Théorie du Big Bang
Désormais, bien souvent, dans les œuvres ayant compté en tout cas, le beau gosse ou la belle fille qui n'a rien d'autre à proposer que son physique, son argent ou ses capacités sportives, est sans cesse ridiculisé au cinéma ou dans les séries. Ridiculisé et ramené à une condition plus modeste.
Dans
The Faculty par exemple, le beau gosse campé par Josh Harnett cache une vraie détresse. Dans
American Pie, ce n'est pas la grande gueule Stiffler qui remporte la mise mais bel et bien Jim, le gentil mec un peu gauche et pas spécialement beau. Dans le cinéma d'horreur, on sacrifie carrément les plus populaires. Dans le slasher (
Vendredi 13,
Halloween,
Freddy...), c'est même la norme depuis le début des années 80. Comme si ces films avaient été écrits par d’anciens élèves un peu persécutés afin de se venger.
En 2007 arrive sur les écrans
The Big Bang Theory. Ici, pas d'élèves populaires. Les héros sont tous des grosses têtes. Des scientifiques portés sur les jeux vidéo, les comics, la recherche, le cinéma et les séries. Ils vont au Comic Con tous les ans, débattent pour savoir qui est le plus rapide entre Superman et Flash, et se souviennent parfois avec amertume de leurs années au lycée, où ils étaient souvent enfermés dans leur casier par les élèves populaires.
Dans
The Big Bang Theory, tous les personnages finissent par trouver l'amour. Leonard se met carrément en couple avec Penny, l'archétype parfait de la blonde populaire qui au lycée, met tout le monde à ses pieds. Une série comique qui en dit beaucoup sur les changements opérés dans la culture populaire ces dernières années concernant le geek et plus globalement le laissé-pour-compte. Et quand on regarde aujourd'hui dans les lycées et les collèges, les alter ego de Sheldon Cooper sont nombreux.
Ce que ces œuvres ont démontré, c'est qu'il ne fallait pas avoir honte d'être soi-même et que le fait de répondre à des schémas pré-établis n'aidait en rien. Des films comme
The Social Network ou
Steve Jobs ont insisté dans ce sens-là en rappelant que les gens qui avaient créé Facebook, Twitter, Instagram, Apple et plus globalement toutes ces choses aujourd'hui au centre de notre existence, étaient des geeks. Le même genre qui, dans les années 80/90, était persécuté. Être intelligent, s'y connaître en manga ou en comics, est devenu cool ! Plus besoin d'avoir peur des moqueries quand on porte un t-shirt avec le tableau périodique des éléments ! C'est tendance ! Comme Sheldon ! Plus besoin de se forcer à être un autre : il suffit juste d'être soi-même. À l'image de Peter Parker, alias Spider-Man, un autre marginal devenu super-héros.