Les Misérables, Victor Hugo
Régulièrement, Vivre au Lycée vous présente des classiques de la littérature francophone afin de développer votre culture littéraire et de renforcer vos bases en vue des épreuves de français. Aujourd’hui, nous découvrons Les Misérables de Victor Hugo, classique incontesté et incontestable de la littérature française.
Repères bibliographiques
Victor Hugo (1802-1885) est un écrivain, dramaturge, poète, essayiste, romancier et homme politique français du 19ème siècle. Il est encore aujourd’hui considéré comme l’un des écrivains les plus importants dans l’histoire de la littérature française. S’il est connu pour ses écrits, son engagement politique a également participé à faire sa renommée, de par sa lutte contre l’injustice et l’oppression, thématiques qui se retrouvent très souvent évoquées dans son Œuvre.
Hugo est plongé très jeune dans la littérature. Il participe à de nombreux concours et publie son premier recueil de poèmes Odes et Ballades lorsqu’il a 19 ans. Un an plus tard, il épouse Adèle Foucher, son amour d’enfance, avec qui il aura cinq enfants. Très vite, le jeune couple s’habitue à recevoir de nombreuses personnalités de l’époque comme Delacroix, Musset, Mérimée ou encore Lamartine.
A partir des années 1840, il commence à prendre part activement à la vie politique française. Affichant son hostilité envers Napoléon III, il sera expulsé de France en 1852, au même titre que l’ensemble des anciens représentants de l’Assemblée nationale. S’il bénéficie d’une amnistie en 1859, il décide pour autant de rester exilé jusqu’en 1870. C’est durant cette période d’exil qu’il rédige Les Misérables ainsi qu’une grande partie de son Œuvre.
En 1870, au moment de la proclamation de la République, il revient en France où il est bien accueilli. « Citoyens, j’avais dit : le jour où la République rentrera, je rentrerai. Me voici ! », déclare-t-il. Un an après, il est élu député, puis sénateur en 1876. Il meurt en 1885 des suites d’une congestion pulmonaire.
L’œuvre en contexte
Victor Hugo vit à une période marquée par d’importants bouleversements politiques et sociaux (Révolution française, chute de Napoléon Bonaparte, Restauration de la monarchie, Révolution de 1830, Révolution de 1848), ce qui marque et traverse son Œuvre, au même titre que l’ensemble de la littérature du 19ème siècle.
Du côté littéraire spécifiquement, le début du 19ème siècle marque l’émergence du mouvement romantique en France, mouvement caractérisé par un intérêt pour l’émotion, l’individualité et la nature. Des thèmes comme la nostalgie, la mélancolie, l’exotisme ou encore l’amour de la nature sont courants chez les écrivains romantiques. Parmi les plus célèbres auteurs et poètes romantiques, vous connaissez certainement Sand (La Mare au diable), Lamartine (Méditations poétiques), Musset (On ne badine pas avec l’amour) ou encore Chateaubriand (Atala).
Un très bon exemple, chez Hugo, de ce à quoi peut ressembler un poème romantique est le très célèbre Demain dès l’aube, dans lequel il évoque son deuil et sa douleur suite au décès de sa fille, Léopoldine. La tonalité pathétique, la mélancolie et le lyrisme s’inscrivent parfaitement dans la tradition romantique. Pour le plaisir, on vous laisse (re)découvrir la première strophe…
« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
[…] »
L’émergence de ce nouveau mouvement littéraire est bien sûr très liée aux contextes politiques et sociaux puisque les écrivains romantiques cherchent à remettre en question les traditions et les conventions de l’époque, tout en étant influencés par des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité. Dans l’ensemble, les écrivains romantiques se sont interrogés sur l’essence même de l’être humain, ont cherché à se confronter à l’expérience humaine et à explorer les émotions et les sentiments humains.
L’œuvre
Victor Hugo rédige Les Misérables durant son exil. Son intrigue prend place en France au 19ème siècle et invite le lecteur à suivre le destin de plusieurs personnages qui traversent le temps et les difficultés de la vie. Parmi ces personnages, on retrouve le célèbre Jean Valjean, dont le roman suit toute la vie.
Libéré après dix-neuf ans de bagne (lieu où l’on purgeait les peines de travaux forcés) auquel il avait été condamné pour avoir volé du pain (pour nourrir sa famille), Jean Valjean se retrouve confronté à la dureté du monde extérieur, où personne n’accepte de lui donner sa chance, en raison de sa condition d’ancien bagnard. Personne, à part l’évêque Myriel qui fait preuve d’une bonté sans égale à son égard. Cela marque un tournant dans la vie de Jean Valjean, qui décide de se consacrer au bien.
Devenu un industriel prospère quelques années plus tard, il est désormais connu sous le nom de Monsieur Madeleine et devient maire de sa commune, où tout le monde est admiratif de sa générosité envers ses employés et son peuple. En suivant son histoire, le lecteur découvre d’autres parcours de vie intriqués, comme celui de Fantine et de sa fille Cosette, que Jean Valjean finira par éduquer comme sa fille.
Le roman, divisé en cinq parties, aborde diverses thématiques. Hugo y traite en effet de la lutte pour la justice et la rédemption, à travers le personnage de Jean Valjean et des difficultés auxquelles il est soumis pour reconstruire sa vie. Il évoque aussi la pauvreté et l’injustice sociale, à travers les portraits de ces personnages « misérables », dont il fait des héros. L’amour et la compassion traversent également l’œuvre. Grâce à ses personnages, Hugo souligne l’importance d’aimer et d’aider ceux qui nous entourent et à quel point la façon dont les gens sont traités par les autres affecte leur destinée. Bien sûr, puisqu’il s’inscrit dans le mouvement romantique, le roman traite également de la nature humaine dont il explore les différents aspects : cruauté, bonté, jalousie, colère, compassion, etc.
Les citations
« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »
Préface du roman Les Misérables, Victor Hugo
« Vous qui souffrez parce que vous aimez, aimez plus encore : mourir d’amour, c’est en vivre. »
Les Misérables, Victor Hugo