Toulouse Quidditch : zoom sur un sport pas comme les autres
Né dans l’imagination de J. K. Rowling, dans la saga littéraire Harry Potter, également visible dans les films adaptés des livres, le quidditch est devenu depuis un véritable sport, pratiqué dans plusieurs pays du monde. En France, l’équipe de Toulouse a su se faire remarquer et promeut les belles valeurs de ce sport lors de chaque entraînement. Ina Ulvé, la présidente du club, a accepté de nous en parler.
Comment est né Toulouse Quidditch ?
Toulouse Quidditch est né le 14 mai 2011 et fait partie des premières équipes à avoir émergé en France après celle de Nantes. Les premiers joueurs et joueuses de Toulouse Quidditch sont un petit groupe d’ami.e.s, fan de la saga Harry Potter, qui ont décidé de se lancer dans l’aventure ! Une aventure initiée par des Américains en 2005 et qui perdure donc depuis 18 ans. Quant à Toulouse Quidditch, l’équipe fêtera ses 12 ans d’existence cette année et regroupe actuellement une trentaine de personnes.
Peut-on qualifier le quidditch de sport de geek ?
Il y a plusieurs années de cela, la réponse aurait été oui. Mais depuis, le quidditch a énormément évolué et les joueurs actuels ont plus un profil de sportif qu’un profil de « geek ». Pour nous, le quidditch est plus qu’un jeu, c’est devenu notre sport. Un sport collectif et mixte où nous sommes fier.e.s de repousser nos limites.
Toulouse Quidditch a remporté la 3e place des Coupes de France de 2019 et 2020. L’Équipe de France, dont votre coach est le capitaine, a quant à elle décroché la Coupe d’Europe des Nations en 2019. Pouvez-vous nous parler de cet impressionnant palmarès ? Qu’est-ce qui, selon vous, rend votre équipe si compétitive ?
Effectivement, c’est un très beau palmarès dont nous sommes très fier.e.s car Toulouse Quidditch avait, jusqu’à cette époque, un palmarès moins reluisant.
Je pense que l’arrivée de nouvelles joueuses, en 2018-2019, a eu son importance. Les joueuses sont beaucoup recherchées et leur recrutement reste encore difficile et pourtant, si essentiel à la constitution d’une équipe. Aussi, à la même époque, le retour d’un joueur, ayant fait ses armes en Belgique, qui a repris le coaching, a insufflé une nouvelle dynamique aux entraînements.
Ces derniers se sont beaucoup plus centrés sur la partie sportive du quidditch et l’amélioration des performances de chaque membre de l’équipe.
Il me racontait qu’en revenant en France, beaucoup s’étonnaient de le voir rejoindre et reprendre le coaching de l’équipe de la Ville Rose, au lieu d’aller exploiter ses capacités physiques et stratégiques auprès des équipes parisiennes, TOP 1 et TOP 2, toujours invaincues à ce jour. Mais force est de constater qu’il a eu raison de croire en son jugement de faire quelque chose de cette équipe, car cette focalisation a permis à nos joueurs de révéler leur potentiel et d’aller se placer dans le TOP 3 Français puis récemment TOP 4.
Depuis Toulouse Quidditch est une équipe qui a fait et continue de faire ses preuves. De plus en plus de nos joueurs participent à des camps d’entraînement pour intégrer l’Équipe de France et d’ores et déjà, deux y ont été sélectionnés. C’est la mise en place d’un mental plus compétitif qui a permis l’évolution de Toulouse Quidditch et de passer du statut d’outsiders tout à celui de challenger en passe de devenir le favori.
Quel est le profil parfait pour jouer au quidditch ?
Ce qui est intéressant avec le quidditch, c’est que c’est un sport à multiples postes et donc à multiples profils.
Mais si on devait tout regrouper pour décrire le joueur idéal, il devrait avoir la technique d’un handballeur, mais aussi d’un rugbyman, une super endurance et une super vitesse, une bonne vivacité et une bonne lecture du jeu.
Tous vos joueurs sont-ils des fans d’Harry Potter ?
Ça peut paraître surprenant, mais tous nos joueurs ne sont pas des fans de la saga Harry Potter. Certains l’ont lue, d’autres l’ont vue et encore d’autres ne l’ont ni lue, ni vue, mais la connaissent.
Donc être un fan ou non d’Harry Potter n’est pas un critère pour pratiquer le quidditch. Je pense même que souvent, nos nouveaux joueurs viennent, intrigués par ce jeu de l’univers d’Harry Potter, mais restent pour le sport et la communauté sportive qu’il génère.
Bien que nous ayons des compétitions jusqu’au niveau mondial, nous sommes considéré.e.s comme des pratiquants amateurs. Nous n’avons pas de sponsors à représenter, nous ne sommes pas payé.e.s et gagner ne nous rapporte pas d’argent non plus. Donc, de mon point de vue, j’ai l’impression que cela permet une mise en valeur de l’esprit sportif. On donne tout dans l’espoir de gagner, d’aller plus haut, de se dépasser pour le plaisir du jeu, du partage et du fair-play.
Comment selon vous le quidditch a-t-il évolué depuis la création des premières équipes en France ou ailleurs ?
Le quidditch est passé du jeu pratiqué par des fans de l’univers dont il tient son origine, à un sport pratiqué par des sportifs. Au point où récemment, aux États-Unis par exemple, il a changé de nom de façon à se dissocier de la Warner Bros et de J.K Rowling, en devenant le quadball.
Comme tous les autres sports, nous avons un livre de règles et il est constamment remis en question tous les deux ans. Le quidditch est un sport jeune et il évolue constamment pour permettre une meilleure expérience de jeu, tout en gardant la sécurité des joueurs à l’esprit.
En France, on comptabilise une vingtaine d’équipes. La plupart réside dans le nord et je ne saurais honnêtement pas vous dire pourquoi. Mais Toulouse Quidditch est là pour fièrement représenter le sud, accompagné des équipes de Montpellier, Bordeaux et Lyon. Il n’est pas évident d’avoir une équipe qui tienne dans le temps. Souvent les joueurs sont étudiants, et lorsqu’ils recherchent du travail, les équipes peuvent avoir des pertes. Si le recrutement derrière n’est pas suffisant, ça peut mener à la disparition de l’équipe. Nous nous considérons chanceux à Toulouse de continuer à avoir de nouveaux joueurs et joueuses. Au point où cette année, nous avons décidé de créer l’équipe des Minotaures et celle des Ariane, de façon à ce que nos joueurs puissent profiter d’un temps de jeu conséquent lors des compétitions. Avec une trentaine de licencié.e.s, cette nouveauté est plus que bienvenue pour nous et porte largement ses fruits en ce début de saison, avec la confirmation des Minotaures en Division 1 et la montée des Ariane en Division 2.
Quel est l’équipement nécessaire pour jouer au quidditch ?
Pour jouer au quidditch, il faut bien évidemment s’équiper. Rappelons que ça reste un sport de balle et de contact en extérieur. Il est donc primordial d’avoir un protège-dents ainsi que des crampons.
Ensuite, on n’oubliera pas le balai, un tube de PVC à la longueur et circonférence réglementée, qui fait office de handicap dans notre sport, ainsi que le bandeau : blanc pour les poursuiveurs, vert pour le gardien, noir pour les batteurs et jaune pour l’attrapeur.
On peut évidemment s’équiper pour se protéger des contacts. Cet équipement, n’étant pas obligatoire, devra alors respecter la règle de la matière utilisée: elle ne doit pas être rigide, tels que peuvent l’être les protège-tibias par exemple, pour ne pas blesser les adversaires qui n’en auraient pas.
Comment peut-on s’inscrire dans votre club ? Y a-t-il un âge limite et un âge minimum ?
Avant de s’inscrire à Toulouse Quidditch, on fait toujours profiter aux potentiels nouveaux joueurs et joueuses, lors de nos entraînements, d’une initiation gratuite et tout au long de l’année.
Venir tester est la meilleure façon de savoir si le sport vous plaît et si vous souhaitez aller plus loin dans cette expérience. Si l’essai est concluant, on vous transmet la fiche d’inscription avec une cotisation de 45€ l’année ou de 15€ le trimestre.
Dans l’historique de Toulouse Quidditch, nous avons eu de jeunes joueurs de 14 ans et on pourrait se dire que c’est notre minimum requis. Il est ainsi un peu plus bas que celui instauré par la Fédération concernant l’âge minimum de participation aux compétitions qui est de 16 ans.
À savoir qu’il existe des équipes junior de quidditch en France, mais actuellement il n’y en a pas à Toulouse.
Quant à l’âge limite, certains de nos joueurs ont la trentaine passée et en France vous pouvez rencontrer des joueurs de plus de 40 ans. Il n’y a pas d’âge limite pour faire du quidditch. Tant que la santé est là, rien ne peut vous en empêcher !
Comment expliquez-vous le succès croissant du quidditch ?
Je pense qu’on peut saluer toute la communication mise en place autour de ce sport. Nous sommes l’un des rares sports mixtes et inclusifs au monde et notre Fédération s’implique beaucoup dans ces sujets pour faire connaître le quidditch.
L’origine de ce sport a certainement aidé à son succès. La saga Harry Potter reste une œuvre avec une énorme fanbase. Elle a touché toute une génération qui elle-même continue de transmettre ce patrimoine culturel. Bien que notre sport essaye de s’en détacher, on ne peut nier que l’œuvre de J. K. Rowling a contribué à son succès.
Mais attention, comme je le disais plus tôt, je pense que c’est l’expérience de ce sport hors norme qui fait que les joueurs restent et que la communauté s’agrandit. Chacun peut y trouver sa place par les multiples postes que le jeu offre et aussi par la communauté bienveillante qui en découle.