Prépa seconde : on vous dit tout
C’est nouveau, cela a été annoncé durant la précédente année scolaire et certains d’entre vous sont peut-être d’ores et déjà concernés par ce niveau particulier qui se situe à mi-chemin entre le collège et le lycée : passerelles entre la troisième et la seconde, ces classes dénommées « prépa-2de » sont destinées aux élèves ayant échoué au brevet. On vous dit tout…
Les classes prépa-seconde, annoncées par Gabriel Attal en décembre dernier lorsqu’il était encore ministre de l’Éducation nationale, ont d’ores et déjà démarré depuis la rentrée dans une centaine d’établissements, cette année avec des élèves volontaires alors que l’année prochaine, si c’est généralisé comme prévu, elles deviendront une condition de passage pour accéder au lycée pour tous les élèves qui auront échoué au diplôme national du brevet (DNB). Et cela concernera aussi bien le DNB professionnel que le DNB série générale.
Les « prépa-2de » sont des classes préparatoires à :
- La classe de seconde générale et technologique ;
- La classe de seconde à régime spécifique, qui s’adresse aux élèves qui souhaitent préparer les bacs technologiques sciences et technologies de l’hôtellerie et de la restauration (STHR) et techniques de la musique et de la danse (TMD), ou les BT (brevets de technicien) dessinateur en arts appliqués, métiers de la musique ;
- La classe de seconde professionnelle ;
- Les classes équivalentes de l’enseignement agricole.
Pourquoi ce « SAS » entre la 3e et la seconde ?
Le ministère a insisté là-dessus, il ne s’agit pas de redoubler, mais de bénéficier d’une année de transition pour consolider les acquis du collège, se préparer à la classe de seconde envisagée en étant familiarisé aux pratiques et aux méthodes du lycée, et de confirmer ou mieux définir le projet d’orientation. En résumé, il s’agit d’une année pour préparer à l’après-collège ceux qui pourraient ne pas être totalement prêts pour affronter les nouvelles méthodes et les attendus plus élevés du lycée. L’un des rares syndicats qui avait accueilli la mesure plutôt favorablement, la Fédération PEEP (Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public), disait y voir un moyen de permettre « aux élèves en difficulté une remise à niveau, que ce soit sur les fondamentaux ou les méthodes de travail », plutôt que de leur faire subir une orientation à la fin de l’année de 3e. Et pour ce même syndicat, il s’agit aussi d’une alternative « moins stigmatisante » que le redoublement et « plus motivante ».
Mais concrètement, que vont faire les élèves de cette classe intermédiaire pendant un an ?
Ils vont d’abord suivre 27 heures d’enseignements par semaine, réparties en deux blocs distincts :
Un premier bloc de 20 heures concerne les enseignements disciplinaires pour atteindre ce qui était « attendu » en fin de troisième :
- Français (3,5 heures) ;
- Mathématiques (3,5 heures) ;
- Sciences et technologie (3 heures) ;
- Histoire-géographie et enseignement moral et civique (2,5 heures) ;
- Langues vivantes A et B (4 heures) ;
- Éducation physique et sportive (2 heures) ;
- Enseignements artistiques (1,5 heure).
Un second bloc de 7 heures doit permettre de renforcer les méthodes de travail et de découvrir des métiers et des formations.
Des projets pédagogiques pour mieux s’adapter aux besoins des élèves
En plus de ces enseignements, les élèves participent à 10h annuelles de vie de classe et s’inscrivent dans un ou plusieurs projets de classe proposés par l’établissement, en lien par exemple avec :
- Le théâtre, une pratique culturelle ou la découverte d’institutions culturelles ;
- Le monde économique (découverte via des immersion, des visites d’entreprises…) ;
- Le sport, pour découvrir les métiers associés au monde du sport ou s’investir dans l’organisation de compétitions sportives… ;
- Les univers numériques et informatiques (création d’un site web, écriture de petits programmes informatiques…) ;
- L’international (comment poursuivre ses études à l’étranger ou y travailler par exemple) ;
- Les sciences et les technologies (réalisation d’un dispositif technique utile dans la vie courante par exemple) ;
- La nature, pour mettre en place dans l’établissement des actions concrètes de protection de l’environnement, autour du recyclage, de l’économie d’énergie, de la biodiversité, pour favoriser le recours aux produits locaux pour l’alimentation…
Et des options pourront peut-être aussi être proposées à ces élèves pour enrichir leur formation.
En transition, mais lycéen quand mêmeLes élèves de prépa-2de sont pleinement des lycéens. Ils n’ont donc pas vocation à suivre des cours avec des classes de 3e mais peuvent, selon les possibilités offertes par l’établissement, assister à des cours avec des élèves de 2de, notamment des cours de langues à petits effectifs. La classe prépa-2de peut accueillir l’ensemble de futurs élèves de seconde, des voies générale et technologique comme de la voie professionnelle, car les contenus disciplinaires sont communs à tous les élèves, quelle que soit leur orientation en fin de troisième. Les heures de méthodologie et de découverte des métiers et des formations sont en revanche différenciées selon les voies d’orientation des élèves, leurs besoins et leurs projets de classe. |
Un suivi rapproché au sein d’un groupe à effectif réduit
Le ministère préconise un effectif réduit de 25 élèves maximum, même si ce n’est pas une obligation, afin de pouvoir mieux encadrer et suivre ces élèves.
En début d’année scolaire, ceux-ci sont évalués pour qu’on puisse leur fixer les objectifs et élaborer avec eux leur projet personnel : les enseignants les font participer aux tests de positionnement organisés pour les élèves de seconde et peuvent aussi s’appuyer sur le bilan de fin de cycle 4 inscrit dans le livret scolaire unique (LSU).
Ce suivi individuel pourra prendre la forme d’un tutorat : le tuteur pourra organiser des entretiens individuels réguliers pour aider l’élève à comprendre ses besoins et ses atouts pour progresser, et pourra faire le lien avec les différents membres de l’équipe éducative.
Les notes qu’obtiendront les élèves auront quant à elles une « valeur indicative », afin d’aider les élèves à identifier les progrès qu’ils accomplissent. Une synthèse du suivi sera régulièrement transmise à l’élève et à ses représentants légaux et un bulletin scolaire sera également envoyé aux familles à l’issue de chaque conseil de classe.
Pas de DNB à repasser à la fin de l’année, mais la délivrance d’une attestation
À la fin de l’année, les élèves se verront délivrer une « attestation de fin de cycle préparatoire à la classe de seconde », qui mentionnera aussi les projets auxquels il a participé. Mais ces élèves ne repasseront pas le DNB. Ceux qui le souhaiteront pourront néanmoins s’inscrire en candidat libre.
À la fin de la prépa-2de, l’élève poursuivra sa scolarité dans l’établissement dans lequel il avait été admis en fin de troisième (qui ne sera pas nécessairement celui où il aura fait sa prépa-2de, car ces classes intermédiaires n’ouvriront pas dans tous les lycées et il faudra peut-être se déplacer dans un autre établissement pour pouvoir suivre cette année d’enseignement particulière). Mais un changement d’orientation pourra aussi être demandé en fin d’année scolaire, par écrit, par les parents ou représentants légaux, ou l’élève s’il est majeur. Il sera soumis à l’avis du conseil de classe.
Cette année, la prépa-2de est en phase de test dans 109 lycées en France (au moins un par département), avec des élèves volontaires (un millier selon le ministère). S’il était prévu de la généraliser en 2025 pour tous les élèves qui n’auront pas obtenu le brevet, la récente dissolution de l’Assemblée nationale et la constitution d’un nouveau Gouvernement pourrait peut-être changer l’avenir de ce nouveau dispositif. Mais qui reste bien effectif dès cette année scolaire…
Camille Pons
Crédit photo : Eliott Reyna-Unsplash