L’Humanisme est une valeur positive qui exalte la liberté des individus, l’épanouissement de la personne et le respect des droits humains. À ses origines, c’était surtout une nouvelle manière de voir le monde qui plaçait l’Homme au centre de la réflexion, pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Jusqu’au XVI
e siècle en Europe, dans les esprits comme dans les faits, l’Église et l’État s’imposaient sur les droits de l’individu.
Les philosophes et les hommes politiques, tout comme les théologiens qui réfléchissaient sur les rapports des hommes avec l’Église et avec Dieu, considéraient que ceux qui détenaient le pouvoir pouvaient traiter les autres comme de simples sujets sans grande autonomie.
L’Homme, simple jouet du destin ?
Mais la redécouverte progressive, depuis la fin du Moyen-Âge, des philosophes de l’Antiquité et de l’héritage culturel des Grecs, ont amené des penseurs à (re)mettre l’Homme au centre de leurs réflexions et à peu à peu réfléchir à la place de l’individu dans la collectivité.
En clair, on s’est mis à penser que l’Homme était libre, et non un simple jouet du destin ou de Dieu, mais aussi que l’on pouvait regarder le monde avec les gens tels qu’ils sont, avec leurs droits, leurs souffrances, mais aussi leurs défauts.
Ainsi, au début du XVI
e siècle, deux grands livres très différents sont fondateurs de l’Humanisme – bien qu’il y ait eu des précurseurs : l’
Utopie de Thomas More décrit une société idéale, tolérante et pacifiste qui n’existe nulle part, dans laquelle les individus libres gèrent leurs biens en commun.
Dans le même temps, Nicolas Machiavel dans
Le Prince, conseille aux rois de n’avoir aucune morale et d’être des calculateurs froids et cyniques pour arriver à leurs fins. L’ouvrage dissèque les penchants humains vus à travers le prisme du pouvoir et montre comment s’en servir dans les luttes politiques.
Ce faisant, Machiavel innove en observant les hommes tels qu’ils sont, avec leurs faiblesses, leur cruauté et leurs rivalités incessantes : il les place au cœur de sa réflexion, il les « émancipe » de l’esprit de système indifférent aux hommes qui prévalait jusqu’alors. C’est pourquoi son œuvre s’inscrit résolument dans une démarche « humaniste » au sens premier.
Une attitude intellectuelle
Ces nouvelles manières de voir ont eu une grande influence sur les philosophes de Lumières.
Par la suite, par glissement « positif » progressif, l’Humanisme en est venu à désigner une attitude intellectuelle et culturelle qui exalte la dignité et la valeur de l’esprit, sa formation, ainsi que l’épanouissement de l’individu et le respect de ses droits.
Fabien Cluzel