Laclos, Les Liaisons dangereuses
Repères biographiques
Pierre Choderlos de Laclos naît à Amiens en 1741. À 19 ans, il rejoint l’armée française en tant que sous-lieutenant et participe alors à plusieurs campagnes militaires, notamment en Italie et en Allemagne. En 1779, il est envoyé à l’île d’Aix pour superviser la construction du port. C’est là qu’il commence la rédaction des Liaisons dangereuses, roman publié en 1782 qui dépeint la vie amoureuse et les manigances de la haute société française de l’époque pré-révolutionnaire.
L’œuvre en contexte
Les Liaisons dangereuses est publié en pleine période pré-révolutionnaire en France, période caractérisée par une grande instabilité politique et sociale. C’est un roman épistolaire, un genre littéraire qui consiste en la publication de correspondances fictives sous forme de lettres écrites par des personnages de fiction. Au XVIIIe siècle, le roman épistolaire est un genre littéraire privilégié. Goethe s’est par exemple prêté à l’exercice dans Les Souffrances du jeune Werther, Montesquieu avec Les Lettres Persanes ou encore Rousseau avec La Nouvelle Héloïse.
Si le roman épistolaire peut comporter des facilités au regard des techniques de narration et d’exposition, il représente en revanche un challenge en ce qui concerne l’organisation des rapports entre intrigue et psychologie. Là où Laclos excelle, c’est dans sa capacité à intégrer dans un cadre unifié la diversité des correspondances, la pluralité des actions et des intérêts particuliers de tous les personnages.
“J’étais en garnison à l’île de Ré, et après avoir écrit quelques élégies de morts qui n’en entendront rien, quelques épîtres en vers, dont la plupart ne seront jamais imprimées, très heureusement pour la public et pour moi, étudié un métier qui ne devait me mener à aucun grand avancement ni à une grande considération, je résolus de faire un ouvrage qui sortît de la route ordinaire, qui fît du bruit, et qui retentît encore sur la terre quand j’y aurais passé”. – Laclos.
La rédaction des Liaisons dangereuses intervient en plein Siècle des Lumières, une période caractérisée par une grande diversité de genres et de thèmes qui voit émerger de grands auteurs et apparaître de nouvelles formes littéraires. Dans son ensemble, la littérature française du XVIIIe siècle est caractérisée par une grande liberté d’expression et de pensée.
L’œuvre
Les Liaisons dangereuses est un roman épistolaire et donc structuré sous la forme d’une correspondance entre les différents personnages. Le lecteur y suit les aventures amoureuses et les manigances du Vicomte de Valmont et de la Marquise de Merteuil. Valmont, séducteur avéré, a pour objectif de séduire Madame de Tourvel, une femme connue pour sa vertue. Merteuil, de son côté, cherche à se venger de son ancien amant, le comte de Gercourt. Celui-ci doit épouser la jeune Cécile, récemment sortie du couvent. Merteuil charge donc Valmont de pervertir celle-ci avant ses noces.
Pour arriver à leurs fins, Merteuil et Valmont usent de leurs charmes et de leur intelligence, au détriment des autres personnages, pour qui ces différents complots ont des conséquences parfois désastreuses. Madame de Tourvel par exemple (qui est mariée, soit dit en passant), tombe amoureuse de Valmont, ce qui a pour conséquence de détruire sa réputation quand il la quitte.
Les Liaisons dangereuses est un roman célèbre pour son portrait cynique de la haute société de l’époque pré-révolutionnaire. Il met en lumière les vices et les défauts de la société aristocratique et suggère que les relations amoureuses sont basées sur l’intérêt et la manipulation, plutôt que sur l’amour véritable.
Les Liaisons dangereuses est certes un roman de mœurs, mais c’est aussi un roman d’analyse psychologique dans lequel entrent en conflit et coexistent plusieurs conceptions de l’amour : l’amour courtois, l’amour passion ou encore le libertinage.
Les Liaisons dangereuses sont publiées en 1782 chez le libraire Durand neveu en quatre volumes et sont un succès. La première édition, tirée à 2 000, s’épuise rapidement. Preuve de son succès, plusieurs contrefaçons de l’ouvrage voient rapidement le jour.
Les citations
“[…] rien ne m’amuse comme un désespoir amoureux. Il m’appellerait perfide, et ce mot de perfide m’a toujours fait plaisir ; c’est, après celui de cruelle, le plus doux à l’oreille d’une femme.” Lettre V, la Marquise de Merteuil
“Née pour venger mon sexe et maîtriser le vôtre.” Lettre LVXXXI, Marquise de Merteuil