L’évolution et le darwinisme, c’est tout bête !
Ce fut une véritable révolution pour la science mais aussi pour la culture en général, puisque c’est rien de moins que la perception des humains par eux-mêmes qui a été bouleversée. En 1859, lorsque Charles Darwin publie De l’origine des espèces, la théorie de l’évolution vient replacer l’Homme à sa juste place dans la nature : un animal parmi d’autres, fruit d’une longue évolution faite de hasards et de nécessités.
Si le principe de l’adaptation des espèces vivantes à leur milieu naturel était déjà connu, c’est Charles Darwin qui a échafaudé le premier une véritable approche scientifique rigoureuse, en particulier par l’observation.
La manière dont il s’y est pris est aussi intéressante que ses conclusions. Depuis l’Angleterre, Darwin a embarqué à 26 ans sur le navire Beagle, qui l’a mené jusqu’aux îles Galápagos en passant par l’Amérique du Sud. Pendant ce périple de 5 ans digne d’un aventurier, au cours duquel il a risqué sa vie plus d’une fois, Darwin a observé avec minutie d’innombrables espèces et multiplié les observations géologiques pour tenter de dater les fossiles de mammifères géants disparus qu’il a découverts. A l’issue de cette expédition, il a ramené de nombreux animaux, fossiles et échantillons qu’il a étudiés pendant des années avant de publier son célèbre ouvrage, De l’origine des espèces par les moyens de la sélection naturelle.
De l’origine des espèces par les moyens de la sélection naturelle
La reproduction, l’obsession de la nature
Sa thèse centrale : la diversification des espèces naturelles est le fruit d’une évolution à partir d'une ascendance commune. Et cette évolution repose sur un mécanisme central : la sélection naturelle. Cette explication scientifique, aujourd’hui dominante, était une révolution pour l’époque, où la religion jouait un grand rôle et le récit de la création biblique était généralement admis comme l’explication de la présence et la diversité des espèces vivantes. Que nous dit Darwin ? Que parmi toutes les espèces, des mutations génétiques se produisent de temps en temps, de manière aléatoire (par hasard donc). Si ces mutations présentent un intérêt en terme de survie, au regard du milieu dans lequel l’espèce évolue, alors les individus dotés de cette mutation auront davantage de chances de se reproduire (puisque leurs chances de survie sont plus élevées que ceux qui n’en sont pas dotés), et donc de transmettre ces nouveaux caractères à leurs descendants. Prenons un exemple : le cou de la girafe. De lointains ancêtres des girafes n’avaient pas un cou aussi long. Mais, dans un milieu arboricole où vivent de nombreuses espèces et individus se nourrissant de pousses sur les mêmes arbres, les individus sont en lutte pour accéder aux meilleures branches. Un jour, des ancêtres de la girafe sont nés avec un coup plus long que leurs congénères. Ils ont pu accéder à de la nourriture de meilleure qualité et en plus grande quantité que les autres : c’est ce qu’on appelle un avantage sélectif. Survivant mieux que les autres, ils se sont davantage reproduits et, sur le temps long, la variété d’ancêtres de la girafe dotée de cou long a supplanté la variété à cou court.Ça marche… ou pas !
On en déduit qu’en fin de compte c’est l’environnement qui modèle les espèces. Par exemple, en cas de refroidissement du climat, les individus les plus poilus d’une espèce auront plus de chances de vivre et de se reproduire que les autres. Ces mutations ne sont donc retenues que quand elles présentent un avantage. La nature fonctionne sur un mode simple lorsqu’elle innove : ça marche, ou ça ne marche pas. Si « ça » marche, « ça » se reproduit. Tout cela étant dit, ne vous attendez pas à voir apparaître du jour au lendemain chez nos semblables des mutations dignes des X-Men ! Fabien CluzelLa blagounette pour comprendre la sélection naturelle
Richard Dawkins, un des plus célèbres scientifiques darwinien d’aujourd’hui, raconte cette histoire qui montre que le processus de sélection est davantage une compétition à l'intérieur de chaque espèce qu’une compétition entre espèces : deux brontosaures sont pris en chasse par un tyrannosaure et courent pour lui échapper. L'un des deux dit à l'autre : « Pourquoi courons-nous ? Nous n'avons aucune chance de courir plus vite que le tyrannosaure ! ». Et l'autre lui répond: « Je ne cherche pas à courir plus vite que lui, je cherche juste à courir plus vite que toi ! ». CQFD.Darwin dans le texte
« Comme il naît beaucoup plus d'individus de chaque espèce qu'il n'en peut survivre, et que, par conséquent, il se produit souvent une lutte pour la vie, il s'ensuit que tout être, s'il varie, même légèrement, d'une manière qui lui est profitable, dans les conditions complexes et quelquefois variables de la vie, aura une meilleure chance pour survivre et ainsi se retrouvera choisi d'une façon naturelle. En raison du principe dominant de l'hérédité, toute variété ainsi choisie aura tendance à se multiplier sous sa forme nouvelle et modifiée. »