Mais au fait, c’est quoi le métavers ?
Tous les mois, Vivre au Lycée s’intéresse à une question ou à un concept plus ou moins obscur. Au menu aujourd’hui… On parle sans arrêt du métavers, ou plutôt des métavers. Mais de quoi s’agit-il au juste ? Pourquoi Mark Zuckerberg, le célèbre fondateur de Facebook, semble tout miser dessus au point d’avoir rebaptisé son entreprise (qui comprend aussi Instagram) Meta ?
Les origines du metavers remontent à 1964. C’est en effet dans Simulacres, le roman de Philip K. Dick, l’écrivain connu pour avoir offert au monde Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (adapté au cinéma avec Blade Runner) que l’on retrouve pour la première fois le concept. Mais de quel concept parle-t-on au juste ?
La définition du métavers
Commençons par faire simple : le métavers est tout bonnement un univers virtuel ouvert et structuré. Mais encore ? Le métavers est donc un monde qui n’existe pas vraiment, et qui n’est donc pas palpable. Entièrement virtuel, accessible via la technologie informatique, il permet à tout un chacun de mener une vie numérique, en 3D ou en 4D, via un avatar, soit un personnage entièrement façonné selon les désirs et exigences de chacun. Aujourd’hui, le métavers permet donc de mener une existence parallèle en se promenant dans un univers, en interagissant avec d’autres personnes et même en faisant du commerce. Si pendant longtemps, notamment grâce au célèbre jeu Second Life, le métavers se « vivait » à travers un écran d’ordinateur, il est devenu aujourd’hui beaucoup plus immersif et se « pratique » à l’aide d’un casque de réalité virtuelle.
La naissance du métavers
Si le concept de métavers est donc né sous la plume de Philip K. Dick en 1964, le mot a été inventé par un autre romancier, à savoir Neal Stephenson, dans son ouvrage Le Samouraï virtuel, paru en 1992.
En 2003, le métavers connaît une avancée significative grâce au jeu Second Life. Gratuit, ce jeu permettait aux utilisateurs de créer leur personnage et d’évoluer dans un monde entièrement virtuel. Plusieurs entreprises avaient alors choisi de s’y implanter avant de faire marche arrière quelques années plus tard face au désintéressement des joueurs eux-mêmes. En février 2020, alors que le monde entend pour la première fois parler d’un virus nommé Covid-19, la plate-forme de réalité virtuelle Decentraland ouvre ses portes et propose 90 601 parcelles de terrain. Ces parcelles sont disponibles à la vente. Pour devenir propriétaire, il suffit d’utiliser de la crypto-monnaie. Bien sûr, la pandémie et les confinements successifs boostent considérablement l’intérêt du public pour ces univers virtuels dans lesquels il est possible de sortir de chez soi, en allant largement au-delà du kilomètre autorisé dans le cadre du confinement.
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Fin octobre 2021, Mark Zuckerberg entre dans la course avec Horizon Worlds, un métavers inédit où il est également possible de réaliser des investissements. Avec son budget pharaonique, on parle de 13 milliards de dollars, Horizon Worlds a tout pour séduire. Pourtant, un an plus tard, à peine 1 000 utilisateurs se promènent dans le métavers.
Le démarrage difficile du métavers de Mark Zuckerberg n’a pas suffi à décourager d’autres entreprises désireuses de se positionner sur le marché. À tel point qu’il est légitime de se poser la question de l’encadrement juridique de tels « mondes », notamment par rapport à la gestion des données des utilisateurs ou encore à la propriété intellectuelle.
Les applications du métavers
S’il représente de nombreuses occasions de se divertir, le métavers possède aussi des applications autres. Les pilotes de ligne par exemple, s’entraînent déjà depuis quelques années dans le métavers, grâce aux casques VR. En mai 2022, pour la première fois de l’histoire, une opération chirurgicale sur une patiente atteinte d’un cancer du sein, a été réalisée à distance par deux médecins, via le métavers. La technologie a donc permis au docteur Pedro Douveia, établi au Portugal, et au docteur Rogelio Andrès-Luna, quant à lui basé en Espagne, d’opérer à distance comme s’ils se trouvaient dans le même bloc opératoire. Le Docteur Douveia portait des lunettes de réalité mixtes appelées Hololens 2 pour visualiser la patiente, tout en ayant accès à différentes informations. Le docteur Gouveia est d’ailleurs connu comme le pionnier de la chirurgie sur le métavers. Il est notamment à l’origine d’une méthode non invasive capable de détecter les tumeurs grâce au numérique.
Plus généralement, le métavers permet également de participer à des visioconférences encore plus réalistes mais aussi, question divertissement, d’assister à des événements, de visiter des lieux touristiques ,avec des versions alternatives de sites comme les grottes de Lascaux ou la chapelle Sixtine, et même de voir des concerts. Concernant ce dernier point, récemment, le Ozzfest, le mythique festival créé par la rock star Ozzy Osbourne et son épouse Sharon Osbourne, a proposé une édition 100% numérique dans le métavers, sur Decentraland, avec des performances de groupes comme Skid Row et Motörhead. Motörhead qui pour rappel, n’existe plus depuis 2015 et le décès de son leader Lemmy Kilmister. La preuve que tout est possible dans le métavers. Et au fond, c’est aussi un peu un problème.
Les limites du métavers
Étant donné son développement éclair et le caractère plus accessible des casques VR, qui sont aujourd’hui disponibles pour moins de 400 €, le métavers a déjà donné lieu à de sombres affaires de harcèlement. En décembre 2021, une utilisatrice a dénoncé une agression sexuelle dans le métavers de Mark Zuckerberg. L’entreprise a immédiatement réagi en mettant en place un bouclier concernant le consentement.
Plus globalement, on peut souligner que le metavers pose les mêmes problèmes que les réseaux sociaux mais de manière beaucoup plus complexe. Les experts de la question se demandent aussi quel droit s’applique dans ces univers ? Le droit du sol, le droit du fournisseur du service ou le droit européen ? La question est loin d’être réglée.
Il en va donc de même de la protection des données personnelles. Enfin, il convient aussi de souligner que le fait de passer des heures avec un casque VR vissé sur la tête n’est pas sans conséquences sur la santé. Les écrans des casques, même s’ils sont étudiés pour être regardés de près, restent des écrans, avec tout ce que cela sous-entend d’effets secondaires en cas d’utilisation prolongée et intensive sur la santé des yeux.
Seul l’avenir nous dira si le métavers est un phénomène de mode ou s’il remplacera Internet dans un futur proche. Des éléments laissent présager que quoi qu’il arrive, malgré le démarrage calamiteux du metavers de Facebook, les métavers vont permettre de profiter d’avancées significatives pour pourquoi pas révolutionner Internet. Il convient néanmoins de rester prudent à de multiples niveaux.