Quel rapport entretenez-vous avez le français et la littérature en général ?
J’ai énormément lu quand j’étais adolescent. Aujourd’hui, je ne lis rien de récent, que cela soit des livres ou des BD, pour ne pas être influencé dans mon propre travail. Je lis et relis seulement ce qui m’a marqué, pour trouver la recette secrète de ce qui m’a plut. En particulier Hergé, Blutch, Goscinny, les grands maîtres... J’idolâtre en particulier un auteur américain, Chris Ware, qui a poussé la BD dans ses derniers retranchements. C’est un vrai génie. Ne lire que ses BD serait suffisant. C’est un Balzac ou un Victor Hugo de la BD, il a réalisé des œuvres totales dont on peut se nourrir sans fin !
En parlant d’œuvres, y a-t’il des lectures qui vous ont particulièrement marqué ?
Oui, je pense à deux grands classiques qui ont la réputation d’être ennuyeux, compliqués et difficiles à lire :
À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, et
Les mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand. Ce sont deux livres immenses en taille et en importance. Lorsque j’étais lycéen, les adultes m’en avaient renvoyé l’image d’œuvres difficilement digérables, alors qu’elles sont simples, puissantes et magnifiques. Au collège, j’étais obsessionnel de Stephen King et de romans d’horreur. J’ai dévoré Lovecraft, beaucoup de science-fiction aussi avec Isaac Asimov, Dan Simmons, puis Franck Herbert…
« J’ai l’impression que les jeunes ont toujours raison, même quand ils se trompent »
Avec notamment Retour au Collège, Manuel du puceau, La Vie secrète des jeunes et Les Cahiers d’Esther, les jeunes et les ados sont une grande source d’inspiration dans votre travail. On vous sent très sensible à ce qu’ils ressentent, à ce qu’ils disent et à la manière dont ils le disent. Quel regard portez-vous sur eux ?
Précisément, quand j’aborde la jeunesse dans mes BD, j’essaie de ne pas avoir un regard, mais de montrer simplement les faits. De la même manière que quand j’ai réalisé le film
Les beaux gosses, j’ai laissé les comédiens s’exprimer par eux-mêmes. C’est important de se mettre à la hauteur des personnages mais de ne pas les juger. Dans
L’Arabe du futur et
Les Cahiers d’Esther, j’ai pris ce parti, peu importe que ce que disent ou fassent les personnages soit grinçant, grossier ou émouvant. J’aime beaucoup les jeunes, j’ai l’impression qu’ils ont toujours raison, même quand ils se trompent. Ils sont émouvants dans leurs rêves, leurs attitudes… Ils posent un regard neuf sur le monde et la vie, avec leurs forces et leurs faiblesses. C’est rafraîchissant pour le genre humain que les générations se renouvellent.