Comment gérer le stress de ses parents ?
A l’adolescence, le stress peut transformer la vie de famille et la cohabitation avec ses parents en champ de bataille. Comment faire face ?
« Mes parents me mettent tout le temps la pression, raconte Tito, 16 ans. Ils veulent toujours savoir où je suis, s’inquiètent pour mes notes, me questionnent pour savoir si je fume… Je dis qu’ils me stressent, mais c’est plutôt eux qui sont stressés. » Ces quelques phrases résument les relations entre les parents et leurs enfants ados.
D’un côté, des adultes vigilants, parfois inquiets, de l’autre, des adolescents, soucieux de conquérir leur liberté. Entre les deux, souvent un océan d’incompréhension et le stress, à tous les étages. Vous ramenez une mauvaise note ? Stress. Vous les appelez à une heure du matin pour leur dire où vous êtes ? Stress. Vous refusez d’aller à la prochaine réunion de famille. Encore stress. Mais pourquoi vos parents ont-ils tendance à s’irriter face à ce qui vous paraît n’être qu’une minuscule source de contrariété ?
À l’adolescence, les sources de malentendus se multiplient
A l’adolescence, le stress des parents est favorisé par la perspective de séparation avec l’enfant. Voyant grandir leur petit moineau adoré, ils réalisent que celui-ci quittera bientôt le nid familial.
Cette perspective fait peur et en attendant que la relation de dépendance entre l’enfant et l’adulte laisse la place à une relation d’adulte à adulte, le stress fait parfois office de ciment chaotique entre parents et enfants. Ce passage délicat pour tout le monde implique que les parents doivent renoncer à leur enfant « imaginaire » et vous accepter tel(le) que vous êtes.
De votre côté, vous devez vous aussi renoncer à vos parents « imaginaires ». Pas si simple. « Quand nos enfants ne correspondent pas à ce qu’on attend d’eux, il nous manque des codes pour les comprendre, confirme Eva, la mère de Tito. Et ne pas comprendre est souvent stressant. »
Le stress des parents peut aussi cacher leur envie de maintenir un lien fusionnel avec leurs enfants. Simon, 45 ans, est particulièrement inquiet de l’échec scolaire de sa fille, Léa, 17 ans. Bien qu’il la trouve intelligente, vive, rigolote et cultivée, il ne peut s’empêcher de se tourmenter à propos de son redoublement. « Je me suis fait renvoyer de trois lycées quand j’avais son âge… Mais j’étais bon élève, et j’ai eu mon bac en travaillant pendant trois mois. Je ne peux pas lui faire confiance au niveau boulot. Je connais ce qu’elle vit, je l’ai vécu avant elle. Je sais aussi qu’il suffit d’un rien pour que les choses deviennent irrémédiables ». À cette angoisse s’ajoute celle, plus légitime, de l’avenir.
Eviter de déclencher le stress, c’est possible
Première option : travailler à la source. Sans jouer les enfants modèles, vous pouvez réfléchir aux sources du stress de vos parents, surtout lorsqu’elles se répètent. A vous de voir si vous pouvez, lorsqu’elles vous semblent justifiées, changer un peu vos habitudes.
Si vous êtes accro à votre smartphone, essayez de réguler votre temps devant les écrans. Idem si c’est votre tenue du samedi soir qui rend votre mère malade. Leur stress peut diminuer automatiquement. Faites le test. Si ce n’est pas le cas, c’est que la cause de leur stress est ailleurs.
Autre façon de limiter l’arrivée du stress à la maison : être attentif à la façon dont vous annoncez une nouvelle ou au moment que vous choisissez pour négocier quelque chose.
Si vous sautez sur eux alors qu’ils arrivent fatigués par leur journée de travail, vous avez 80 % de chances de déclencher chez eux une montée de stress qui mettra quelques heures à redescendre. Apprenez à être attentif à leur confort. Il vaut mieux attendre que vos parents soient détendus, installés confortablement dans un canapé, pour aborder les questions qui vous tiennent à cœur.
Quand ça chauffe, la priorité est de calmer le jeu
Des adolescents utilisent d’autres recettes, comme l’humour. « Quand mes parents vont vraiment trop loin, je me moque d’eux et ça marche, confirme Salomé, 17 ans. Ils s’en rendent compte, ils se sentent un peu stupides… et d’un seul coup, ça les calme ».
Lorsque le stress est là, le plus important est précisément de garder son calme et de reporter à plus tard la résolution du conflit. Il peut être utile de dire : « Je vois qu’on est trop en colère, on ne peut pas discuter, nous en reparlerons quand la situation sera plus calme ».
C’est même la preuve d’une grande maturité. Lorsque le calme revient, la parole peut prendre le relais. Tito utilise alors les moyens de sa génération pour communiquer avec sa mère : « Quand je m’engueule avec ma mère, j’essaie après de calmer le jeu. Je lui envoie un texto. Parfois ça marche »…
Dans tous les cas, exprimer ses émotions après la crise est primordial : « Lorsque tu as dit ça, j’ai ressenti de la peine et de la colère »… Cette formulation est plus constructive que l’attaque, le reproche ou l’agression qui juge l’autre et n’exprime pas ce que vous avez ressenti.
Utile : une meilleure organisation de la vie à la maison
Dernière arme pour diminuer votre stress et celui de vos parents : formuler des demandes plus claires. L’adolescent passe son temps à sauter de son rôle d’enfant à celui d’adulte. C’est normal. Il se construit et, lui aussi, hésite à faire le pas.
Mais ce discours en « stéréo » est un élément de stress pour des parents qui ne savent pas toujours à qui ils répondent, ni ce que veut l’« enfant-adulte » qu’ils ont en face d’eux. Or, le fait d’exprimer plus clairement ses attentes facilite les relations à tout âge !