Mais à quoi servent donc les maths ?!?
Abstraites, difficiles, ennuyeuses… Les maths ont souvent droit à tous les qualificatifs. Pour une minorité en revanche, elles sont synonyme de facilité, voire de jeu de logique. Quoiqu'il en soit, il y a des métiers et des fonctions qui peuvent difficilement s'en passer.
« Les maths ne servent à rien dans ma vie de tous les jours. Pas besoin de comprendre les intégrales pour ne pas se faire avoir quand on me rend la monnaie, ou pour me rendre compte que mon opérateur essaie de me facturer un max ». Ce lycéen de seconde qui s’est confié à nous n'a pas tout à fait tort. Mais c'est parce qu'il ne sait peut-être pas encore ce qu'il va faire plus tard qu'il parle comme ça.
Indispensables aux ingénieurs
Certes, bien que les maths soient partout, car elles sont indispensables à l'ingénieur qui conçoit votre portable, la télécommande de la télé-quicommande ou le PC, on n'a pas forcément besoin de les maîtriser pour se servir de ces outils.
En revanche, avoir des notions (ou plus si affinités) peut s'avérer indispensable pour votre avenir : « La science s'est beaucoup développée et le moindre sujet qu'il faut étudier en biologie et en physique est impossible à appréhender si on n'a pas un bagage consistant en maths », nous explique Pascale, professeure dans un lycée de Montauban (82)
Et pas seulement en bio ou en physique : la gestion financière, la programmation informatique, la cryptologie (sécurisation des données), l'énergie, les télécommunications, la santé, les statistiques, les assurances, sans oublier… les logiciels de jeux vidéos, ne sont que quelques exemples de secteurs où une bonne formation en maths est nécessaire.
D'ailleurs, un tiers des diplômés en maths se tournent vers le secteur industriel. Mais attention : ce ne sont pas des maths fondamentales qu'ils ont étudiées, mais des maths appliquées, dans le cadre de cursus professionnalisés. Sinon, les débouchés sont plus rares et très sélectifs, comme en recherche fondamentale, dans laquelle d'ailleurs la France est particulièrement brillante, mais qui est réservée à une élite !
Un enseignement trop théorique ?
En revanche, c'est peut-être la manière dont les maths sont enseignées qui peut faire l'objet de critiques. « Il y a très peu de domaines où les mathématiques, telles qu'elles sont enseignées aujourd'hui, interviennent réellement », estime ainsi Bernard B., ancien, PDG d'une société de calcul mathématique. « Il faudrait savoir en expliquer davantage la finalité, dans l'enseignement secondaire comme à l'université. Je suis le premier à regretter la sélection non par les mathématiques, mais par les mathématiques abstraites et académiques : on juge trop les élèves sur la capacité à absorber le formalisme mathématique, qui est très éloigné des préoccupations des ingénieurs. Une des conséquences, c'est que je vois arriver des jeunes avec des diplômes scientifiques prestigieux, mais qui sont incapables de s'adresser correctement à un client parce que leur mode d'expression est trop pauvre ou pas adapté ».
Une remise en question de la manière d'enseigner serait donc nécessaire ? Peut-être, d'autant que la tradition française en la matière se caractérise justement par son formalisme, notamment depuis le courant du « bourbakisme » (demandez à votre prof ce que c'est ! Les maths aussi ont une histoire…). Faut-il pour autant bouder les maths ? A vous de voir !
F.C.
La France talonne les « States »
Il n'existe pas de prix Nobel de maths : son équivalent, décerné seulement tous les quatre ans, est la médaille Fields. Depuis sa création, elle a récompensé 13 fois des mathématiciens américains, mais les « frenchies » arrivent en deuxième position avec 10 médailles !
L’univers : de plus en plus de maths
La compréhension de l'univers fait plus que jamais appel aux mathématiques. Autant le modèle standard du « Big Bang » pouvait se comprendre et s'expliquer aux néophytes sans recourir aux mathématiques, autant la nouvelle théorie dite des cordes, avec sa dizaine de dimensions, est impénétrable sans bagage mathématique. On peut craindre que le fossé entre les astrophysiciens et le grand public se creuse, à moins que les premiers parviennent toujours à vulgariser la discipline malgré sa complexification.
Quand les maths rencontrent la SF
Ingénieur, philosophe et touche-à-tout, le Polonais Alfred Korzybski a développé dans les années 20 un système de pensée remettant en cause la logique d'Aristote selon laquelle, pour faire simple, une chose ne peut pas être une chose et une autre, elle est A ou non-A. C'est ce système, qualifié de non-aristotélicien, qui inspira l'auteur de science-fiction A.E. van Vogt pour écrire sa trilogie « Le monde du non-A » (traduit par Boris Vian, s'il vous plaît !), « Les Joueurs du non-A » et « La Fin du non-A » (J'ai Lu).