Lancer un journal au lycée : mode d’emploi
En début d’année, beaucoup de lycéens sont tentés par l’idée de lancer un journal, mais se heurtent à des contraintes qui la laissent trop souvent au point mort. Pour savoir par quoi commencer et ne pas se décourager, quelques conseils pratiques s’imposent.
Le plus simple est de commencer par les objectifs. Évidemment, un journal est fait pour informer. Mais sur quoi ? La vie du lycée, l’actualité de la vie scolaire, les débats éducatifs, le dernier album/livre/spectacle qui vous a plu ? Ou le débat de société ? Ces choix éditoriaux vont vous amener à rubriquer votre journal, et donc à lui donner une structure. Il faudra aussi expliquer ces choix et vos objectifs dans votre premier édito. L’idéal, quels que soient vos choix, est de varier les rubriques afin de toucher le plus grand nombre de lecteurs. Ceux qui ne s’intéressent pas aux débats éducatifs mais qui lisent votre rubrique culture peuvent ensuite être amenés à lire le reste une fois qu’ils ont le canard en main. Et vice-versa. Une fois que vous y verrez plus clair, il sera plus facile de faire un brainstorming destiné à trouver un titre au journal : en effet, celui-ci peut (mais ce n’est pas une obligation) par ses mots, son style, sa formulation, donner un avant-goût de ce que l’on trouvera à l’intérieur. Un conseil : soyez original mais pas hermétique.Tenir sur la durée
Une fois le journal lancé, une des difficultés consiste à maintenir une équipe qui tient sur la durée et permet de respecter une périodicité de publication réaliste. Beaucoup de gens vont s’engager à remettre régulièrement des articles, mais on voit souvent, lorsque l’année avance, que certains cultivent le retard comme un art ou sont incapables d’honorer leurs engagements. C’est là qu’il faut savoir entretenir la flamme et s’habituer à relancer les rédacteurs. Il faut donc faire des réunions fréquentes – mais pas trop pour ne pas lasser. Ici, deux conseils : ne recrutez que les plus motivés, et désignez un rédac’chef charismatique qui saura remotiver sans harceler ! Assurez-vous également que vous aurez toute l’année les ressources financières suffisantes pour publier. Elles conditionneront aussi la qualité du résultat : couleur, grammage du papier, pagination, mode d’assemblage…Écrire pour être lu
Rédiger une information répond à des règles simples mais impératives qui se résument à s’assurer que vous avez répondu à des questions essentielles : qui ? quoi ? comment ? où ? pourquoi ? combien ? Dans un article informatif, il faut répondre à ces questions afin d’apporter quelque chose au lecteur. Dans une chronique ou un billet d’humeur, c’est évidemment autre chose, puisque on est davantage dans l’analyse que dans le compte-rendu ou l’investigation. Quoiqu’il en soit, le premier commandement du journaliste est simple : on écrit pour être lu. On n’écrit pas pour se faire plaisir, mais pour que le lecteur s’intéresse et apprenne quelque chose. Parmi les « outils » pour l’accrocher et lui donner envie de lire, il y a le titre bien sûr, mais aussi le « chapô » (petit texte entre le titre et le début de l’article) et les intertitres, glissés dans le texte pour aérer sa mise en page et livrer des mots-clé qui attirent l’attention quand on feuillette les pages.Les pièges classiques à éviter
- mettre du gras et du souligné partout en alternant les polices de caractères (une suffit, deux max.),
- choisir une police de caractère trop basique ou trop originale, inconfortable à la lecture,
- faire des textes trop longs que l’on est obligé de rentrer en caractères trop petits qui ne donnent pas envie de lire,
- faire trop de colonnes ou pas assez dans la mise en page. En format A4, comptez deux à quatre colonnes selon la taille de la police,
- régler des comptes avec des profs, même sans les citer (ils se reconnaissent toujours),
- faire de son journal une tribune politique,
- ne pas faire relire ses textes par d’autres personnes pour corriger les fautes.
Tout ces choix sont aussi conditionnés par la largeur de votre lectorat : si vous souhaitez être lus pas les élèves mais aussi par les profs, vous devez en tenir compte (choix des mots, tournure de phrase, sujets abordés…).
Enfin, si vous vous lancez, n’oubliez pas de nous envoyer un exemplaire de votre prose, ça nous intéresse !
Fabien Cluzel