Pourquoi l’homme n’est-il jamais retourné sur la Lune ?
16 juillet 1969. Le monde assiste médusé à l’arrivée sur la Lune des astronautes de la mission Apollo 11. Le 14 décembre 1972, la mission Apollo 17 fait ses adieux à l’astre. Depuis, personne n’est jamais revenu sur la Lune.
Sujet de toutes les convoitises à la fin des années 1960 et au début des années 1970, la Lune semble aujourd’hui désintéresser les scientifiques. C’est en tout cas ce que suggère le fait que depuis plus de 50 ans, aucun astronaute n’y a mis les pieds. Pourtant, un retour sur la Lune est bel et bien prévu par la Nasa. Enfin, si tout va bien…
Pourquoi l’Homme est-il allé sur la Lune ?
Pour mieux comprendre pourquoi, à ce jour, personne n’est retourné sur la Lune, il faut avant tout rappeler les motivations qui ont conduit à la première mission, en 1969…
États-Unis, janvier 1961. John F. Kennedy devient président. Englué dans une Guerre Froide qui dure depuis les années 1950, son pays s’oppose à la Russie sur plusieurs fronts. En avril, peu de temps après sa prise de fonction, Kennedy connaît un sérieux revers avec l’échec du débarquement de la baie des cochons, qui avait pour objectif de déboulonner Fidel Castro à Cuba. Une véritable course à l’armement est initiée avec la Russie, qui prend une certaine avance. Quand le grand adversaire des États-Unis parvient à propulser un homme dans l’espace, en l’occurrence Youri Gagarine, le 12 avril 1961, Kennedy sent que le leadership de sa nation est en train de sérieusement faiblir.
Conscient que la victoire ne sera possible que si l’Amérique parvient à imposer sa domination dans des domaines clés, il décide de lancer un programme spatial extrêmement ambitieux et déclare, devant le Congrès, le 25 mai 1961, qu’il souhaite que des astronautes américains réussissent à marcher sur le sol lunaire avant la fin de la décennie. Une telle annonce ne manque pas de semer le trouble dans un pays où les gouvernements n’ont jamais vraiment accordé d’importance aux programmes spatiaux. Il convient aussi de préciser que lorsque Kennedy déclare « nous avons choisi d’aller sur la Lune », un seul homme, Alan Shepard, a réussi un vol suborbital. Autant dire que les États-Unis sont encore très loin de posséder la technologie et les compétences nécessaires pour réussir ce projet un peu fou.
Pour autant, enfin motivée par une attention inédite et un budget en réelle augmentation, la Nasa réussit l’impossible, le 16 juillet 1969, soit presque 6 ans après l’assassinat de Kennedy à Dallas. Le jour où Neil Armstrong et Edwin « Buzz » Aldrin ont marché sur la Lune, laissant leur pilote Michael Collins, que la grande histoire a un peu oublié, en orbite.
« Un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité »
Cette phrase, passée à la postérité, a été prononcée par Neil Armstrong alors qu’il posait le pied sur l’astre lunaire, avant d’y planter un drapeau qui, aux dernières nouvelles, y est toujours.
Les motivations de la mission Apollo 11 étaient-elle alors uniquement politiques ? Il est certain que dans la course aux étoiles, les États-Unis ont battu à plate-couture la Russie. Surtout qu’en l’occurrence, tout s’est très bien passé. Les trois astronautes sont revenus sains et saufs et le monde entier les a acclamés pour leur exploit, laissant la Russie sur la bas-côté stellaire. Quelques années plus tard, la mission Apollo 13 se distinguera quant à elle d’une manière plus « atypique », en échouant, laissant les astronautes dans l’obligation de faire demi-tour avant d’avoir posé le pied sur la Lune. Apollo 13 qui a malgré tout inspiré à Ron Howard l’un des films les plus célèbres des années 1990 alors qu »il a fallu attendre 2018 pour voir Hollywood, sous l’impulsion de Damien Chazelle, proposer un film d’envergure sur Apollo 11, à savoir First Man, avec Ryan Gosling.
Ce que l’Homme a appris sur la Lune
La mission Apollo 11 avait plusieurs objectifs scientifiques :
- Collecte de roches lunaires, avec notamment deux carottes du sol ;
- Prélèvement d’échantillons de l’atmosphère ;
- Examen approfondi du sol lunaire ;
- Évaluation de la visibilité.
Pour cela, Buzz Aldrin et Neil Armstrong ont notamment utilisé un sismomètre, un réflecteur laser, un collecteur de particules du vent solaire et un détecteur de rayons cosmiques.
Mais ce n’est pas tout, car les astronautes avaient aussi pour mission de :
- Évaluer les capacités et les limitations d’un humain qui se déplace sur le sol lunaire ;
- Déterminer les coordonnées du site d’atterrissage ;
- Tester la résistance mécanique du sol.
Il est important de souligner que les échantillons ramenés sur Terre ont permis de faire de nombreuses découvertes quant à la nature de l’Univers. Les scientifiques chargés de les analyser ont ainsi pu comprendre comment la Lune était née, il y a environ 4,3 milliards d’années (soit à peu près à la même époque que notre chère planète bleue). Il a donc été établi que la Lune avait été créée par l’assemblage de plusieurs débris issus d’un gigantesque impact survenu sur l’ancêtre de la Terre. Débris qui se sont agrégés pour finalement se positionner dans l’orbite terrestre.
Les échantillons ont aussi permis de définir que la structure intérieure de la Lune était similaire à celle de la Terre, avec une croûte, un manteau et un noyau. Et non, il n’y a jamais eu de vie sur la Lune, qui ne comporte ni espèces organiques ni fossiles.
Si vous passez du côté de Houston au Texas, vous pourrez admirer des pierres lunaires dans le Centre Spatial Johnson. Alors qu’il était encore à la Maison Blanche, avant le scandale du Watergate, Richard Nixon a aussi offert des « morceaux » de Lune à 135 nations en tant que symbole de bonne volonté.
Enfin, sachez qu’encore aujourd’hui, des scientifiques sont chargés d’analyser des roches lunaires car les nouvelles technologies permettent toujours d’apprendre de nouvelles choses. Il est ainsi fascinant de constater que tout cela a été permis au terme d’un voyage sur la Lune qui n’a duré que 21 heures et 30 minutes. De quoi encourager les experts de la question à rêver à tout ce que la Lune pourrait encore nous apprendre si on pouvait y revenir et y séjourner beaucoup plus longtemps, tout en utilisant des outils bien plus perfectionnés qu’en 1969.
Harrison Schmitt devant le rocher Taurus-Littrow lors de la mission Apollo 17 en 1972
Retour sur la Lune ?
12 hommes ont marché sur la Lune entre le 21 juillet 1969 et le 14 décembre 1972. Depuis, personne… Mais cela pourrait changer.
Donald Trump a annoncé vouloir revenir sur la Lune. Pas en personne bien sûr mais à travers une nouvelle mission, si jamais il était réélu en 2024. Mais ce n’est pas si simple car si la Lune fascinait dans les années 1960, les regards sont aujourd’hui plutôt tournés vers Mars. En effet, pour beaucoup de personnes, la Lune a livré tous ses secrets. Tous ceux qui, en tout cas, pourraient s’avérer intéressants. Même si cela est faux, Mars reste plus séduisante.
Mais pour aller sur Mars, il se pourrait bien qu’il soit tout d’abord nécessaire de revenir sur la Lune. C’est ainsi que l’expliquait Francis Rocard, le célèbre astrophysicien français, dans les colonnes du site Numerama, en précisant que la première étape d’un voyage sur Mars serait l’orbite lunaire, puis un retour sur le sol lunaire, avant un premier survol de la planète Mars. Un survol qui pourrait être suivi par une mission en orbite et enfin, un premier petit footing sur le sol martien.
La Lune sujette à débats
La communauté scientifique a bien du mal à se mettre d’accord quant à l’utilité d’une nouvelle mission sur la Lune. Si les rares échantillons du sol lunaire sont encore convoités, comme souligné plus haut, par les chercheurs, ils finiront un jour par manquer. Il pourrait donc être intéressant d’en ramener de nouveaux. Malgré les progrès effectués concernant les vols spatiaux, les risques sont bel et bien toujours présents. Car si envoyer des astronautes sur la Lune est désormais plutôt « simple », les ramener reste toujours sensible. Beaucoup de spécialistes soulignent aussi qu’il n’y a plus de réel intérêt scientifique sur la Lune. Surtout si on considère qu’une telle mission serait très coûteuse.
Découvrirons-nous un jour de nouvelles informations sur la Lune ? Notamment au sujet de l’eau, présente dans les pôles de l’astre ?
Ce n’est pas impossible. Parmi les projets fantasmés, celui d’une base permanente s’avère récurrent. Un site qui pourrait abriter un télescope en forme d’incroyable fenêtre sur l’Univers. Accessible au terme de seulement 3 jours de voyage, la Lune pourrait aussi devenir, pourquoi pas, une destination touristique. Elon Musk, avec SpaceX, Richard Branson, avec Virgin Galactic et Jeff Bezos, avec Blue Origin, n’ont-ils pas ouvert cette porte en amenant des civils dans l’espace ?
Une chose est sûre, retourner sur la Lune coûterait cher. On estime qu’après conversion, le programme Apollo 11 a coûté 120 milliards de dollars. Une nouvelle mission pourrait ainsi se chiffrer à 104 milliards, répartis sur 13 ans. Une note que la Nasa ne pourra pas régler seule, si on considère les crédits insuffisants que le gouvernement américain lui accorde. Le retour sur la Lune et le voyage sur Mars ne pourront donc s’envisager que comme une aventure internationale.
Un sujet qui encourage aussi une certaine perplexité chez les théoriciens du complot qui pensent toujours que jamais personne n’a marché sur la Lune. Les images filmées à l’époque ayant, selon eux, été tournées par Stanley Kubrick dans l’intimité d’un studio de cinéma. De quoi confirmer que la Lune n’en finit décidément plus de passionner…
Crédit photo image principale : Neil Armstrong/Nasa