temple, Shiva aurait croisé un chat. Ce dernier, plutôt sûr de lui, lui affirma qu’il était un fin mathématicien et qu’il pouvait compter jusqu’à l’infini. Curieux, Shiva lui demanda une démonstration mais le chat, plutôt feignant, s’endormit après être arrivé jusqu’à 9. Amusé, Shiva entra alors en méditation et en conclut que le sommeil si profond du chat était probablement très proche de l’infini. Il donna enfin ses neufs vies au matou qui dormait toujours du sommeil du juste.
La version égyptienne diffère quelque peu. Très apprécié dans l’Égypte antique, le chat faisait l’objet d’une admiration certaine en raison de sa capacité à retomber sur ses pattes après avoir chuté de très haut. Pour les Égyptiens, un tel don signifiait forcément que le chat était immortel. Croyant, comme les Hindouistes, en la réincarnation et vénérant le chiffre 9, les Égyptiens ont alors pu conclure que le chat possédait 9 vies au terme desquelles il se réincarnait sous la forme d’un humain. Le chiffre 9 étant considéré dans plusieurs cultures comme un symbole de la renaissance et de l’éternité. Attention néanmoins, car dans d’autres régions, comme en Italie, au Brésil, en Grèce, en Espagne ou en Turquie, le chat n’a que 7 vies, voire 6. Il est amusant dans tous les cas de constater que le chat, contrairement au chien, est souvent associé à un chiffre « important » car très riche symboliquement. Et si le 9 l’a emporté sur les autres, c’est tout simplement car sa symbolique est véritablement prédominante. Il s’agit après tout du nombre de l’homme car il correspond aux neuf mois de gestation humaine et renvoie ainsi à la naissance et donc in fine à la vie.
Quoi qu’il en soit, les chats, de leur côté, n’accordent pas vraiment d’importance à tout ceci. Ils préfèrent probablement se réunir en secret pour fomenter des plans pour prendre le contrôle de la planète et enfin nous soumettre à leur volonté suprême.
Crédit photo principale : Manja Vitolic-Unsplash