Wegferend : interview entre deux mondes
Organisant un mélange audacieux entre la musique folk, les sonorités médiévales, et le metal, le groupe Wegferend est né entre Albi et Toulouse. Un trio qui revient aujourd’hui avec un deuxième album studio, actuellement en tournée, auquel nous avons posé quelques questions.
Thomas, Alexia et Manon, les trois membres de Wegferend remontent ainsi aux origines de leur formation. L’occasion de nous parler de leurs influences, de leur musique et de leur univers aussi foisonnant que passionnant.
Comment est né Wegferend ?
Thomas : Manon et Alexia sont sœurs jumelles, de fait elles ont toujours joué de la musique ensemble. Après quelques tentatives autour du metal durant leur adolescence, elles se sont orientées vers la folk en 2016. Elles étaient alors avec Laurine Bassé aux percussions. Celle-ci a quitté le navire en 2019 pour suivre ses autres passions et intérêts.
Pour ma part, j’ai rejoint le trio en 2017 et nous avons vraiment commencé à trouver l’identité musicale du groupe à ce moment là. De fait, on estime que Wegferend est né en janvier 2017.
Vous évoluez dans un style vraiment à part en mélangeant la musique traditionnelle avec des instruments anciens, la folk ou encore le metal. Cette fusion était-elle au centre de vos préoccupations au tout début de votre histoire où votre son s’est-il façonné au fil des répétitions ?
Thomas : Je me permets une petite rectification : il n’y a pas de musique traditionnelle dans Wegferend. À aucun moment nous incorporons des airs trad’ dans nos morceaux, il ne s’agit que de compos originales. Nous utilisons des instruments traditionnels pour créer nos mélodies à nous.
Je dirais que cette fusion et ces influences sont assez inconscientes. On a voulu faire de la musique acoustique, avec des instruments traditionnels. Nous écoutons énormément de metal (notamment du black, du post-hardcore et du prog’ à l’heure actuelle), de rock progressif, de B.O de films/séries/jeux, de folk et de trad, donc évidemment, cela transparaît dans notre écriture mais nous nous en rendons compte après coup. Je ne pense pas que c’était une volonté précise que de coller à l’étiquette qui nous définit aujourd’hui.D’ailleurs, ce n’est pas certain qu’elle nous définisse encore d’ici deux ou trois albums. On ne sait pas vers quoi nous évoluerons et la magie de l’art aujourd’hui c’est qu’on peut totalement faire éclater les barrières…
Crédit photo : Lionel Pesqué
D’ailleurs, comment définiriez-vous votre musique et, plus largement, votre univers musical ?
Thomas : Oups, j’ai un peu répondu à ça dans la question d’avant. On aime à se qualifier de folk onirique.
Effectivement, les mouvements dark-folk et pagan-folk peuvent nous correspondre, mais nous ne revendiquons rien de païen en terme d’idéologie. Les anciennes cosmogonies, mythologies et l’Histoire nous inspirent énormément dans nos textes bien-sûr ! Mais nous n’en faisons pas une idéologie parce qu’on peut très bien parler de choses plus actuelles ou plus abstraites.
Pour ce qui est de l’univers musical, je vous renvoi à la question précédente hé hé. J’ajoute également que nous sommes énormément « aidés » / inspirés par la Nature, nos propres vécus et la littérature (notamment de fantasy ou SF ou des choses comme Umberto Eco, Victor Hugo ou Charles Baudelaire entre autres).
Votre deuxième album, En Autremonde – Chapitre Second, vient de sortir. Comment se sont déroulés la composition et l’enregistrement ?
Thomas : Le processus de composition s’est enchaîné avec celui de l’EP (le Chapitre Premier et Second forment une suite malgré une évolution certaine entre les deux). Souvent, Manon amène des riffs et des squelettes sur lesquels nous posons tous nos parties respectives. Parfois je peux en amener avec la mandole aussi ou sur des bouts de morceaux et la suite se passe de la même façon. Chacun se greffe dessus.
Pour ce qui est des textes, Alexia les a presque tous écrits sauf Holy Ghost que l’on doit à notre amis Sacha et Jos L’Uèlh de la Breissa, qui est de moi.
Ces processus de compo sont assez longs parce qu’on passe des heures tous les trois en studio à tout arranger et tout trifouiller dans tous les sens pour arriver précisément à ce que l’on souhaite. À la musique qu’on a envie d’exprimer mais aussi d’écouter.
Pour l’enregistrement, nous sommes allés au Silent Ruins Studio de Fred Blanchard dans le Gers ! Fred a fait un travail magnifique ! Il a compris exactement là où nous souhaitions aller : ce quelque chose de plus ample, précis, brut dans l’énergie, à la façon du metal. Le mot qui me vient est « organique » mais je ne l’aime pas, tout le monde en ce moment l’emploi à tour de bras et on ne sait plus ce que ça veut dire.
Quels seraient vos conseils à un jeune groupe qui souhaiterait se former aujourd’hui ?
Thomas : Wow, ne sommes nous pas encore un peu frais pour prodiguer de tels conseils ? Bon, essayons tout de même… En premier je dirais : amusez vous, aimez la musique que vous jouez, balancez les codes stylistiques et testez ce qui vous fait plaisir ! En second je dirais : n’ayez pas peur de bosser, beaucoup, vraiment beaucoup ni d’aller à la rencontre des acteurs de vos scènes locales ! C’est main dans la main que les organisateurs et les groupes avancent et ça, pour se développer, il ne faut pas l’oublier. Puis bêtement, croyez dur comme fer en vos rêves !
Vous accordez également beaucoup d’importance à l’aspect visuel de votre musique. Cela se traduit notamment par les artworks de vos disques mais aussi via votre nouveau clip. Pouvez-vous nous en parler ?
Thomas : Les deux artworks ont été réalisés de main de maître par notre amie Marine Joumard. Ils se répondent. Sur le premier, nous voyons simplement les mains de la Voyageuse commencer à ouvrir un portail vers l’Autremonde (matérialisé par l’Arbre). Le second est placé du point de vue opposé et il s’agit de l’âme de la Voyageuse que nous retrouvons quelques secondes plus tard. Nous la voyons quitter notre monde (représenté par une mégalopole en ruine) pour entrer en Autremonde. Elle a fini d’invoquer le portail grâce au bâton du Druide qui est un artefact de l’Autremonde.
Nous pouvons prendre cela comme une vision peu optimiste de notre société et une volonté réelle de reconnecter avec la Nature dont nous faisons partie intégrante .
Mais, de façon plus subtile, nous pouvons également l’interpréter comme le fait d’abandonner ses vieilles ruines. Les vieux démons, les vieilles douleurs afin de devenir quelqu’un de plus léger, spirituel, moins matériel et plus en paix. À vous de choisir, peut être y verrez-vous même autre chose ?
Pour le clip c’est une idée de notre amie Tilia Weevers et du réalisateur de grand talent Sébastien Duattis. Nous voulions quelque chose de très brut, d’où les couleurs déssaturées et le plan séquence (qui est une idée de Seb).
https://www.youtube.com/watch?v=GhFnOTwXcMo
Il s’agit d’illustrer l’emprise des dogmes et des religions sur les masses. De dénoncer la façon dont, pendant des siècles et encore de nos jours, les religions ont empêché les gens d’Être ! De réfléchir et penser librement et le danger que cela peut représenter.
Seb a beaucoup joué sur les placements de caméra pour que le scénario soit lisible et nos deux amis acteurs Flore Broué et Milan Perin ont énormément contribué à l’identité visuelle et à l’atmosphère du clip.
Holy Ghost, le morceau clippé s’inspire de la vie du moine florentin du XVe siècle Girolamo Savonarolla d’ailleurs. Je vous laisse faire vos recherches et en tirer vos propres conclusions mais s’en servir comme exemple pour mettre en lumière l’emprise des dogmes nous a paru assez juste.
Enfin, un petit questionnaire rapide pour apprendre à mieux vous connaître ? Votre top 3 albums ? Films ? Séries ? Romans ? Votre festival de rêve ? L’artiste avec lequel vous révériez de jouer (vivant ou disparu) ?
Thomas : Je tiens à dire que ton questionnaire est infernal et nous a fait procéder à des choix cornéliens qui font mal au cœur car que trois c’est impossible !
Crédit photo : Lionel Pesqué
Manon :
Album :
– Faun – Eden
– System Of A Down – Hypnotize
– Irfan – Seraphim
Film :
– Le Labyrinthe de Pan
– Trilogie du Seigneur des Anneaux
– Les Noces Funèbres
Livres :
– L’Assassin Royal (Robin Hobb)
– Les Misérables (Victor Hugo)
– Le Pendule de Foucault (Umberto Eco)
Séries :
– Battlestar Galactica
– Game Of Thrones / House Of The Dragon
– The Office
Artiste avec qui elle aimerait jouer : Brian May (Queen)
Crédit photo : Lionel Pesqué
Alexia :
Albums:
Faun – Eden
Hypn5e – Sheol
Solstafir – Otta
Livres:
– la trilogie de L’Assassin Royal (Robin Hobb)
– Le Seigneur des Anneaux (Tolkien)
– Notre Dame de Paris (V. Hugo)
Séries :
– Battlestar Galactica
– Avatar, le Dernier Maître de l’Air
– House Of the Dragon
Films :
– Trilogie du Seigneur des Anneaux
– Le Labyrinthe de Pan
– Akelarre
Artiste avec qui elle aimerait jouer : Eivor, Fiona Ruegeberg.
Crédit photo : Lionel Pesqué
Pour ma part :
Albums :
– Pink Floyd – Wish You Where Here
– Opeth – Ghost Reveries
– Dead Can Dance – Into The Labyrith
(J’aurais bien glissé un Loreena McKennitt et un Wardruna aussi)
Livres :
– Le Seigneur des Anneaux (JRR Tolkien)
– L’Alchimiste (Paulo Coelho)
– Dune (Frank Herbert)
Séries :
– Game Of Thrones /House Of The Dragon
– Penny Dreadful
– Battlestar Galactica
Films :
– Trilogie du Seigneur Des Anneaux
– Dracula (celui de Francis Ford Coppola)
– Star Wars (trilogie originale 1977-1983)
Films Animés :
– La Tortue Rouge
– Princesse Mononoké
– Le Roi Lion
Je rejoins Manon quant aux Noces Funèbres.
Artistes avec qui j’aimerais jouer : Einar Selvik, David Gilmour, Stéphane « Neige ».
Le festival de nos rêves serait un doux mélange entre Échos & Merveilles, le Castlefest, l’Homme Sauvage et le Castle Party.